Ahhh les groupes de chasse... Inyanga les observait, allongée à l'ombre d'un arbre, léchant vainement ses pattes pour les passer lourdement sur ses oreilles ensuite. Elle se demandait déjà quel part elle mangerait, en voyant certains revenir avec de bonnes proies, la femelle ne pu s'empêcher de se lécher les babines. Tout cela était appétissant. Certains traînards revenaient les pattes vides, Tsss... Quelle bande de bons à rien, pensa la femelle aux pattes peinturlurées.

Des pas firent sortir Inyanga de son observation, et la voix de sa Dame eu comme effet de faire se redresser la jeune femelle aussi rapidement qu'elle le put, s'asseyant droite, la queue enroulée autour de ses pattes avec grâce. Belle journée, n’est-ce pas ? Demanda d'une voix bienveillante Dame Inqaku. Veux-tu marcher ?

Flattée par cette proposition, Inyanga se racla la gorge avant d'accepter la demande de sa Mère. Elle commença à suivre sa Reine en silence, ne sachant si elle devait commencer un dialogue elle même, ou laisser Dame Inqaku choisir du moment propice. Mais, après quelques minutes à observer les chasseurs qui s'éloignaient pour rejoindre le reste du clan, Inyanga prit l'initiative de débuter la conversation.

- Nous avons de très bons chasseurs dans le clan, avait-elle commencé, sans réellement savoir de quoi elle parlait, puisque Inyanga ne chassait pas, où très peu. Intérieurement, elle espérait que sa Dame ne critiquerait pas son train de vie, à flemmarder au soleil pendant que le reste du clan partageait les tâches importantes pour vivre correctement. Grâce à vous, le clan vit en harmonie, et chacun a pu trouver la place qui lui convient.

Inyanga était sincère. Comme la plupart des Khomba, elle suivrait sa Reine au bout du monde. Néanmoins, elle profitait de chaque occasion pour ne pas se fatiguer... Puis-je vous être utile en quelque chose Mère ? Demanda enfin la lionne. Après tout, elle doutait que cette balade ne soit qu'une simple promenade de santé, sa Reine avait sûrement tout un tas de choses à faire, et Inyanga n'imaginait que trop mal le fait que sa Dame puisse perdre du temps avec elle.

Si le comportement stressé d'Inyanga ne passait pas inaperçu, sa Mère elle, n'était pas du tout dans le même état d'esprit. Sereine, elle affichait un comportement détendu et calme. N’aie crainte jeune Inyanga, tout va bien. Avait-elle dit à Inyanga avec un sourire amusé.

Inyanga essaya donc de se détendre, appréciant la compagnie de sa Reine bien aimée. Elle ne souhaitait pas froisser sa Dame, et un comportement stressé laisserait penser que Inyanga n'est pas à l'aise en compagnie de Dame Inqaku, alors qu'au contraire, elle était heureuse de voir que la Reine des Khombas venait passer un peu de temps à ses côtés.

- Je tenais à te féliciter, on m’a dit que tu t’es bien défendue face à Légion. Dame Inqaku posa son regard sur l'oreille déchirée de Inyanga. Celle ci ne su quoi répondre. Sa Dame la félicitait d'avoir combattu la légion ? Inyanga sentit son coeur s'emballer dans sa poitrine. Elle était si fière qu'elle en gonfla instinctivement le torse, redressant légèrement le menton pour se donner de la hauteur.

- Merci Mère ! Répondit enfin la jeune femelle. Je n'ai fais que mon devoir pour protéger notre Clan. Avait-elle ajouté fièrement.

Inyanga ne recevait que très peu de compliments. Il fallait bien avouer qu'elle ne faisait pas grand chose pour y avoir le droit. Toujours à flemmarder, elle se faisait surtout enguirlander. Mais lorsque une escarmouche éclatait, elle était la première sur les lieux pour défendre son peuple.

- Il n’est jamais aisé de mettre les pattes sur le champ de bataille pour la première fois. As-tu eu peur ? Demanda ensuite la Reine à Inyanga. Celle ci aurait voulu se venter que non, qu'elle n'avait pas douter le moindre instant. Mais elle ne pouvait mentir à sa Déesse. Dame Inqaku méritait la vérité, et c'est donc pour cela que Inyanga prit le temps de répondre, réfléchissant à ce qu'elle allait dire pour expliquer ce qu'elle avait ressenti.

- Lors du début du combat, j'ai eu peur ma Dame. J'ignorais si je serais apte à combattre comme il se doit. Mais, je préférais mourir au combat plutôt que de fuir devant les Cidanka, alors je me suis lancé, et nous avons réussi, ensembles à les faire reculer. Je pense qu'un combat fait toujours peur, mais il faut savoir passer outre.

Inyanga n'était que rarement sincère. Elle avait surtout tendance à surjouer, ou se venter sans gène. Mais face à Dame Inqaku, la jeune femelle préféra jouer la carte de la sincérité. Elle ne cherchait pas à se démarquer, du moins, pas à cet instant précis. Pour elle, dire la vérité à Dame Inqaku ne pouvait être que bénéfique, car sa Reine savait tout, elle connaissait son peuple comme ses propres enfants, et une Mère sait lorsqu'un de ses petits ment...

- Dame Inqaku, puis-je vous parler d'une chose qui me tracasse ?

Inyanga, qui n'avait à la base pas l'intention de parler de l'histoire de Sipho à sa Reine, ne pu tenir sa langue. Trop inquiète que le mâle n'apporte des ennuis aux Khomba, la jeune Inyanga ne pu se taire plus longtemps. Elle espérait simplement que sa Dame ne le prenne pas mal.

- J'aimerais parler de Sipho, si vous me le permettez.

- C’est la définition même du courage. Avait prononcé Dame Inqaku lorsque Inyanga avait expliqué à sa Reine ce qu'elle avait éprouvé sur le champ de bataille face aux Cidanka. La jeune femelle était fière de recevoir ces compliments venant de la bouche de celle qu'elle admirait tant. Elle avait cette impression de se démarquer des autres pour la première fois. Ce genre d'attention, Inyanga ne la recevait que rarement, voir même jamais, et à cet instant, elle devait se retenir de ne pas sauter au cou de sa Dame.

Puis, vint le moment ou Inyanga senti qu'il était de son devoir de parler de Sipho à sa Reine. Craignant que le Prince ne soit un danger pour le clan, elle ne pouvait rester les pattes croisées sans réagir. Je t’écoute. Avait répondu Dame Inqaku. Voilà déjà qui était un bon point. La Mère du clan acceptait que l'on vienne lui parler de son fils. Elle n'était pas fermé à la conversation.

Après quelques secondes d'hésitations, et essayant de trouver les mots justes pour expliquer ses inquiétudes, Inyanga se jeta à l'eau.

- Pardonnez moi de remettre cela sur le tapis Mère, mais, je m'inquiète au sujet de Sipho. Après un léger raclement de gorge, Inyanga reprit. J'ai peur qu'il ne comprenne pas l'importance de son rôle au sein du Clan, mais également le danger que tout notre peuple court à s'accrocher autant à son amourette avec Jacayl... Ma Dame, j'ai eu une altercation avec votre fils, et ses propos m'ont particulièrement choqué...

Inyanga s'arrêta là, histoire de laisser à Dame Inqaku le temps de réflexion. Elle jugerait, selon la réaction de sa Reine, si elle continuerait à raconter sa dispute avec le Traître ou non... Elle espérait surtout que sa Dame ne prendrait pas cette discussion comme un affront à son fils, ou quelque chose du genre.

- Sipho est maître de ses propres choix, comme chacun d’entre vous. Sois en rassurée, c’est une crainte partagée. Je ne peux me prononcer d’avantage pour le moment, retiens simplement que la voix du peuple l’emporte toujours.

Inyanga ne savait pas réellement quoi penser des paroles de sa Reine. Elle disait que c'était une crainte partagée, mais précisait tout de même que Sipho était maître de ses choix. Mais si cela mettait le clan en danger, ne fallait-il pas le stopper avant qu'il ne soit trop tard ? Tout ceci était flou, trop flou aux yeux de la jeune femelle, qui resta silencieuse.

- Que t’as-t-il dit ? Enchaîna Dame Inqaku. Inyanga réfléchit. Devait-elle dire tout ce que le dit-Prince avait balancé ? Où devait-elle en rester là, et laisser à sa Reine le choix de décider du sort de son fils. Elle craignait que Dame Inqaku ne fasse passer son amour pour son fils avant la sécurité du clan. Après tout, Sipho était la chair de sa chair, il était normal de vouloir le protéger. Mais le Prince était un danger, il fallait agir. Alors, Inyanga prit la décision de dire ce que le mâle avait osé balancer.

- Lorsque nous avons discuté, il m'a clairement fait comprendre qu'il ne vous devait rien, il est persuader de faire les bons choix. Inyanga ne savait pas vraiment comment expliquer les paroles du Prince. Tout se mélangeait dans sa tête. Il a défendu Jacayl, en prétextant qu'elle est comme nous, mais qu'à cause des querelles entre les Cidanka et les Khomba, nous nous voilons la face. Il ne pense qu'à son amour pour cette lionne, oubliant le reste. Ses paroles m'ont donné le mauvais pressentiment qu'il n'hésiterait pas à nous trahir pour elle. Je ne sais quoi penser de tout cela ma Dame.

Inyanga se trémoussait de nouveau d'une patte à l'autre, mal à l'aise. Tout ceci était trop pour elle. Elle qui ferait tout pour protéger sa Dame et son clan, savoir que Sipho était un traître... Le propre fils de Dame Inqaku, un danger pour le clan, qui l'aurait cru, et pourtant c'était la vérité. Inyanga ne pouvait fermer les yeux face à tout cela, et elle espérait que ce serait la même chose pour sa Reine.