Façade

privé Mu'Awiya

Naifu, depuis trois mois, gardait la tête haute et avec ça l'idée qu'il avait fait le bon choix. Le destin lui avait pourtant laissé la chance plusieurs fois de réagir et de changer de plan, mais il semblait que Naifu ait foi en quelque chose chez Mu'Awiya, ce qu'il avait appris de ses pauvres années de vie c'était que les tyrans étaient suffisamment zélé pour suivre et anéantir chaque individus qui leurs aurait fait défaut et ce jusqu'au bout du monde. Le choix avait alors été une évidence; Il valait mieux ne pas avoir un fou pour ennemi, Naifu était de ceux qui aimaient garder au plus près d'eux ce qui les menaçait pour savoir à quoi s'attendre et surtout quand s'y attendre. Toute son enfance il l'avait passé à ignorer ses ennemis pour finalement se retrouver surpris par leur attaque.

Il n'avait pas réclamé d'audience au tyran, mais ces quelques semaines avaient permis à Naifu de comprendre ce qui mettait celui-ci de bonne humeur. Malheureusement, ces derniers temps s'imposer à Mu'Awiya c'était comme se jeter à corps perdu dans la cage au fauve.

- Mon seigneur? C'était ainsi que l'on s'adressait aux chefs et aux rois à Mgakundu. Le jeune lion s'était approché avec méfiance mais cependant avec le pas gracile; Il avait l'air si léger malgré ce manque d'harmonie d'adolescent. Puis-je venir vous tenir compagnie?

« Mon seigneur ? » Dans le noir, une voix résonna. « Puis-je venir vous tenir compagnie ? » Mu'Awiya ouvrit les yeux. Il posa ses prunelles rouges sur le lion qui osait troubler son sommeil et s'il cru voir en tout premier lieu une femelle inconnue, il reconnu bien vite Naifu et son habituelle stature de presque-mâle. Il fronça légèrement les sourcils alors qu'il était étalé sur le flanc, au milieu de la poussière. Il montra les crocs alors qu'il forçait sur son corps courbaturé pour se lever, conscient de sa propre faiblesse.
Il ne voulait rien en montrer à l'adolescent - ni à quiconque - et il ne s'en plaint pas, s’asseyant bien vite alors que sa gorge lui semblait pâteuse.

« Bonjour à toi, petit Naifu... » Commença-t-il avant de s'interrompre tout seul, baillant à s'en décrocher la mâchoire, exhibant ses crocs mais aussi son haleine maladive. « J'apprécie ton offre, ces derniers temps je ne suis pas contre une présence amicale... » Après tout, le lion roux avait été témoin de la tratrise de sa meilleure amie, il aurait put choisir de s'en aller également mais il était resté. Si cela lui semblait normal venant des Msafaras d'origine - qui avaient une raison de le suivre - il en fut grandement surpris venant d'un jeune qu'il ne connaissait que depuis trois mois.

« Es-tu venus pour une demande précise ou viens-tu seulement prendre des nouvelles de ton Roi ? » S'appeler ainsi était risqué, mais il n'y avait qu'eux et il pensait connaître le fluet adolescent : il le voyait dors et déjà comme tel.

Honnêtement, l'état de Mu'Awiya aux yeux de Naifu n'augurait rien de bon. Voilà qu'il finis par regretter sa décision d'être resté. S'il était encore impressionnant, tout félin doté d'un odorat et de l'instinct de survie se serait douté que Mu'Awiya était en train de tomber en lambeaux. Le jeune mâle s'était approché, encore méfiant cela dit, car il ne voulait pas non plus attrapé ce mal qui rongeait son Roi, puisse t-il être transmissible.

- Es-tu venus pour une demande précise ou viens-tu seulement prendre des nouvelles de ton Roi ?
- Prendre des nouvelles, avant tout. Et il n'avait à vrai dire rien d'autre à demander que des questions malpoli qui ne ferait que soulever l'état -bientôt- déplorable du Monarque. La vie avait été pour Naifu une excellente professeure, il avait appris notamment qu'on flattait l'égo d'un Roi et que jamais on ne lui faisait remarquer l'ombre qui le recouvrait.
Le jeune mâle s'était assis à distance respectueuse; On n'entrait pas dans l'espace d'un haut dignitaire de la sorte, il s'était déjà bien suffisamment imposé. La queue ramené contre ses pattes et le port droit, comme une statue de marbre décorant le palais d'un dieu; Ce dieu même qui ne brillait plus depuis quelques jours. Naifu était resté dans l'ombre pour ne pas faire perdre au Roi de son éclat en sa présence, il s'effaçait de la vue de tous comme il savait si bien le faire.

- Il ne reste plus maintenant que ceux qui souhaitent réellement survivre et réclamer la protection d'un véritable dirigeant. Avait flatté le gamin dont la langue n'était pas encore assez affuté pour plus subtilité. Nous attendons tous avec impatience vos prochaine directives concernant notre périple. Le jeune avait poliment baissé la tête, il n'était pas une menace, juste un émissaire qui au nom des autres cherchait où la Lumière les guiderait.

« Prendre des nouvelles, avant tout. » Mentait-il ? Certainement oui. Mu'Awiya n'était pas assez fou pour se croire sincèrement aimé, mais la loyauté de ce dernier n'était plus à prouver alors il se s'en formalisa pas et laissa ses pensées de côté.

Il s'était assit à une distance raisonnable, le jeune rouquin et il se tint droit. Le Roi d'une conversation posa les yeux sur lui, l'observant un instant. Il ne pouvait nié l'élégance du garçon, Naifu était en pleine croissance et avait un corps plus qu'efféminé, mais il savait se tenir et il savait parler. Mu'Awiya sentit une soudaine vague de curiosité à son égard qu'il préféra taire pour l'instant.

« Il ne reste plus maintenant que ceux qui souhaitent réellement survivre et réclamer la protection d'un véritable dirigeant. Nous attendons tous avec impatience vos prochaine directives concernant notre périple.
- Et je les donnerais, Naifu, je les donnerais, dès que tous nos membres seront en capacité de nous suivre. » Parlait-il de lui ? Certainement, mais jamais il ne l'aurait fait directement. Comment pouvait-il demander à son clan de migrer tandis qu'il était lui-même incapable de se déplacer ? Il serait un poids mort vite oublier. Pour sa propre survie, il devait rester ici.

« Milo a aussi été touché par mon mal et tant que nous ne trouverons pas de remède, nous seront forcé de rester ici. Le pauvre lion serait trop faible pour supporter un tel périple... Mais ne crains rien, Naifu. Dès que santé sera recouvrée, nous continuerons d'avancer le long de la rivière. » Il hocha pensivement la tête, acquiesçant ses propres paroles tout en méditant celles de son interlocuteur.

Soudain, il se leva. Peut-être fut-il un peu trop brutal pour son corps qui manqua de retomber comme une masse, mais il tint bon et s'approcha de l'adolescent. Fier, il bomba le torse, redressa la tête, comme prit d'un soudain coup de folie.

« Dis moi, Naifu, petit Naifu, brave Naifu... Vois-tu ici d'autre mal qui me ronge que celui d'un cœur brisé ? »

- Milo a aussi été touché par mon mal et tant que nous ne trouverons pas de remède, nous seront forcé de rester ici. Le pauvre lion serait trop faible pour supporter un tel périple... Mais ne crains rien, Naifu. Dès que santé sera recouvrée, nous continuerons d'avancer le long de la rivière. Au plus Mu'Awiya se justifiait de ce retard au plus Naifu comprenait que ce mal qui s'en était pris au Monarque et à Milo allait les détruire et les mener à la mort. Lorsque l'on voulait survivre on abandonnait les faibles à l'arrière, comme il l'avait fait avec Nsiese: Sans ça il aurait fini mort comme elle devait surement l'être. Le jeune mâle roux avait hoché la tête dans le calme mais rapidement l'empressement de son Roi à se relever et se rapprocher de lui l'avait poussé à se reculer d'avantage, se faire encore plus petit qu'il n'était.

- Dis moi, Naifu, petit Naifu, brave Naifu... Vois-tu ici d'autre mal qui me ronge que celui d'un cœur brisé? À quelle réponse s'attendait-il? Naifu ne savait quoi dire et avait balbutié quelques instants, fuyant le regard du grand brun imposant avant de se reprendre enfin.

- Je.. Un coeur brisé? Lui n'avait pas vu le coeur brisé, il avait senti la maladie et Mu'Awiya le lui avait confirmé en affirmait qu'il partageait la même que Milo. Mais ce coeur brisé dont il parlait, Naifu était incapable de le comprendre. Ainsi il avait tout d'abord reporté la réponse à la question de Mu'Awiya, bien trop troublé par cette histoire de coeur brisé. Il avait fini par s'exprimer; Je vois bien que Milo et vous, mon Roi, semblez partager les mêmes maux. Et je crois d'ailleurs me souvenir de quelque chose que Thulrur et Ienzo avait avec eux... Il avait eu l'air songeur, se remémorant bribe par bribe ce qui s'était passé.

- Mais ce coeur brisé dont vous parler... Ça n'y fera rien. Avait-il conclu.

« Je.. Un coeur brisé ? » Répondit l'enfant, reculant du même coup en voyant son Roi s'approcher. Mu'Awiya le fixait, il savait qu'il ne comprenait pas. C'était évident, même. Après tout, il n'était qu'un gamin ! Une mauviette incapable de comprendre l'amour. Du moins, pour l'instant. Il lui fallait grandir, d'abord.

« Je vois bien que Milo et vous, mon Roi, semblez partager les mêmes maux. Et je crois d'ailleurs me souvenir de quelque chose que Thulrur et Ienzo avait avec eux... Mais ce coeur brisé dont vous parler... Ça n'y fera rien. » Il hocha pensivement la tête, se détournant du jeune rouquin pour passer à côté de lui avec lenteur. Son esprit embrumé par la fatigue était frustrant, il ne parvenait pas à réfléchir correctement et si d'ordinaire ses pensées lui semblaient fluides, claires et rapides, elles n'étaient plus que de vieux oiseaux sans ailes, à présent. Pourtant, alors qu'il passa derrière l'enfant, il parla soudainement sur un ton grave :

« Ienzo, Thulrur... Je n'aime pas ces noms. Ne les prononce plus, maintenant. Ils ne sont que des traîtres et les traîtres n'ont pas d'identités si ce n'est celle de futurs morts. » Il se retourna une nouvelle fois, toujours dans le dos de Naifu et détaillant chacun de ses mouvements dans une abominable lenteur, il s'approcha de lui. Il se glissa tout près de son dos, comme s'il n'avait pas conscience de sa présence ou de son espace vital, du moins.
Il approcha son museau de son oreille, redoublant d'effort pour rester concentré. A cette maigre distance, l'adolescent devait sentir son haleine, elle empestait la mort.

« Qu'avaient-ils avec eux, dis moi, petit Naifu ? Qu'as-tu vu ? » Il fixait droit devant lui, le regard délirant et pourtant si concentré. « Dis moi... Dis moi tout. A moins que tu ne sois un traître, toi aussi ? »

- Ienzo, Thulrur... Je n'aime pas ces noms. Ne les prononce plus, maintenant. Ils ne sont que des traîtres et les traîtres n'ont pas d'identités si ce n'est celle de futurs morts. Bien évidemment, à quelle autre réponse aurait pu s'attendre Naifu. Le jeune lion avait penné à rester de marbre mais il n'était toutefois pas surpris du voeu de Mu'Awiya de les voir mort. Sans crier garde, le Roi était venu se coller à Naifu qui était resté immobile: Il avait déjà connu cette proximité et il n'avait pas aimé ce contact - contrairement à son assaillant de l'époque - mais ce jour-là il avait réalisé quelque chose, le jeune Naifu, quelque chose qui - il l'avait su - allait lui être utile.

La chaleur que dégageait le corps de Mu'Awiya semblait doucement s'éteindre, elle n'avait rien de ce qu'émettait un corps jeune et en bonne santé.

- Qu'avaient-ils avec eux, dis moi, petit Naifu ? Qu'as-tu vu ? Dis moi... Dis moi tout. A moins que tu ne sois un traître, toi aussi ? Il était mort. Il la trimballait avec lui du moins, au plus profond de ses entrailles. Mu'Awiya était fini. Avec lenteur, le jeune mâle avait redressé la tête en direction de son interlocuteur, elle s'était mécaniquement enfouie dans la crinière de l'adulte puisque la proximité des deux mâles n'autorisait rien d'autre.

- Non. Je ne suis pas un traitre. Avait affirmé le petit Naifu, les sourcils froncé, refusant d'être catalogué comme tel. Quand Ienzo et Thulrur sont revenu la première fois ils avaient avec eux une carcasse... Et le mensonge commença à se tisser; Naifu avait changé d'avis, il ne parlerait finalement pas à Mu'Awiya de l'onguent qu'ils avaient avec eux pour soigner la plaie de Theluji. Si quelqu'un leur avait confier une telle chose et bien cette personne aurait peut-être également été capable de soigner le Roi. C'est comme ça qu'ils ont convaincu Theluji et Nihahsah de les suivre. Mais ce n'était pas tout; Le rouquin voyait dans le regard de braise de Mu'Awiya qu'il se battait pour garder le contrôle de ce corps qui l'abandonnait.

- Ils ont expliqué d'où ça venait et où ils allaient. Avait fini par avouer le jeune lion. Là bas, il y a de l'eau, il y a manger et surtout il y a les traitres.

« Non. Je ne suis pas un traître. Quand Ienzo et Thulrur sont revenu la première fois ils avaient avec eux une carcasse... » Le jeune lion gardait sa haute stature et, même le visage enfouit dans la crinière de l'imposante silhouette de Mu'Awiya, il parlait distinctement, semblant imperturbable. Le Roi l'appréciait d'avantage de secondes en secondes. « C'est comme ça qu'ils ont convaincu Theluji et Nihahsah de les suivre. Ils ont expliqué d'où ça venait et où ils allaient. Là bas, il y a de l'eau, il y a manger et surtout il y a les traîtres. » Il pensait certainement que ce dernier mot embraserait Mu'Awiya et il avait raison, mais, malheureusement pour lui, ce ne fut pas par désir de vengeance qu'il gronda. Brutal, il repoussa d'un violent coup d'épaule le rouquin, le malmenant sans même y penser alors qu'il avança, s'éloigna de quelque pas.

Il sentait la vie l'abandonner et Naifu ne lui parlait que de vengeance ! Il aimerait, oui, pouvoir les trouver, pouvoir tuer Thulrur, Theluji, Ienzo, pouvoir soumettre Nihahsah et faire regretter son choix à Cerys. Oui, il aurait aimé en avoir la force. Mais il devait s'avouer vaincu, éreinté. Il lui fallait trouver un remède, vite. Plus vite.

« Je me vengerais, sois en assuré ! Mais tu ne m'es d'aucune utilité si tu ne sais pas quelles sont mes priorités ! » S'écria-t-il d'une voix grave, enragé, colérique. Sa queue battait de droite à gauche et son oreille droite s’agitait. Il luttait pour contenir son trouble, la vague de violence qui tapait sans cesse contre ses parois. Il se savait capable du pire et Naifu lui était assez utile pour qu'il ne se laisse pas dominé par ses instincts. Pas encore.


et puis, lentement, il tourna la tête vers lui sans pour autant le regarder. Presque honteux d'être ainsi alléché par les paroles de l'enfant, il osa demandé sur un ton soudainement bien trop calme :

« J'espère pour toi que tu réussiras à me dire où ils sont partis, Naifu. » Son visage devint peu à peu inexpressif, froid. « Si tu me détourne des Msafaras pour des chimères, tu ne seras guère plus qu'un ennemi... Et tu n'aimerais pas savoir comment je traite mes ennemis. Alors, un conseil : Ne fais pas attendre Mu'Awiya. Trouve les. »

- Je me vengerais, sois en assuré ! Mais tu ne m'es d'aucune utilité si tu ne sais pas quelles sont mes priorités ! Bien trop naïf, Naifu avait cru s'être joué de Mu'Awiya tout ce temps mais bien rapidement le grand mâle lui avait rappeler sa place et surtout de quoi il était capable. Le rouquin avait valdingué plus loin lorsque son Roi l'avait envoyé paître d'un coup d'épaule.
Le petit jeune s'était redressé les sourcils froncés, son regard cependant ne renvoyait rien d'autre que sa fragilité juvénile. Allait-il pleurer comme un gamin? S'était-il trompé en se croyant capable de jouer dans la cours des grands? Naifu n'était rien de tout ça; On lui avait déjà envoyé en pleine face la violence de la vie ou du moins le croyait-il lorsqu'il était tombé de son piédestal.

- J'espère pour toi que tu réussiras à me dire où ils sont partis, Naifu. Si tu me détourne des Msafaras pour des chimères, tu ne seras guère plus qu'un ennemi... Et tu n'aimerais pas savoir comment je traite mes ennemis. Alors, un conseil : Ne fais pas attendre Mu'Awiya. Trouve les. Le jeune lion s'était redressé et n'avait pas manqué de graver dans un coin de sa tête les paroles de Mu'Awiya. Rapidement, il s'était remis à arborer le visage d'ange qu'il portait si bien, du jeune lion qu'il était.

- Je le ferai. Affirmait le petit rouquin avant d'emprunter la porte de sortie de cette conversation qui - il le sentait - allait devenir bien trop dangereuse pour lui. Je sais bien que rien ne détournerait notre Roi de son devoir, pas même la maladie d'un de ses sujets... Je vous fais confiance, mon seigneur Mu'Awiya, je sais que vous savez prendre les bonnes décisions face à la faiblesse et que vous ne nous laisseriez jamais tout un clan souffrir pour un pauvre diable. Avait-il finalement fait passer le mot. Si Milo était si mal en point et gênant tant la progression de tous pourquoi ne pas le laisser derrière? Il était après tout le seul à bloquer le clan, n'est-ce pas?

« Je le ferai. » Bien, parfait. Mu'Awiya n'en attendait pas moins - de toute évidence, Naifu n'était pas assez fou pour oser refuser quoi que ce soit au tigre à crinière, ce dernier ne l'aurait certainement pas bien prit.
Le mâle pensait que le jeune adolescent s'en irait sans mot dire, qu'il aurait compris la leçon qu'il tentait de lui enseignait. Mais non, ce dernier ouvrit encore une fois la gueule :

« Je sais bien que rien ne détournerait notre Roi de son devoir, pas même la maladie d'un de ses sujets... Je vous fais confiance, mon seigneur Mu'Awiya, je sais que vous savez prendre les bonnes décisions face à la faiblesse et que vous ne nous laisseriez jamais tout un clan souffrir pour un pauvre diable. » Mu'Awiya ne put s'empêcher de grimacer car il compris que dans les paroles de Naifu, il n'y avait pas simplement de l'innocence et de la naïveté. Il comprenait sans mal où il voulait en venir et n'était pas aveugle au point de penser que personne ne voyait son état. S'il parlait de Milo, Mu'Awiya se sentit viser et un grondement sourd s'échappa de sa gorge.

Oui, il savait comment réagir face à la faiblesse, il savait laisser derrière ceux qui étaient des poids morts. Mais il ne pouvait se résoudre à s'abandonner, son heure n'était pas venue et il n'était pas prêt à mourir.
S'il maudit intérieurement l'impertinent, l'attaquer aurait prouver la réalité de sa maladie. Alors, il se contenta de paroles concises, tranchantes et froides :

« Va, Naifu, tu ignores tout de la souffrance. »

Il était le seul à la connaître lui. Il avait tant souffert de son exil, de la mort de sa famille, de la vision que son père avait de lui.
Il avait tant souffert de la trahison de celle qui hantait son esprit sans qu'il ne puisse savoir pourquoi - elle ne le harcelait pourtant pas avant son départ.
Non, Naifu ne pourrait jamais comprendre ça, il n'était qu'un gosse, qu'un enfant qui ne comprenait rien à rien. Il était malin, il savait embrouiller les esprits avec des mots mais Mu'Awiya se savait plus fort. Il se savait supérieur.

- Va, Naifu, tu ignores tout de la souffrance. Le jeune avait hoché la tête et s'était retiré à la vue de Mu'Awiya. Et lui, que savait-il de la vrai souffrance?

FIN