Forum RP évolutif suivant de près l'aventure du clan de lions Msafara dans un nouveau monde qu'il lui reste à découvrir.Personnages dessinés | Le Roi Lion-inspired
 
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Solitude (pv. Nihahsah)
Thulrur
Thulrur
Thulrur
Age : 26
Date d'apparition : 05/02/2020
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Clan : Uamuzi
Thulrur
Sam 25 Avr - 20:21
https://msafara.forumactif.com/t23-thulrur-la-flamme-de-la-monta

C'était indéniable : leur petit campement semblait marquer la transition entre deux environnements bien différents. En allant d'un côté, la forêt se faisait plus verte, plus humide, plus dense, et les arbres plus fins; en allant de l'autre, l'herbe se faisait plus jaunie et les arbres plus gros et plus espacés. C'était vers le côté plus dense que Thulrur s'était aventuré aujourd'hui. Il leur fallait réunir des indices pour permettre à Nihahsah de choisir en toute connaissance de cause la direction à prendre, une fois le jour du départ venu. Bien sûr, ils venaient de s'installer à Kambi, alors Thulrur supposait qu'ils ne repartiraient pas tout de suite – si rien ne venait les en déloger. Mais il n'aimait pas perdre de temps et, comme les autres, il comptait bien apporter sa pierre à l'édifice...

La densité de la forêt garantissait-elle de meilleures proies que là où elle était moins importante ? La verdure garantissait-elle la présence et l'abondance d'eau ? Il n'en était pas sûr; il savait que les arbres abritaient surtout de petits habitants, et que les grands troupeaux de proies préféraient les terrains plus dégagés où ils pouvaient courir librement. Pour autant, il préférait s'assurer de ça avant de se prononcer et d'influencer les autres – mais pour l'instant, à moins de vouloir manger des écureuils, rien ne lui avait donné de quoi infirmer sa théorie.

C'était pour ça qu'il s'était éloigné de Kambi, justement : pour mettre à l'épreuve sa théorie. Essayer de trouver quelque chose. Voir si la forêt allait lui révéler ses secrets. Plus tard, sans doute referait-il la même expérience de l'autre côté, du côté jauni...
Ienzo ne serait pas content de savoir qu'il était parti seul. Mais on ne changeait pas en une nuit, et même pas en trois mois — l'indépendance de Thulrur et son désir de se débrouiller seul sans déranger les autres n'étaient pas nouveaux...

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Nihahsah
Nihahsah
Nihahsah
Age : 26
Date d'apparition : 06/02/2020
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Clan : Uamuzi.
Nihahsah
Jeu 30 Avr - 14:22
Elle avait commencé à déambuler il y a des heures, Nihahsah. Elle avait les yeux mi-clos, les lèvres séparées pour laisser fuir un souffle saccadé, les muscles bandés à l’extrême. Elle avait mal, d’ailleurs. Les courbatures se faisaient de plus en plus sentir au fil de ses pas ; elle savait bien sûr que la douleur venait plutôt de son état de stress avancé que de l’effort engagé. Elle n’avait fait que marcher rapidement pendant quelques heures.

Elle était sur le point de rentrer à Kambi lorsque ses prunelles errèrent sur un tronc. Elle était sûre d’y avoir vu un mouvement dans son champ périphérique. Elle plissa les yeux jusqu’à ce que ses billes brûlent, puis se rapprocha. Ses sens étaient en alerte. Elle chercha la moindre odeur susceptible de lui évoquer des souvenirs ou de réveiller ses instincts les plus primitifs ; mais rien ne la frôla, si ce n’est ces foutus relents de végétation pourrie. Les narines frémissantes, la femelle coucha les oreilles sur le crâne en réduisant encore la distance avec l’arbre centenaire. Quelque chose bougeait sur l’une des branches basses. Elle se hissa sur le bout des pattes arrières pour se retrouver nez-à-nez avec une feuille.

Une feuille, Nihahsah. Sérieusement ? Elle leva les yeux au ciel, excédée par son propre zèle. Sauf que… la feuille en question était la seule qui semblait remuer dans le vent. Un vent qu’il n’y avait pas, en réalité. Elle donna un coup de patte à la chose complètement possédée et eut la surprise de la voir fuir en planant. Les yeux écarquillés, la Rebelle se lança à la poursuite du végétal somme toute très vivant.

Elle le chassait depuis plusieurs minutes déjà quand la créature se posa entre de larges pieds. Toute à sa course, Nihahsah accumula un peu d’élan dans son arrière-train en se penchant en avant, les pupilles dilatées à l’extrême. Elle allait sauter sur ce petit machin. Pas de doute qu’il verrait de quel bois elle se chauffait !
Elle se rattrapa néanmoins en apercevant enfin lesdits pieds entre lesquels le fameux bidule avait décidé de s’arrêter. Elle connaissait bien ces pieds. Oops. Elle se redressa brutalement pour reprendre une attitude plus digne, l’œil effaré. Elle venait vraiment de se donner en spectacle devant un camarade. C’était fâcheux.

— Je chassais ! (Son glapissement était ridicule. Sa voix sonna trop aiguë, ses lèvres tremblaient.) Pas ça, hein, évidemment. Mais je l’ai vu bouger au milieu de feuilles immobiles, j’ai trouvé ça bizarre. Ouais. Je devais être sûre que ça n’était pas dangereux.

Elle trépigna, mal à l’aise. Elle baissa spontanément les yeux vers ses griffes qui labourèrent la terre. Elle se posait toujours une question tout à fait essentielle : est-ce qu’il avait un goût de feuille ? Ou celui d’une bestiole normale ? Enfin, la réalité lui ressauta à la tronche. Elle lança des regards autour d’eux.

— Tu es tout seul ?

www — La créature concernée !
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Thulrur
Thulrur
Thulrur
Age : 26
Date d'apparition : 05/02/2020
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Thulrur
Jeu 30 Avr - 18:08
https://msafara.forumactif.com/t23-thulrur-la-flamme-de-la-monta
Une feuille au milieu de la végétation, c'était bien peu de choses; surtout aux yeux d'un lion comme Thulrur qui cherchait principalement une trace de vie animale. Alors, il ne remarqua pas la feuille venue se poser à ses pattes, et aurait même eu de bonnes chances de l'écraser si un mouvement dans les branchages des arbustes environnant ne l'avait pas pétrifié sur place. Ça sonnait comme la course effrénée d'un prédateur; si les pas en eux-mêmes ne faisaient pas de bruit sur le sol herbu de la forêt, l'impact du poids de l'animal retombant à chaque foulée se faisait nettement entendre.

Les oreilles tournées vers l'avant, les pattes fléchies pour pouvoir réagir au quart de tour, Thulrur se préparait à l'affrontement – parce que la bête fonçait droit sur lui. Il n'avait que quelques secondes pour réfléchir et analyser la situation; quelques secondes pour comprendre, au rythme des foulées, que le coureur devait être félin – et donc, vraisemblablement, un membre de sa propre troupe.

Il se redressa immédiatement – au moment même où Nihahsah émergeait des fourrés juste devant lui. Elle semblait aussi surprise que lui, et il se sentit bête de ne pas avoir reconnu sa course plus tôt. Bête et honteux. Petit, on lui avait appris tout ça : les Zigil vivaient autrefois dans une brume aussi épaisse que celle qui infestait les alentours du Repos. Une brume où on ne pouvait distinguer ses confrères, et où les Zigil progressaient pourtant sans mal aucun. Ils se sentaient – pas avec le nez, mais avec l'âme. Ils savaient, à l'oreille seulement, où se situait chaque membre d'une troupe de chasse. Et c'était leur incroyable union qui leur permettait de survivre dans ces montagnes.

Comment avait-il pu ne pas reconnaître Nihahsah ?!
Bien trop dur avec lui-même, le mâle se maudissait déjà; s'il n'était pas capable de reconnaître ses compagnons les yeux fermés, alors il ne servait à rien ! Mais il fallait se rendre à l'évidence : trois petits mois à survivre ensemble, ce n'était pas assez pour construire le même genre d'union que les Zigil cultivaient depuis des générations. Craignant que Nihahsah ne remarque son écart et sa faute, il chercha quelque chose à dire, n'importe quoi pour se justifier; mais à ce jeu-là, elle fut la plus rapide.

... huh ? Chasser ? Chasser quoi ? Thulrur ne s'était même pas demandé ce qu'elle faisait là – il n'avait aucune raison de surveiller les faits et gestes de ses compagnons, après tout.

Il baissa les yeux sur la feuille à ses pattes quand elle l'indiqua. Oh, jouait-elle ? Était-ce pour ça qu'elle tentait de se justifier ? Il afficha un sourire amusé; il savait combien Nihahsah adorait jouer. Mais à l'écoute du reste de son explication, il se tendit de nouveau. La feuille bougeait toute seule ?

Il sentit un long frisson lui parcourir l'échine. Il posa les yeux sur la feuille, méfiant, et l'enjamba précautionneusement pour passer du côté de la lionne. Là, il se plaça à côté d'elle et la poussa doucement de son épaule pour l'enjoindre de s'éloigner de cette chose.

J'espère bien... répondit-il à sa question dans un murmure. Mais étaient-ils vraiment seuls ? Il leva les yeux vers les feuillages au-dessus d'eux. Il avait l'impression que toute la forêt les observait. Fais attention... Cette forêt est vivante. Il l'avait vu avec Ienzo. Les arbustes frémir et gronder tout seuls. Les branches qui se mouvaient d'elles-mêmes à l'ordre des dieux d'ici. Et si Nihahsah voyait également des feuilles animées de leur propre volonté, alors ils devaient se faire une raison : l'influence de l'Entité Cornue s'étendait jusqu'ici. Thulrur venait d'avoir toutes les preuves qu'il recherchait.

Peut-être qu'elle nous en voudra si on lui fait du mal. C'était cocasse, de le voir aussi sérieux à fixer une feuille. Comme s'il s'attendait à ce qu'elle se transforme en monstre à tout instant.
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Nihahsah
Nihahsah
Nihahsah
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Nihahsah
Jeu 7 Mai - 16:57
Elle écarquilla de grands yeux apeurés lorsqu’il sembla se décomposer. Son humeur sembla passer de la nonchalance à une méfiance qui faisait saillir chacun de ses muscles. Pourquoi ? Son cœur recommença à battre la chamade. Il devait y avoir une raison. Elle laissa ses sens se déployer, les oreilles dressées sur le crâne. Les lèvres pincées, la lionne se rapprocha de son ami. Il lui avait indiqué de reculer doucement dans un mouvement si peu perceptible que s’ils n’avaient pas passé ces derniers mois ensemble, la Nihah ne l’aurait peut-être pas remarqué. Elle n’essaya même pas de jouer la fière en refusant de se cacher derrière lui ; elle se rapprocha jusqu’à sentir la chaleur de sa peau contre sa joue. Elle avait reculé jusqu’à se retrouver au niveau de son flanc. Son souffle faisait rebiquer les poils les plus proches de ses lèvres, ce qui la poussa à loucher quelques secondes.

Elle déglutit péniblement en réalisant qu’il ne se passait rien. Thulrur parlait à voix basse, dans un murmure grave qui faisait courir des frissons le long de sa colonne. Elle ne savait pas bien ce qui asséchait sa bouche : la proximité du mâle, la tension qui planait sur la clairière… ou les deux ? Sûrement les deux. L’envie de fuir la situation enflait rapidement dans son ventre. Elle se sentait mal, ici. En fait, la Nihah avait l’impression de suffoquer dès qu’ils foutaient les pieds hors de Kambi pour s’enfoncer dans la forêt. Elle était trop dense dans le coin. Il affirmait que le bois était vivant… Elle n’avait aucun mal à le croire. Elle se pencha pour apercevoir la feuille. Elle n’avait pas bougé depuis qu’elle s’était posée mais avait repris son mouvement censé imiter le vent. Elle retint son souffle, la Nihah.

— Je lui ai donné un coup de patte, tout à l’heure… Tu crois que je suis en danger ? Je ne devrais peut-être pas rentrer au camp pendant quelques jours… Ce serait risqué, non, s’ils venaient nous trouver tous ? J-je… Oh, seigneur…

Une profonde affliction s’installa sur son visage. Elle avait réellement peur d’attirer le mauvais œil sur ses amis. Et si les entités décidaient de la traquer pour avoir blessé ce truc ? Elle ne se le pardonnerait pas, s’il leur arrivait malheur. Ils lui avaient fait confiance mais la lionne s’était dépêchée de les « trahir » à cause d’une curiosité mal placée ! Quel déshonneur. Elle appuya un peu plus la joue contre le ventre de Thulrur, y cherchant son courage qui avait la sale manie de fuir en courant au premier problème.

— Peut-êtr-

Son murmure s’interrompit à la seconde où un oiseau — une espèce relativement petite de passereau qu’ils croisaient souvent depuis leur arrivée — se déposa aux côtés de la feuille. Il semblait avoir remarqué une “anomalie” ; comme le fait que le végétal bougeait en cadence alors qu’il avait été arraché à sa branche ? Sûrement. Il l’observait, la tête penchée sur le côté, ses yeux noirs régulièrement avalés par deux minuscules paupières. Il tournait autour de sa proie en faisant des petits bonds insouciants. N’avait-il pas conscience que deux prédateurs le dévisageaient ?
Au bout de quelques secondes, considérant sans doute qu’il s’agissait bien là d’un leurre créé par la Nature, l’oiseau goba la petite feuille verte. Il y eut un craquement sonore lorsqu’il écrasa vigoureusement les membres minuscules de l’insecte entre les deux parties de son bec ; après quoi, le passereau leur lança un regard, un seul piaillement aigu, déploya ses ailes et repartit se perdre dans la cime.

Elle demeura complètement sidérée, les prunelles écarquillées, les lèvres écartées. Elle demeura là un moment, sans bouger ni parler — respirant à peine —, avant de reprendre pied. Elle laissa échapper un rire nasal très nerveux qui en disait long sur son état de dégradation psychologique avancé mais finit par s’écarter un peu de son protecteur.

— Eh ben… Au moins, on sait que ça peut servir de nourriture pour les oiseaux. (Elle s’asseya doucement en lâchant un soupir.) On pourrait surveiller les environs quelques temps ? Si on retrouve un oiseau foudroyé par on-ne-sait quelle force… Il sera sans doute temps d’accélérer nos recherches pour le prochain départ ?

Elle n’avait aucune envie de rester. Son regard se perdit dans le vide. Elle espérait sincèrement que Thulrur aurait quelque chose à lui dire : une certitude qui lui redonnerait de l’énergie. Tout semblait si hostile, ici. Ici comme au Repos, d’ailleurs. En fait, tout était dangereux depuis la Nuit.
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Thulrur
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Thulrur
Ven 8 Mai - 13:24
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Vivante, la forêt l'était, c'était indéniable. Assez vivante, en tout cas, pour envoyer un messager ailé leur délivrer sa pensée. Thulrur fronça les sourcils, essayant de comprendre ce que ça voulait dire (en trouvant une explication, de préférence, qui n'irait pas contre sa théorie superstitieuse) mais finit tout bonnement par se dire que les voies de la Forêt étaient impénétrables et que lui, fils de Zirak, n'était sensible qu'à la voix de sa Montagne.

Cet événement inattendu réussit au moins à calmer un tant soit peu Nihahsah, et ce ne fut que quand elle se fut assise que Thulrur se rendit compte de combien elle avait été paniquée. Combien elle s'était collée à lui. Mais n'était-ce pas plutôt lui qui, dans son désir de la protéger, s'était imposé dans son espace vital ? Il baissa les yeux – le seul signe de son trouble, avec son cœur qui battait la chamade. Dire qu'il avait cru que c'était la Forêt qui l'avait mis sur ses gardes. Et si ce n'était pas le cas ? Et si, dès le début, c'était la présence de Nihahsah qui l'avait fait se crisper ? La Forêt avait toujours bon dos...

Je pense que cet oiseau a pris ta malédiction, donc on ne craint rien. Il se tourna vers elle, lui offrit un sourire en coin, en parfaite façade pour cacher sa gêne. Ou alors, c'est la Forêt elle-même qui l'a envoyé pour nous rassurer. Peut-être qu'elle n'est pas aussi terrible que je le crois. Son sourire amusé se mua en sourire désolé, parce qu'il savait qu'il avait souvent tendance à prendre les choses trop au sérieux. Pourtant, la Forêt ne les avait jamais menacés. Elle leur avait offert un refuge, de l'eau saine, de la nourriture, et même un remède pour Theluji ! Pourquoi s'attendre à ce qu'elle les trahisse maintenant ?
De plus, il avait du mal à s'imaginer que la Nature puisse se tourner contre les oiseaux. Dans sa conception des choses, ils ne faisaient qu'un; et il fallait voir comme les guetteurs Zigil surveillaient les mouvements des corbeaux et des grives pour en déceler une quelconque signification.

La Forêt a été bonne avec nous, développa-t-il tout haut sa pensée, et je pense qu'elle le restera tant que nous aussi, nous restons bons avec elle. Son sourire se fit plus doux, plus apaisé. De minuscules changements dans son expression, imperceptibles pour ceux qui ne le connaissaient pas assez. La spiritualité de Thulrur était une facette étonnante, tant il semblait dur et pragmatique; et pourtant, elle était importante dans sa vie. La Forêt avait couvert leur fuite; ainsi, il était sûr qu'elle protégeait les âmes bonnes et chassait les mauvaises. Les Uamuzi n'avaient commis aucun acte de cruauté en son sein, mais si Mu'Awiya mettait les pattes ici... Nul doute que lui se ferait foudroyer sur place.

Il s'assit à son tour, à distance respectable de Nihahsah. Comme s'il avait peur de la toucher. Sa timidité soudaine était encore un fait étonnant, car Thulrur n'avait aucun problème à se coller aux siens. A dormir en tas. A jouer et offrir des marques d'affection à tout un chacun. Mais ça, c'était seulement quand ils étaient en groupe – quand il se retrouvait seul avec un autre lion, Thulrur se révélait beaucoup plus réservé. Sauf avec Ienzo.

Tu as l'air de beaucoup te soucier de notre prochain départ, souffla-t-il doucement, avec de l'empathie au fond de sa voix grave. Ne t'en fais pas, Nihahsah. Nous progressons très bien. Il voulait qu'elle puisse se reposer et vivre un peu plus sereinement, car sinon, elle ne ferait pas long feu. Il fallait survivre, oui, mais pas au prix de la paix de l'esprit.
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Nihahsah
Nihahsah
Nihahsah
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Nihahsah
Ven 15 Mai - 17:40
Thulrur lui adressa un regard, puis un sourire. La Nihah accorda la même chose à son ami, le cœur plus léger. Elle chercha quelque chose dans les yeux sombres ; une chose que l’ancienne Msafara avait du mal à trouver chez qui que ce soit d’autre : une espèce de point d’ancrage sur lequel s’accrocher. Elle avait confiance en lui pour une raison qui lui échappait un peu. Elle laissa échapper un soupir résigné lorsqu’il essaya de la rassurer. Elle n’était pas sûre qu’il soit sincère. Il pouvait aussi lui cacher ses vraies pensées pour ne pas l’affoler plus ; ce qui, en réalité, lui faisait assez mal. Elle ne se sentait pas suffisamment fiable pour représenter un roc pour lui comme il le faisait pour la Rebelle.
Ses yeux errèrent vers la cime. Les arbres en masquaient l’essentiel mais quelques rayons arrivaient jusqu’à eux. Elle ferma les paupières pour en savourer la chaleur. Elle opina du chef lorsqu’il suggéra de simplement rester bons avec la Forêt. Elle voyait mal comment lui nuire, quoi qu’il arrive. Ils n’étaient que des lions. De petits lions incapables de blesser un arbre. Au mieux, ils pouvaient bouffer des feuilles ; mais la peine serait déjà suffisamment grande sans que l’Entité ait à sortir : la Nihah savait que la plupart des végétaux avaient de sales effets sur leurs corps. Quelques-uns pouvaient même provoquer la mort. Chez elle, les mères apprenaient à leurs petits à ne pas mâcher les fleurs à cause de cela.

Sa voix rauque s’éleva à nouveau alors que les lèvres de la lionne demeuraient scellées. Son cœur s’affola. Elle essaya de discerner un reproche dans ses paroles pleines de sens mais demeura sur sa faim. Il se contentait de lui prodiguer des caresses à l’âme, à l’ancrer un peu plus ici, là où ils pouvaient vivre vraiment, plus survivre désespérément. Elle eut l’impression qu’il la réchauffait mieux qu’aucun rayon de soleil jusque-là. Elle se sentit apaisée sans le remarquer. Ses muscles relâchèrent la pression, la douleur fusa dans ses mâchoires ; elle réalisa alors qu’elle les avait serré fort. Elle était rongée par la peur. Une peur qui finirait par la dévorer avant qu’aucun être vivant ne puisse le faire à sa place. Elle laissa un blanc perdurer pour rassembler ses propres pensées éparpillées. Au bout d’une poignée de minutes, la Nihah rouvrit les yeux.

- J’ai peur qu’Il nous retrouve. Elle haussa les épaules en ébauchant un sourire absent. Ses propres yeux, eux, semblaient s’éteindre. Il. Mu’Awiya. Elle était convaincue qu’il se vengerait. Il était peut-être déjà sur leurs traces. Enfin, c’est idiot mais je Le connais que je suis enfant. Je sais de quoi Il est capable. Tous les problèmes mis bout-à-bout, j’imagine que cela me laisse un peu à cran. En plus, même si le coin est sympa, on ne peut pas risquer d’épuiser les ressources.

Elle glissa jusqu’au sol en position du sphinx. Elle avait envie de se reposer sans avoir à se soucier de ces ennuis ; en fait, la Nihah voulait seulement retrouver son rôle simple de chasseresse sous les ordres de quelqu’un qui avait les épaules d’un chef.
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Thulrur
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Thulrur
Ven 15 Mai - 19:56
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Le visage de Thulrur s'assombrit à la mention de ce "il" dont il ne pouvait ignorer la signification. Ainsi, cet idiot continuait à hanter l'esprit de Nihahsah... Et notre montagneux ne comprenait pas pourquoi : à ses yeux, Mu'Awiya n'était qu'un imbécile, au mental d'enfant colérique qui avait malheureusement assez de force pour soutenir ses caprices. Le titre de tyran, il ne le méritait même pas, tant il n'était qu'un gamin perturbateur qui tomberait bien vite sur plus fort que lui. La finesse d'esprit ? Il n'en avait aucune. Alors, pourquoi marquait-il toujours tant la psyché de la belle ?

Il se laissa glisser à ses côtés, sans mot dire, le temps de bien réfléchir à ses prochaines paroles. Il ne voulait pas se précipiter sous le coup de la colère et inquiéter davantage la lionne. Il était soulagé qu'elle ose lui parler et s'ouvrir sur ses inquiétudes, et il ne voulait surtout pas la faire fuir d'une parole mal placée. Alors, oubliant sa timidité, il vint se coucher contre elle, souhaitant par là lui montrer qu'il voulait l'épauler autant physiquement que mentalement.

S'il vient ici, je ne serai pas aussi clément avec lui, cette fois. Ses yeux étaient tournés vers l'avant, durs et sombres. Il avait laissé une chance à Mu'Awiya en ne le confrontant pas tout de suite, en ne l'abattant pas au pied de ses Msafara. Mais s'il les pourchassait, alors là... Thulrur n'hésiterait plus à se jeter sur lui. Il ne te fera plus jamais de mal, Nihahsah. Pas tant que je serai en vie. Et pourtant, Thulrur ne savait même pas ce que Mu'Awiya avait fait subir aux siens au fil des années – mais les semaines dont il avait été témoin en disaient long. Le serment auquel Thulrur se liait là n'était pas prononcé vainement; il avait trop d'honneur pour ne pas prendre sa propre parole au sérieux. C'était pourtant dangereux, car il risquait d'aller contre son objectif premier, et il en était conscient. Mais peut-être s'était-il trouvé là un nouvel objectif à suivre...

Il daigna enfin tourner le visage vers sa congénère, et son regard s'adoucit en se posant sur elle. Il alla même jusqu'à esquisser un calme sourire.
Merci de m'en parler. Je sais bien que je ne parle pas beaucoup mais... tu peux compter sur moi. Pour garder ses secrets, pour lui offrir une oreille attentive ou même une épaule sur laquelle pleurer. Thulrur n'était pas qu'un tas de muscles énervé et prêt à en découdre.
D'ailleurs, si Nihahsah savait ce dont Mu'Awiya était capable, elle ignorait tout des capacités de Thulrur... Mais ça, il se garda bien de le lui dire : paraître menaçant était la dernière chose qu'il voulait, sur le moment.
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Nihahsah
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Nihahsah
Ven 15 Mai - 21:01
Elle avait envie de sombrer dans le monde des souvenirs, la Nihah. De se rappeler, encore, des membres de sa famille. L’absence de sa sœur pesait sur son âme. Elle se sentait incomplète, d’une manière ou d’une autre. Pourtant, Thulrur ne méritait pas d’être laissé derrière. Il marchait à ses côtés sans se plaindre depuis des semaines. Depuis des mois. Peut-être qu’ils arriveraient à “depuis des années” un jour. Si le clan survivait jusque-là. S’ils respiraient encore d’ici-là. Non, Thulrur ne méritait pas un abandon pareil.
”S’ils respiraient encore d’ici-là” était sûrement une vérité cruelle mais cela impliquait quelque chose : profiter de ses proches. Elle en avait perdu suffisamment, la Nihah, pour savoir à quel point ils étaient importants. Elle chassa les anciens, les disparus, pour regarder Thulrur. Il avait commencé à rompre les quelques mètres qui les séparaient. Elle demeura silencieuse pour ne pas le décourager ni le faire changer d’avis. De manière assez égoïste, la Nihah espérait pouvoir se reposer encore un peu sur lui. Elle savait que cela devait peser sur son âme à lui mais ce soutien était si… inespéré. Les mâles qui avaient régi son existence l’avaient aimé — ou pas, selon. — sans réellement la voir, sans chercher à la connaître. Elle découvrait qu’il était rafraîchissant de se livrer à quelqu’un.

Il s’allongea contre elle. Sa peau lui sembla soudain bouillante. Il avait ce drôle d’effet sur elle. Doucement mais sûrement, à chaque jour qui passait, la sensation grandissait. En silence, discrètement. Elle ne voulait pas s'appesantir sur la signification, ni sur les conséquences qui pourraient en découler. Elle n’avait pas le temps pour cela. Aucun d’eux ne l’avait. Elle s’étira la nuque en soupirant. Ses muscles lui faisaient mal. Pourtant, à mesure que d’autres mots glissaient de ces lèvres pleines, la Nihah sentit le poids sur ses épaules s’alléger. Un sourire s’insinua sur son visage. Les ombres qui dansaient sur ses prunelles s’éloignèrent. Elles ne partaient jamais loin, l’ancienne Msafara en était consciente, mais — pour une raison ou pour une autre — ses fantômes n’aimaient pas Thulrur.

Elle posa la tête sur ses antérieurs, les oreilles couchées sur son crâne. Elle réfléchit rapidement à tout ce que ses propos pouvaient impliqués ; des combats, de la haine, du sang, la Mort. Elle ne voulait aucune de ces choses. Voilà la raison pour laquelle la Nihah fuyait. Pour esquiver les vrais choix. Elle ne se comprenait pas, d’ailleurs. Quelques mois auparavant, la lionne aurait vendu son âme pour que quelqu’un éviscère son pseudo-agresseur. Elle laissa éclater un rire sonore quand il affirma ne pas “beaucoup” parler.

- Oh, à ce jeu-là ce n’est pas toi le roi ! Ienzo parle encore moins. Mais ce n’est pas un problème. Ma grand-mère répétait sans cesse que le silence est d’or. Je crois que je l’ennuyais avec mes longues conversations d’enfant. La Nihah pouvait comprendre. Sa grand-mère était déjà âgée au moment où sa fille unique avait ramené un poupon à la maison. Un poupon qui lui avait été confié, bien sûr. Il y avait un âge où on ne voulait plus de ces responsabilités, où on espérait seulement profiter d’une retraite paisible. Je ne le laisserai jamais vous faire de mal à vous, Thulrur. Je ne supporterais pas qu’il pose la patte sur un seul de vous. J’en étais déjà malade quand il passait quelques heures seul avec les jeunes, je le serai d’autant plus aujourd’hui qu’ils sont sous notre responsabilité.

Elle ancra ses billes sombres dans celles d’en-face, relevant la tête pour se faire. Elle observa un silence enveloppé d’un souvenir. Un sourire carnassier passa brièvement sur ses lèvres, renforcé par un sourcil haussé dans une expression impérieuse.

- De plus, je pense pouvoir me défendre le cas échéant. Je l’ai déjà fait, après tout. Une lumière farouche brilla dans ses yeux. Elle baissa la voix jusqu’à ce qu’il ne s’agisse plus que d’un murmure. Ses muscles bandèrent au souvenir de l’effort qui leur avait été imposé le jour où Mu’Awiya avait essayé de la prendre contre son gré. Il avait payé. Je crains qu’il ne me doive ses cicatrices au visage. Je crois que c’est la seule chose de lui que j’étais ravie de voir chaque jour après La Nuit... Ah ! Mais, pour conclure, c’est évident que tu peux compter sur moi aussi.

Elle haussa les épaules avec une nonchalance feinte. Elle espérait que son message était passé : à savoir qu’il n’y avait pas autant de faiblesse dans son corps — ou dans son cœur — qu’on pouvait le croire. Elle était tout à fait capable de devenir une aide pour lui.
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Thulrur
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Thulrur
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Ven 15 Mai - 23:47
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Le rire de Nihahsah l'apaisait, le rassurait. Elle était forte, autant dans son esprit que dans son corps, et ses prochaines paroles l'en assurèrent : elle disait vouloir les protéger tous, et avait de quoi prouver en être capable. Lui, il ne doutait pas d'elle une seule seconde – loin de reléguer les lionnes à un rang de chasseresses et de mères, il savait qu'elles étaient aussi redoutables que leurs homologues masculins.

Un sourire au coin des babines, il inclina la tête en direction de ses pattes, comme pour se prosterner devant la toute-puissance de sa cheffe.
Et je n'en doute pas une seconde. S'il désirait tant la protéger, ce n'était pas parce qu'il ne voyait en elle qu'une frêle femelle en sucre; mais parce qu'il soutenait ses idéaux et sa façon de souder les Uamuzi entre eux. Il aurait fait la même chose pour un mâle, si l'un d'eux s'était attiré sa loyauté – et un instant, il repensa aux Rois des Montagnes dont son clan natal relatait encore les glorieux récits. Ces Rois du passé étaient souvent accompagnés de fidèles amis et protecteurs qui faisaient en sorte de les mener à leur but. C'était ainsi qu'il se considérait; comme l'un de ces gardes du corps à la loyauté infaillible.

Et pourtant... L'était-il ? Où sa loyauté à lui le tirait-elle ? C'était bien beau de jouer les preux chevaliers, tant qu'on n'était pas face à un dilemme cornélien.

C'est toi qui lui as fait ça ? demanda-t-il confirmation. Son ton était plus émerveillé que surpris; et avec un soupçon de fierté, aussi. Nihahsah, si discrète dans les premiers jours de la Caravane, avait déjà eu l'occasion de se battre avec Mu'Awiya... Voilà qui piquait sa curiosité à bien des niveaux. Tu es décidément pleine de surprises. Elle semblait être, en vérité, aussi téméraire et forte que les lionnes des Montagnes qui l'avaient élevé. D'aucuns disaient que ces lionnes manquaient cruellement de féminité (et c'était sans doute vrai) mais elles avaient toujours été, pour Thulrur, des modèles au même titre que les mâles. Nihahsah, elle, avait le luxe de coupler cette force de caractère à une indéniable beauté – et Thulrur se dit qu'il serait fier que les Zigil la rencontrent.
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Nihahsah
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Nihahsah
Dim 17 Mai - 22:44
La mimique révérencieuse du mâle lui arracha un sourire lumineux. Ses grands yeux s’écarquillèrent un peu plus — comme si la Nihah espérait le voir encore mieux par ce biais — alors que les minuscules lueurs de la malice s’allumaient à la manière des premières étoiles à la nuit tombée. Elle adorait leurs échanges où se dégageaient des piques joueuses ; ces moments avaient, pour elle, la saveur des promesses d’une vie plus heureuse.
Elle avait cessé de goûter la saveur si spéciale du bonheur après la Nuit mais la Rébellion tendait à recréer ce breuvage. Pour elle.

- C’est toi qui a fait ça ? La Nihah s’enveloppa d’un voile faussement mystérieux en lui présentant son profil, un sourire vague plaqué sur la bouche, un sourcil arqué. Elle haussa à nouveau les épaules avec indolence, comme pour appuyer la “normalité” d’une chose pareille ; les secondes s’écoulèrent sans que la lionne ne donne de réponse verbale. Elle n’était pas sûre de vouloir préciser les conditions dans lesquelles les choses s’étaient passées. Si les événements avaient eu lieu dans ce qui ressemblait déjà à une autre vie, la Nihah n’en souffrait pas moins de l’affront. Elle inspira profondément. Son sourire fana, ne laissant qu’une ébauche pâle. C’est vieux, maintenant. J’ai l’impression que ces choses-là sont si anciennes qu’elles sont arrivées à quelqu’un d’autre. Elle s’étira paresseusement, en profitant peut-être un peu pour rapprocher leurs corps plus que de raison. Si sa présence faisait battre son cœur plus rapidement, la Nihah n’en était pas moins friande.

- J’avais deux ans à l’époque. Elle posa la tête sur ses membres antérieurs en se concentrant sur un point au loin, dans la Forêt. Elle ne savait pas réellement ce qui la poussait à se confier à Thulrur. Jusque-là, personne n’avait jamais su. Mu’Awiya était un ami proche. Enfin... Elle eut un rire gêné. J’étais naïve. J’avais peut-être un petit béguin pour lui. Il était vraiment adulé par les autres jeunes. Nouveau haussement d’épaules. Elle fuyait sciemment son regard. Elle avait peur qu’il la juge. Quoi qu’il en soit, il a cherché à… eh ben… euh… à me séduire (sa voix chevrota si fort en prononçant le mot qu’il était évident que les choses ne s’étaient pas réellement passées comme ça) sauf que je ne voulais pas ? Enfin, si ! Je ne le voulais juste pas… comme ça. Je veux dire, je n’étais qu’une enfant. Et puis, nous n’étions que des amis jusque-là. Donc… Ses balbutiements devaient être difficiles à comprendre. Malheureusement, la Nihah ne voyait pas comment décrire la scène différemment. Les mots crus — réels — lui faisaient peur.

- On a fini par se battre. Elle garda le silence un moment. Elle réfléchissait à toute vitesse. Une nausée soudaine lui retourna l’estomac avec une violence inouïe, si bien que la lionne appuya ses paupières l’une contre l’autre pour chasser la sensation dérangeante. Ne le dis à personne. Je n’ai jamais raconté ces choses-là à qui que ce soit. Même ma sœur ne sait pas.

Elle se redressa en position assise si brutalement qu’une nuée de mouches noires dansa sous ses yeux. Son souffle était plus court, ses pupilles dilatées. Elle avait l’impression d’avoir fait une erreur monumentale ; une idée saugrenue l’ébranla alors toute entière : fuir en courant, ne jamais revenir à Uamuzi. Elle avait si honte, d’une certaine manière.
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Thulrur
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Thulrur
Lun 18 Mai - 0:27
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Une fois encore, Nihahsah démontrait tout son humour; elle se prenait au jeu, comme tant de fois auparavant. Les yeux de Thulrur se plissèrent dans une expression amusée, en parfaits compléments du sourire rieur qui s'était affiché au coin de ses babines. Et puis, doucement, leur atmosphère de joie et de complicité s'estompa peu à peu. Ça se voyait dans le sourire de Nihah' – un sourire qui sembla mourir sur ses lèvres –, ça se sentait dans son silence et dans tout ce qui les entourait.

Quand elle commença à parler, le montagneux comprit que leur discussion devenait sérieuse. Lui-même laissa son sourire s'évanouir, pour mieux se concentrer sur elle d'un air intrigué et déjà un brin soucieux. Pourtant, le ton de la lionne était encore léger, presque désinvolte – mais il se faisait plus hésitant au fil des mots. Et quels mots ce fût-ce. Des mots durs, qui en cachaient d'autres, plus durs encore. Thulrur sentit ses lèvres s'entrouvrir – une information qui s'enregistra dans un creux de son esprit mais dont il ne se rendit même pas compte. Comme si son corps avait réagi avant sa pensée, comme si sa bouche souhaitait déjà hurler sa rage. Mais il ne fit aucun bruit, le visage pétrifié d'effroi, les yeux fixés sur Nihahsah. Elle, à qui il venait tout juste de prêter allégeance. Elle, qui lui dévoilait un morceau de son passé; presque une anecdote, en fait. Mais quelle terrible anecdote.

Et, toujours, son corps réagissait avant lui : Thulrur sentit ses entrailles se tordre d'une douleur qu'il ne comprenait même pas, et une violente envie de vomir le submerger. Les battements de son cœur résonnaient dans ses tempes et, enfin, les signaux de son corps atteignirent son cerveau : cours ! Retournes-y ! Cours sans jamais t'arrêter et tue-le de tes propres pattes !

Pourtant, il ne bougea pas. Il ne bougea pas, parce que Nihah', elle, avait bougé : elle s'était redressée, et ce que Thulrur lut sur son visage le pétrifia encore plus. Ce qu'il crut voir, c'était de la peur. Avait-elle peur... de lui ? Avait-il l'air d'un prédateur à ses yeux ? Comment pouvait-il bondir et rugir toute sa rage alors que, déjà, il l'effrayait ?
Et comment pouvait-il se soucier de ce qu'elle allait penser de lui alors qu'il devait absolument s'occuper d'elle ? Il se sentait pris en tenaille, ne sachant pas quoi faire. Son instinct réclamait vengeance, son esprit exigeait justice, mais son âme, elle, murmurait réconfort.

Alors, il finit par choisir. Il se redressa lui aussi, tout doucement, avec des gestes lents et mesurés. Il s'assit à côté de la lionne, ne la quittant pas un seul instant des yeux. Des yeux qui, s'ils auraient préféré se faire doux et dignes de confiance, étaient en réalité toujours aussi horrifiés.
Nihahsah... fut tout ce qu'il parvint à murmurer dans un premier temps. Et ce souffle, déjà, était brisé, témoin de l'horreur qui ébranlait l'être de Thulrur tout entier. Je... Je suis désolé que tu aies vécu ça. Il se sentait impuissant face à cet ennemi du passé. Mais ô combien il priait de tout son cœur de traverser l'espace et le temps. Il suppliait silencieusement tous ses dieux, la Montagne, le Destin lui-même, de le laisser revenir en arrière. Juste une fois. Juste une seconde. C'était tout ce qu'il lui faudrait pour sauver sa belle.

Tu as été si courageuse... Lentement, il hocha la tête de gauche à droite. Non... tu l'es toujours. Parce que ce combat qui avait commencé une année et demie plus tôt, celui qui avait laissé des cicatrices à l'Infâme, n'était pas terminé pour Nihahsah. Lui, il en avait fini – mais elle, elle se battait toujours. C'était, en tout cas, ce que son regard paniqué semblait hurler. Et Thulrur ne demandait pas mieux que se joindre à la mêlée. Mais était-ce vraiment ce dont elle avait besoin ?

Je ne le dirai à personne, promit-il en inclinant la tête. Il faillit ajouter "même si le seul déshonneur de cette histoire lui revient à lui", mais il sut retenir son zèle. Ce n'était pas le moment pour ça; pas alors que Nihahsah venait tout juste de lui révéler l'un de ses plus grands secrets. Il leva alors une patte, doucement, et regarda la lionne d'un air désolé. Il voulait la serrer contre lui. Lui promettre que plus rien ni personne ne lui ferait de mal. Passer des heures, s'il le fallait, à l'enlacer pour la réconforter. Mais la toucher maintenant ? Non, pas alors qu'il ressemblait si fort à celui-là même qui l'avait tant fait souffrir. Toutefois, l'option était là, si elle le désirait.

Il était là, car il pensait que c'était ce dont elle avait besoin. Un refuge sûr dans la tempête. Quelque chose, ou quelqu'un, à qui se raccrocher. Une ancre qui ne faillirait pas. Et il était là pour ça.
Mais le jour où elle aurait besoin d'un Chevalier, d'un Vengeur, alors il répondrait également présent.
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Nihahsah
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Lun 18 Mai - 23:46
Elle l’entendit bouger. Elle perçut ce froissement d’air, à peine audible, un simple murmure du corps qui se déplace dans la bise. Un alizé qui la gelait jusqu’aux os. Elle avait l’impression que le vent avait perdu une dizaine de degrés en quelques secondes, la laissant vulnérable face à ses bourrasques silencieuses mais ô combien dangereuses. Elle frissonna. Son corps se recouvrit d’une fine chair de poule ; des sueurs glacées glissèrent le long de sa colonne, mourant sur ses reins arrondis dans l’espoir d’encaisser un coup qui ne viendrait jamais.
Elle avait rentré la tête dans les épaules, accroché les yeux aux branches irrégulières d’un buis environnant. Le tremblement de ses lèvres contamina peu à peu ses mandibules qui claquèrent doucement ; ses dents s’entrechoquaient dans un son mat qui se répercutait bizarrement dans le silence de la clairière. Elle se sentit perdre pied, son champ de vision se réduisant à mesure que le mal de crâne infusait.

Elle s’attendait à un blâme, à des reproches. Elle pensait sincèrement qu’on l’accuserait d’avoir sa part de responsabilités dans ce qui était arrivé ; qu’on lui dirait que ses sentiments pour Mu’Awiya lui avait sûrement inspiré ces désirs qu’il avait essayé d’assouvir. Quelque part, là, au fond de son bide, Nihahsah se demandait même s’il n’avait pas mal interprété un geste de sa part, s’il n’avait pas cru que la lionne-enfant essayait de le… chauffer. Peut-être à cause de ses sourires ? Ou alors de ses yeux brillants à chaque fois qu’ils se passaient du temps seuls ensemble ?
Oui. Elle était certainement la cause. Thulrur ne manquerait pas de le lui faire remarquer, de lui rappeler que les mâles — ces grands guerriers animés par l’honneur — ne faisaient jamais sciemment du tort.
Oui. Elle était nécessairement celle à blâmer.

Elle glissait dans un bain d’opprobre quand la voix familière s’éleva. Les muscles de ses épaules convulsèrent sous sa peau pendant que Nihahsah luttait pour ne pas se couvrir les oreilles. Elle n’était plus une enfant. Elle pouvait supporter l’insupportable : à savoir entendre ce qu’il y avait à dire. Il parlait doucement. Son timbre la caressait comme une étole de soie, l’enveloppant dans ses inflexions basses. Elle aimait vraiment sa voix. Elle avait l’impression de flotter dans un cocon à chaque fois qu’il ouvrait la bouche.
Pourtant, ce jour-là, le cocon lui donna l’impression de se refermer sur elle. De la faire prisonnière en son sein, l’empêchant de fuir vers ce coin où elle n’aurait plus à craindre l’avis des autres puisqu’il s’agissait de ce coin-ci où il n’y avait personne.

Il s’excusa d’abord. Elle ne comprit pas. Elle chercha à comprendre, réellement, mais le bourdonnement dans ses oreilles s’intensifia. Il susurra des compliments ; des paroles que Nihahsah ne méritait pas. Elle n’avait jamais été courageuse. Elle avait obéi sans broncher à chacun des ordres qu’on lui donnait. Elle avait chassé pour autrui sans se demander s’il y avait autre chose Ailleurs. Elle avait stigmatisé les Étrangers venus chercher asile au Paradis par peur de ce qu’ils étaient. Elle avait fait souffrir des lions, puis avait été blessée en retour. Il ne la connaissait pas, voilà pourquoi il pouvait dire ce genre de bêtises.

Elle délaissa son buisson des yeux pour les poser sur Lui, décidée à lui dire la vérité. Lui raconter à quel point la Nihahsah en qui il avait confiance était aussi méprisable que les autres anciens Msafara qui les avaient si froidement accueillis, eux, les égarés.
Ce qu’elle vit l’en dissuada, cependant. Il avait levé une patte vers elle. Elle observa un long silence face à l’offre qui lui était proposée ; ses yeux s’embuèrent de larmes qu’elle chercha désespérément à refouler. Ils la brûlaient. Le bourdonnement cessa soudainement, la laissant seule devant son propre désarroi. Une première perle d’eau roula sur sa joue pour mourir au coin de sa bouche. Son goût salé se répandit sur sa langue, lui faisant mal aux gencives.

Quelque chose se rompit, là, au cœur même de son âme. Elle sentit son masque-sourire fondre jusqu’à ce que la lionne ne puisse plus dire par quel miracle il avait tenu. En fait, si. Nihahsah savait. La forteresse qui protégeait son cœur avait perduré au fil des années car la lionne n’aurait pas pu s’en sortir autrement. Elle aurait été trop exposée. Trop blessée pour vivre aux côtés de son bourreau.
Mais sa vie avait changé depuis la création d’Uamuzi. Elle n’avait plus besoin de ces murs qui ne lui permettaient pas tout à fait de s’investir pleinement auprès de ses amis. Alors ils s’effondraient. Ils le faisaient, là, alors que les secondes s’étiraient. Parce que son inconscient, lui, au moins, avait compris que Thulrur serait là pour compenser.

Elle prit une inspiration courte, un peu malaisée, puis amorça un mouvement dans sa direction. Pour cela, elle se releva mais se figea. Une ombre s’immisça dans ses billes, ne s’y accrocha pas. Ses lèvres s’ouvrirent comme pour parler, se refermèrent dans un soupir saccadé. Elle se rapprocha enfin avec mille hésitations. Elle se glissa sous le membre qui proposait de l’élancer pour qu’il repose bien en-dessous de ses omoplates, fourra son visage dans la crinière de Thulrur, avant de se laisser aller. La dernière digue s’écroula sans un bruit, les gouttes chaudes cascadèrent, de plus en plus nombreuses. Ses épaules tremblèrent ; d’abord à peine, puis les secousses s’accentuèrent. Elle ne produisit aucun son, pourtant. Pas une plainte, pas un sanglot. On entendait un hoquet de-ci de-là quand ses poumons réclamaient de l’oxygène, sinon rien. Elle pleura un moment. Pas une éternité, Nihahsah ne se l’aurait jamais accordée. Elle se donna seulement le temps de pleurer enfin pour l’agression mais aussi pour ce qui avait succédé : la Nuit, la disparition de ses proches, le stress accumulé durant ces années.

Parce que le vrai secret, c’est que Nihahsah n’avait pas pleuré depuis une éternité. Son masque avait été trop parfait. Il avait été si bien conçu que la lionne en était arrivée à oublier ce qu’il était : un simple maquillage.
Elle ne recula pas, peu désireuse de s’éloigner déjà de la chaleur de Thulrur. Il la gardait à l’abri du froid qui l’avait embrassée un peu plus tôt ; il était ce port où le navire appelé Nihahsah — un navire à la dérive depuis des mois — venait de jeter l’ancre. Elle ne voulait pas repartir. Pas tout de suite, de peur que l’errance reprenne.
Elle se racla maladroitement la gorge pour réchauffer ses cordes vocales enrouées. Sa voix était encore plus rauque et basse qu’à l’accoutumée. Je suis désolée. Je ne voulais pas pourrir l’ambiance. Elle essaya de rire mais le son demeura coincé dans sa gorge. Elle fourragea dans la fourrure épaisse de la crinière pour y cacher son visage. On peut rester encore un petit peu ici ? Pas longtemps, promis. Juste un peu. Et si Thulrur l’avait un minimum observée au fil des semaines, il remarquerait peut-être que celle qui lui parlait n’était plus la Nihahsah avec laquelle il avait cheminé le long de la Forêt mais la petite fille du Yetupeponi, celle qu’on pensait avoir perdu dans la Fumée de la Nuit.
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Thulrur
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Thulrur
Mar 19 Mai - 13:47
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Thulrur retint son souffle alors que Nihahsah semblait hésiter. Il faillit se raviser et récupérer sa patte, car il avait peur qu'elle se sente oppressée par sa présence et obligée de lui faire plaisir. Il ne voulait pas qu'elle fasse quoi que ce soit qui la mettrait mal à l'aise et pourtant, il était incapable de lire son regard. Peut-être ne la connaissait-il pas encore assez pour ça, ou peut-être avait-il juste trop peur de ce que ces yeux, qui flambaient de la même teinte que les siens, pourraient lui révéler. A moins qu'il ne soit juste un très mauvais ami, et un communicateur pire encore.

Même là, il se sentait impuissant. Incapable de la réconforter, de la mettre en confiance.
Et pourtant... pourtant, Nihahsah vint se glisser près de lui. Coincée sous sa grosse patte, le visage enfoui dans sa crinière; et il laissa échapper un soupir de soulagement, car elle ne semblait finalement pas se forcer. Sinon, se serait-elle blottie aussi près ? Se serait-elle laissée aller à ses pleurs ? Elle était cependant silencieuse, hoquetant de temps à autre; digne, même dans sa douleur. Il la serra contre lui; juste un peu, pour ne pas l'oppresser. Il alla même jusqu'à appuyer sa tête contre le haut du crâne de la lionne, afin de lui permettre de se cacher un peu plus dans son écharpe de poils.

Ce moment était étrange. Il lui brisait le cœur, l'enserrait d'une poigne douloureuse; et en même temps, lui permettait d'approcher un doux rêve comme jamais auparavant. Il se sentait toujours bien quand Nihah' était contre lui – quand ils dormaient tous en tas, quand ils jouaient comme des lionceaux, quand ils faisaient la sieste après une partie de chasse fructueuse. Il avait voulu, plusieurs fois déjà, l'enlacer plus intimement. Avec autant d'intimité qu'aujourd'hui; toutefois, il ne se réjouissait pas de sa situation actuelle. Il ne voulait pas l'entendre souffrir auprès de lui. Il voulait la serrer entre ses pattes, rire avec elle, la libérer de tous ses soucis. Il voulait la couvrir d'affections et de tendresse.
Mais aujourd'hui, il ne pouvait décemment pas.

Alors, il se contenta juste d'être là pour elle, comme un bon ami – même s'il ne se voilait pas la face sur ses propres sentiments. Il savait ce qu'elle signifiait pour lui, il l'acceptait mais était également prêt à laisser tout ça de côté. Car il savait, à présent, que Nihahsah allait avoir besoin de temps et de reconstruction. Et il voulait l'y aider, tout en restant à sa place, en n'allant jamais trop loin.
Je suis désolée. Je ne voulais pas pourrir l’ambiance.
Tu ne pourris rien du tout, Nihahsah... Il avait soupiré son nom, son cœur se serrant rien qu'à devoir le prononcer. Et il l'avait dit avec autant de douceur et d'affection qu'un "ma chérie"; car c'était bel et bien ce que son nom voulait dire pour lui, à présent.
On peut rester encore un petit peu ici ? Pas longtemps, promis. Juste un peu.
Aussi longtemps que tu voudras, murmura-t-il d'un ton qui se voulait réconfortant. La tessiture basse de sa voix ne lui avait jamais semblé aussi utile; car elle évoquait le secret et la protection.

Il attendit encore un moment. Elle était plus calme, à présent, et ses sanglots n'étaient plus. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait plus besoin d'être réconfortée ou qu'elle avait fini d'en parler.
Et on pourra revenir ici quand tu le voudras. Si tu en as besoin. Nihahsah était forte, et Thulrur en avait bien conscience; mais une seule fois serait-elle suffisante pour l'aider à aller mieux ? Il voulait qu'elle sache qu'il était là pour elle, tout le long du chemin du rétablissement, et que cette clairière serait leur endroit secret si elle souhaitait s'éloigner du campement. Ou... juste si tu en as envie, ajouta-t-il d'un ton particulièrement bas.
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Nihahsah
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Nihahsah
Mar 19 Mai - 15:45
Il la rabroua gentiment, comme on le ferait avec une enfant fragile. L’idée que lui, le colosse, la prenne avec mille précautions lui arracha un minuscule sourire. Le nœud dans sa gorge se desserra, puis se reforma pour de nouvelles raisons. Nihahsah. Elle avait du mal à reconnaître son propre nom lorsqu’il le prononçait. Il le nuançait, en faisait une musique inconnue dans sa manière de murmurer les “H” comme des soupirs langoureux, de s’appesantir sur les ”A” comme s’il exprimait la surprise. Elle aimait son nom quand il le susurrait doucement.
Ouais… Son bide un peu moins, par contre. Celui-ci succomba sous les assauts d’une nuée de papillons sous acide. Elle avala une grande bouffée d’air en réalisant — par la même occasion — qu’elle bloquait sa respiration depuis qu’il avait ouvert la bouche. Il la troublait. Beaucoup.

Elle remua la fourrure du bout de son nez jusqu’à ce que leurs peaux se rencontrent. Elle sembla décontenancée lorsque le pouls du lion martela contre sa joue. Elle pouvait entendre le sang se dépêcher dans ses veines en prêtant l’oreille ; ce qu’elle fit sans gêne. Elle perçut aussi les battements erratiques de son cœur. Elle se demanda s’il ne s’agissait pas plutôt du sien qui, d’ailleurs, menaçait de s’enfuir par ses lèvres. C’est pourquoi Nihahsah ne parla pas. Elle avait peur qu’il ne s’échappe, qu’il ne parvienne enfin à prendre en défaut sa cage thoracique. Ce serait très problématique, si cela venait à arriver.
Le plumeau à l’extrémité de sa queue bougea paresseusement de gauche à droite, révélant un certain émoi. Il proposa de revenir, de passer du temps ensemble. Elle les rêva à déambuler dans les bois, seuls, comme si le monde avait cessé de tourner autour d’eux ; comme si le temps s’était figé pour leur en donner un peu. Elle savait cependant que son vœu était égoïste. Ils appartenaient à un clan. Ils devaient veiller sur les leurs, pas s’ébattre à la manière des enfants insouciants. Elle aurait aimé qu’ils se rencontrent plus jeunes, qu’ils aient l’excuse de l’âge pour batifoler sans vergogne.

Elle avait conscience de tout cela, oui. Pourtant, Nihahsah ne résista pas quand l’occasion de glisser une énième petite pique se présenta. Tu devrais faire attention à ce que tu proposes, tu sais ? Je pourrais en profiter pour exiger de ne plus rentrer ! Tu imagines ? Kidnappé à cause d’une promesse ! Elle sentit un sourire naître sur ses lèvres alors que la lionne les posait doucement sur la peau chaude. Son odeur l’enivrait. Elle ronronna en fermant à-demi les yeux. Une idée germa dans son crâne. Ienzo m’en voudrait. Ienzo que Nihahsah ne manquait pas de jalouser lorsqu’il s’isolait avec Thulrur. Les deux mâles s’étaient retrouvés bien plus souvent en tête-à-tête qu’eux. Peut-être qu’ils étaient… Oh, seigneur. Son sourire s’étiola. Elle chercha un indice pour se prouver que la chose était farfelue. Sauf que… Eh ben… Nihahsah n’en trouva pas. Son cœur redescendit au fin fond de son estomac pendant que ses yeux s’ouvraient en grand. Le bruit charmant qui faisait vibrer sa poitrine cessa instantanément.
Elle ne serait pas surprise d'apprendre qu'il s'agissait bien là de la vérité. Après tout, Nihahsah ne pouvait pas se vanter d'avoir eu une vie amoureuse très heureuse ; Mu'Awiya en était la preuve vivante. Elle déglutit péniblement, son souffle s'accéléra.
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Thulrur
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Mar 19 Mai - 19:28
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Il se forçait à rester conscient, à ne pas s'échapper dans ses pensées, à ne pas se laisser avoir par les rêveries que lui proposait Nihahsah; mais elle ne lui facilitait pas les choses ! Il lui semblait que sa crinière ne filtrait plus le souffle de la lionne, à moins qu'il y devienne de plus en plus sensible au fil des secondes qui passaient – ou à moins, encore, qu'il ne s'imagine des choses. Toujours est-il qu'il était de plus en plus conscient de la proximité de Nihahsah, de l'intimité qu'ils partageaient à ce moment. Et Thulrur maudissait sa poitrine qui le rendait autrefois si fier, ce coffre large et puissant qui lui permettait d'émettre les plus terribles des rugissements; car aujourd'hui, elle faisait plutôt caisse de résonance pour son cœur qui battait lourdement, au rythme d'un tambour de guerre.

Tu devrais faire attention à ce que tu proposes, tu sais ? Je pourrais en profiter pour exiger de ne plus rentrer ! Tu imagines ? Kidnappé à cause d’une promesse ! Il faillit en mourir. Que voulait-elle dire par là ? Voulait-elle seulement dire quelque chose ? Il y voyait mille significations, dont certaines auxquelles il n'osait pas penser. Aimerait-elle s'échapper avec lui ? Vivre seuls tous les deux, plutôt qu'avec le groupe ? Le kidnapper et le garder rien que pour elle ? Oh, sur l'instant, il ne demandait pas mieux. Quelle douce sentence elle lui murmurait là.

Ienzo m’en voudrait. Oh, ça oui, Ienzo ne le leur pardonnerait jamais. Et Thulrur n'avait de toute façon aucune envie de l'abandonner – il ne pouvait pas lui faire ça une deuxième fois. Il avait déjà moins d'attaches avec Nguvu, Cerys et Theluji; et ne se sentirait pas trop mal si leurs chemins venaient à se séparer. Après tout, il se forçait à ne pas s'attacher aux autres : il devrait retrouver les siens, un jour. Et pourtant... avec Ienzo et Nihahsah, c'était une autre histoire. Il avait déjà du mal à s'imaginer les quitter, même pour les Zigil.

Sache, Nihahsah, que je mesure toujours mes paroles. Il esquissa un sourire, le fond de sa voix témoignant de son amusement. Thulrur n'était pas de ceux qui parlaient en vain; faire attention à ce qu'il proposait, c'était une évidence pour lui. Alors, elle n'avait pas à craindre qu'il ne pense pas réellement ce qu'il disait – et qu'elle le kidnappe donc, si elle le voulait ! Heureusement, nous n'avons pas à partir... Plus maintenant. Nous formons plutôt une bonne équipe, à nous six ! Et puis, Thulrur savait que Nihahsah les considérait trop pour envisager sérieusement de les quitter. Contrairement à lui; et c'était une bonne chose, car le Montagneux savait qu'il pouvait compter sur elle – et Ienzo – pour le raccrocher au reste du groupe. Pour ne pas le laisser partir aussi facilement. Eux aussi étaient ses ancres, d'une certaine façon.
Deux ancres bien distinctes et différentes, mais deux ancres tout de même.
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Nihahsah
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Nihahsah
Mer 27 Mai - 17:58
Si l’angoisse lui serra le cœur, Thulrur n’eut qu’une poignée de syllabes à susurrer pour que l’étau prenne le chemin inverse. Ses poumons chauds se gorgèrent d’oxygène, puis ses yeux se fermèrent pendant qu’un sourire redessinait son profil. Elle se sentit mieux d’une façon très naïve ; après tout, il n’avait fait que sous-entendre des choses. Il n’avait pas nié en réponse à la question sourde qui s’était glissée dans le Ienzo m’en voudrait ; il n’avait cherché à s’expliquer, à la rassurer quant à la relation qu’il y avait entre les deux mâles Uamuzi. Il pouvait y avoir plein de raisons à cela, songea Nihahsah.
Il pouvait ne pas vouloir se justifier ou, plus simple encore, ne pas avoir reçu sa parole comme la lionne l’avait pensée. Ils ne faisaient pas qu’un, après tout. Ils avaient des réflexions propres à eux-mêmes, une sensibilité plus ou moins à fleur de peau leur permettant de garder du recul vis-à-vis d’une situation ou, au contraire, de plonger dedans à corps défendant.

Elle s’éloigna un peu en lâchant un rire sourd, profitant d’une accalmie dans ses émotions pour reprendre son souffle. Elle avait besoin de rétablir une distance de sécurité entre eux ; ne serait-ce que pour s’entendre à nouveau réfléchir. Surtout réfléchir normalement. Il ne faisait jamais bon de laisser trop de mou dans les chaînes des sentiments. Spécialement lorsqu’on avait une situation aussi irrégulière que les Uamuzi. Ne pas le toucher était à la fois la chose la plus sûre à faire mais aussi une torture. Elle aimait vraiment se sentir enveloppée de la chaleur incendiaire de sa peau contre la sienne.
Plus que les autres, il était son foyer ; ce coin de Paradis où Nihahsah ne s’imaginait ne pas rentrer. Elle se forcerait toujours à trouver le chemin qui la ramènerait jusqu’à lui. Oh oui. C’était une promesse. Elle sourit avec son espièglerie habituelle. Excuse-moi. J’oubliais que je m’adresse au Seigneur des Montagnes, pas à un vulgaire péquenaud indécis. Son hilarité croît sur son visage, illuminant à nouveau ses yeux alors que la lionne cède à une pulsion toute juvénile, mimant de lui donner une chiquenaude sur le bout du museau. Sa queue remua d’abord d’allégresse en pensant à leur groupe. C’est vrai que nous nous sommes bien trouvés. J’avais un peu peur que les non-dits sur nos passés respectifs ne nous empêchent de créer quelque chose de solide mais… j’avais tort. Je suis heureuse d’avoir laissé Msafara derrière moi. C’est terrible, hein ? J’ai l’impression d’être ingrate. Le rire qui se faufila hors de sa bouche, ce coup-ci, était plus amer. Msafara a fait de moi celle que je suis, même si le clan de l’époque était prospère, que nous avions une Terre, et que le Monarque qui nous gouvernait était juste ; la Caravane — qui est née de ses cendres — aurait dû être ma famille, d’une certaine manière. J’ai grandi auprès de la plupart de ces lions-là.

Elle haussa les épaules. Sans vraiment y songer, Nihahsah se chargea de lisser les crins de Thulrur que la bise avait emmêlé. S’occuper des autres l’aidait à gérer le chaos qui régnait dans son crâne. La situation est si étrange. Vous êtes ce qui se rapproche le plus d’une famille, pour moi ; alors qu’au final, on se connaît si peu. Je ne parle pas de nos petites manies qui sont sûrement devenues familières à tout le monde depuis le temps… Mais on ne sait presque rien les uns des autres. On connaît de Theluji qu’il vivait dans un endroit où le blanc recouvrait tout la plupart du temps ; de toi qu’une montagne a été ta maison ; d’Ienzo… ben... Rien. De moi… Son sourire devint pincé, dur. De moi que je viens d’un peuple qui accueille les égarés en son sein pour mieux les juger, et répandre d’affreuses rumeurs qui sont censées les mettre en valeur, eux.

Elle secoua la tête avec désapprobation en claquant la langue. Elle prit le visage de Thulrur en coupe entre ses deux pattes avant, haussa un sourcil impérieux en prenant un air tout à fait résolu. Le pire, c’est que je crois que je préfère ce Thulrur qu’ils prennent pour un banni bourru à tous ces imbéciles malheureux que j’ai un jour estimé seulement parce que nous venions du même Paradis déchu.

Oh, oui. Thulrur, Ienzo, Cerys, Theluji et Nguvu lui étaient précieux. Vraiment précieux, pas simplement à cause de leurs origines identiques. Sa voix était basse mais vibrait d'une émotion mal contenue. À croire que c'était simplement le jour où ses nerfs craquaient. En espérant que demain serait meilleur.
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Thulrur
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Thulrur
Ven 29 Mai - 19:18
https://msafara.forumactif.com/t23-thulrur-la-flamme-de-la-monta
Un sourire espiègle vint étirer les babines de Thulrur face au trait d'humour de Nihahsah; le Seigneur des Montagnes, ça sonnait plutôt bien ! Il ne broncha même pas devant la pichenette, se contentant de faire écho à l'amusement de la lionne. Mais ce fut un rire plus amer qui se manifesta par la suite, quand elle lui expliqua se sentir ingrate vis-à-vis des Msafara. C'était un sentiment que Thulrur ne comprenait pas, ayant toujours considéré qu'il ne devait rien à personne, mis à part aux Zigil dont la situation était toute différente. Mais il savait que Nihahsah n'était pas la seule à l'avoir ressenti : Cerys aussi avait douté, aux premières heures de la Rébellion. Heureusement pour elle, elle avait fini par comprendre qu'elle non plus ne devait rien à Mu'Awiya; du moins, c'était ce que les apparences laissaient croire, mais Thulrur n'était après tout dans la tête de personne pour aller vérifier ses suppositions sur l'état d'esprit de ses camarades...

Pour Nihahsah, la situation était encore différente de celle de Cerys, car contrairement à la jeune lionne, la guide Uamuzi était bel et bien née au sein des Msafara. Mais il suffisait de savoir comment elle y avait grandi pour comprendre qu'elle veuille les fuir. Voir son bourreau élevé au rang de pseudo-chef, tout aussi peu respecté qu'il était ? Un coup de plus pour raviver la plaie. Rien qu'à y penser, Thulrur sentait de nouveau la rage monter en lui. Mais Nihahsah continuait à parler, l'empêchant de trop se perdre dans ses rancœurs. Et ce qu'elle dit l'intrigua : souhaitait-elle en apprendre plus sur lui ? Devait-il révéler un peu de son passé, de qui il était vraiment, tout comme elle venait elle-même de le faire ?

En tout cas, il n'aimait pas l'entendre se déprécier en se référant à son clan – du moins, c'était ce qu'il avait l'impression qu'elle était en train de faire. Fronçant les sourcils, il ouvrit la bouche pour lui répondre; mais, plus rapide que lui, elle lui avait déjà saisi les joues. Coupé dans son élan, et frappé de surprise, il resta là à la fixer, la bouche ouverte sur un o disgracieux.
Elle le... préférait ? Bien sûr, ça ne voulait rien dire : sans doute préférait-elle tout autant Ienzo, Nguvu et les autres aux Msafara, mais l'entendre de cette façon lui faisait étrangement chaud au cœur. Enfin non, pas si étrangement que ça, et il referma enfin la bouche pour se pincer les lèvres comme un adolescent devant son premier amour.

Quand il eut repris assez de contenance, il réussit à parler, sans que sa voix ne tremblote ou témoigne de son trouble :
Nous savons tous que les Msafara guidés par Mu' ne sont en rien représentatifs de ce qu'ils étaient vraiment sur votre terre natale. Aucun de nous ne te considère comme l'une de ceux-là. Mais c'était vrai qu'ils ne connaissaient pas beaucoup de choses les uns des autres. Les Uamuzi s'étaient emmurés dans le secret : un fait qui risquait de les faire éclater à la première occasion car, après tout, ils avaient toutes les raisons du monde de se méfier de leurs camarades nomades...

Mais en ce moment, Thulrur n'y pensait pas. Il ne pensait qu'à ses propres secrets, et hésitait nettement : devait-il dire quoi que ce soit ? Non, sûrement pas. Nihahsah le rejetterait si elle savait. Elle se sentirait trahie. Et il ne pouvait en aucun cas risquer ça. Alors, il afficha un petit sourire et continua :
Il n'y a rien de mal à ça. Les clans se font et se défont, les familles aussi. Son regard s'adoucit, dans une expression presque mélancolique. Tu as tout à fait le droit de te sentir mieux ici, avec nous, plutôt qu'avec tes anciens compatriotes. Après tout, n'est-ce pas pour ça que nous sommes tous venus ici ? Pour commencer une nouvelle vie ? Que les mots lui semblaient étranges... Lui, il n'était pas vraiment venu pour ça. Et pourtant, l'idée ne semblait soudain plus si déplaisante...
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Nihahsah
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Nihahsah
Dim 31 Mai - 22:19
Elle sentit ses lèvres se fendre d’un énorme sourire, Nihahsah. Il semblait si paumé, là, avec ses mâchoires déliées et ses yeux égarés. Elle se mordit l’intérieur de la joue pour s’empêcher de rire. Elle ne voulait pas le vexer en se moquant de lui…
Elle lui caressa doucement la commissure des lippes alors que son cœur se serrait. Il y avait quelque chose de douloureux là-dedans ; comme s’il était loin malgré sa peau chaude sous ses phalanges. Elle dut se faire violence pour ne pas appuyer, pour ne pas chercher à le marquer. Abîmer son beau visage était la dernière chose dont Nihahsah avait envie, mais… Mais la lionne Uamuzi nourrissait ce désir bestial d’apposer sur lui son empreinte. Elle voulait déposer au milieu de sa fourrure un gage — même infime — de sa présence dans sa vie ; que ce poinçon éloigne la concurrence, qu’il affiche « chasse gardée » comme un énorme néon clignotant au milieu de la nuit.
Elle s’efforça néanmoins à écarter ce bout d’elle qui n’était pas civilisé, ni raisonné. Qui donnait un baiser si sombre à l’être aimé, à leur époque ? Plus personne ! Ils avaient progressé depuis l’âge primitif où tout n’était que violence.

Elle laissa ses membres retomber mollement le long de son corps, non sans éprouver ce pincement ridicule qui commençait à devenir familier. Elle était tout le temps emmerdée par son cœur ; à croire qu’il n’avait pas appris de ses erreurs… Ou qu’il avait oublié au moment qu’il avait baissé sa garde face à Thulrur ; Thulrur qui se décida à sortir de son état d’ahurissement. Son sourire vacilla légèrement. Nihahsah força la façade à se reconstruire, à maintenir l’expression douce alors que son âme se recroquevillait comme une paire de griffes mal aiguisées. Il avait l’air si sincère, si convaincu de ce qu’il disait. Elle sut à ce moment-là qu’il lui faisait confiance, au moins dans une certaine mesure ; un cadeau que la lionne aurait préféré ne pas avoir à accepter. Parce que Nihahsah savait, elle. Elle savait que ses pères, mères, frères, sœurs de clan n’avaient jamais été autrement que ces visages, là — narquois, faux. Elle baissa les yeux, penaude. Elle se souvenait sans mal de leurs manèges d’adolescents méchants ; lorsqu’ils prenaient pour cibles les Étrangers innocents. Des égarés, des exilés, des personnes qui avaient sûrement soufferts de bien de maux, et qu’ils avaient plus ou moins acculés, insultés, blessés dans leur ego. Elle embrassa à nouveau la gêne qui était née le soir de sa vraie rencontre avec Thulrur ; une nuit durant laquelle Nihahsah avait pris conscience de leur bêtise. Avoir une Terre à eux les avait rendu débiles, les avait poussé à se croire supérieurs aux voyageurs. Une idée perfide la saisit soudain, raclant le creux de son bide : et s’ils avaient été foudroyés pour les punir de leur manque d’humilité ? Elle pâlit sous son habit couleur sable chaud. Comme souvent face au malaise, l’Uamuzi se mit à creuser des petits sillons dans le sol avec ses griffes, laissant un drôle de dessin informe la captiver ; pour cause, les yeux de Thulrur lui semblaient désormais trop perspicaces. Elle avait peur qu’il comprenne, qu’il devine. Si cela arrivait, le mâle la planterait sûrement là. Il ne voudrait plus passer du temps avec elle, et regretterait de l’avoir choisie pour chef.
Et qui pourrait le lui reprocher ? Elle avait fait du mal à des innocents, gratuitement.

Au final, Thulrur lui ôta l’épine du coussinet en enchaînant sur leur avenir. La fameuse nouvelle vie qu’il proposait était affreusement tentante mais semblait si loin… Elle ne les croyait pas tirés d’affaires ; ils ne le seraient sans doute pas avant un moment. Elle soupira de résignation par anticipation, releva les yeux en reversant la nuque pour observer le ciel, puis se demanda de à quoi pouvait avoir l’air son idéal à lui. Elle essaya de l’imaginer, de se le figurer… sauf que, là encore, l’absence de connaissances lui coupa l’herbe sous le pied. Elle n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemblait une montagne ; à l’exception, bien sûr, de ces ombres discrètes qui ourlaient parfois la ligne d’horizon. Ces fameuses ombres-ci qui exerçaient sur elle une drôle d’attraction-répulsion. Elle avait à la fois envie de courir vers là-bas pour découvrir ce monde-là, et peur de réaliser que les silhouettes étaient trop loin pour qu’on les rejoigne en une seule vie ; pire, des fois, Nihahsah croyait les voir danser et devait se résoudre à une seule conclusion : ces corps immenses n’étaient que des illusions.
Elle le voyait comme la course du soleil ; les lions étaient conscients que l’astre se mouvait au-dessus d’eux, et que le soir il chutait sûrement quelque part, mais personne ne savait vraiment où. Et personne n’osait aller voir, à cause de la peur.

- Mhhh. Elle fit craquer ses cervicales douloureuses en s’ébrouant, avant de finalement croiser les prunelles de Thulrur. Elle se sentait assez rassérénée pour l’affronter. La vie idéale ressemblerait à quoi, pour toi ? Une montagne ? Elle embrassa la clairière qui les entourait du regard en fronçant les sourcils, puis — plus bas — osa poser une question qui la tracassait. Est-ce qu’il y a autant d’arbres qu’ici dans les montagnes ? J’aimerais bien en voir une de près, hein ! Mais s’il y a encore des feuillus, je vais faire une overdose. Elle grimaça. Trop de feuillus partout.
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Sam 6 Juin - 15:02
https://msafara.forumactif.com/t23-thulrur-la-flamme-de-la-monta
Il laissa un rire rouler au fond de sa gorge, ses yeux pétillant de bonheur à l'évocation de ses montagnes.
Ça dépend des montagnes. Il y en a qui sont couvertes de forêts. Il quitta Nihahsah des yeux et releva le regard vers un point imprécis; mais il était persuadé de savoir dans quelle direction regarder. Son instinct le lui disait, tout comme les oiseaux migrateurs savaient précisément où aller, même dans leurs premiers voyages. Lui aussi, il savait où Elle était. Mais la mienne... elle n'était que roches et brumes. Et pluies battantes et orages tonitruants; et à-pics dangereux et falaises insoupçonnées; et coupe-gorges inattendus et embuscades souterraines. Une montagne tout particulièrement inhospitalière, pour quiconque n'était pas Zigil.

La voix du lion, toujours aussi douce en présence de Nihahsah, s'était à présent teintée d'une nuance chaleureuse. Comme un foyer brûlant au fond de sa poitrine, qui libérait quelques flammèches après des mois de cendres froides. Comme si, enfin, Thulrur revivait.
La Montagne restera toujours mon foyer, et pourtant... elle n'était pas idéale, concéda tout de même Thulrur. La vie idéale, ce n'est pas tant un endroit, mais plutôt ceux qui le peuplent. Il était sûr que la Combe où son clan s'était caché n'avait rien à envier à la Montagne; car où étaient les Zigil était leur foyer. Même s'ils étaient éparpillés aux quatre coins du monde. Alors, il reposa son regard sur la lionne à son côté et lui offrit un véritable sourire. S'il trouvait des hauteurs appropriées où installer les siens, il irait les chercher sans hésiter. Mais, à présent, Thulrur ne cherchait plus de terrain pour lui-même, car sa vie idéale, il savait où elle était. Et ce n'était pas une montagne ni un territoire : c'était partout où Nihahsah serait.
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Nihahsah
Lun 8 Juin - 12:57
Nihahsah le regarda après avoir lancé les derniers mots à la dérobée ; son cœur battit fort quand il sembla réanimé. Quelque chose s’alluma, là, dans ses yeux sombres. Elle l’observa, fascinée. Ils avaient tous des choses suffisamment aimées pour réveiller le bonheur endormi par des semaines de fatigue. Pour Thulrur, cela devait être la montagne. Nihahsah, elle, n’en ressentait pas autant pour le Paradis. Elle avait adoré son petit univers clos, bien sûr, mais en avait peu à peu perdu le goût en marchant aux côtés d’Uamuzi. Ils lui avaient fait découvrir d’autres saveurs, plus exotiques, que l’ancienne Msafara appréciait davantage.
Elle lui sourit largement, ravie de lui arracher quelques informations sur le lieu d’où il venait. D’ailleurs, à son expression presque euphorique, Nihahsah devina qu’il n’avait pas été banni. Un exilé ne parlait pas avec pareille douceur de sa vieille maison laissée derrière. Il avait dû se passer autre chose. Elle se promit de le savoir, un jour ou l’autre ; mais encore fallait-il gagner suffisamment sa confiance pour arriver jusque-là.

Son récit la fit jubiler. Elle essaya d’imaginer ce à quoi cela pouvait ressembler ; dans la bouche de Thulrur ce qui pouvait avoir l’air sordide ou peu amène avait l’air d’un refuge. Son plumeau se balança au rythme de ses coups de cœur, les yeux presque fermés. Enfin, quand il avoua que le foyer n’était pas tant un lieu qu’une poignée d’individus, la lionne ne put qu’acquiescer. Lui était sa maison, ce coin où la lumière brillait toute l’année sans jamais faner ni fadir. Elle ronronna tout bas, un son qui résonna paisiblement dans la clairière. Je comprends, dit-elle avec un regard vague.
La magie fut rompue par un bruissement. Nihahsah tressaillit, ouvrit les yeux en grand pour fusiller du regard celui qui osait troubler leur quiétude ; l’individu concerné ne se signala pas mais la Rebelle sut qu’ils devaient rentrer. On les cherchait, vraisemblablement. Leur absence avait peut-être inquiété les autres membres du groupe. Elle se releva calmement, donna un petit coup du bout de la queue sur la joue de Thulrur, puis se glissa dans les fourrés en lâchant un « allons-y » boudeur. La récréation était terminée.
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