Elle se trouvait de l'autre côté du lac, loin du Promeautoire. Coincée entre la paroi de la falaise derrière elle et la rive du lac qui venait doucement lécher la roche à ses pattes. Pas très loin, de l'eau de la surface venait alimenter le lac en une cascade raide et lisse; et la Souris trottina jusqu'au rideau ainsi créé – un voile parfait derrière lequel se cacher. Elle attendit là un instant – un battement de cœur, deux battements de cœur – puis continua sa route en se faufilant le long de la paroi. Elle ne voulait pas qu'on la voie, surtout pas aujourd'hui. Ulohiso et les autres guerriers n'étaient pas loin; et elle ne voulait surtout pas se faire héler s'ils la voyaient passer. De plus, elle filait un certain lion; et elle ne tenait pas particulièrement à ce qu'on l'aperçoive en train de lui parler.

Petit à petit, de cachette en cachette, elle atteignit la pierre où se trouvait le Prince. Elle s'y faufila prestement, en silence, et se coucha tout près du lion. Pas par respect ou par soumission, mais dans un réflexe naturel de se faire la plus petite possible.
— Prince Sipho ! l'appela-t-elle à voix basse, d'un ton urgent. Comme si elle allait lui dire quelque chose de la plus haute importance, quelque chose de secret...

- Prince... Répetait-il machinalement la langue coincée entre ses dents, signe d'un léger agacement de la part du-dit Prince (déchu). Son altercation avec sa propre mère était loin de lui avoir donné du baume au coeur ou bien de l'avoir rendu aimable outre mesure. Sipho n'était pas content.

- Quoi? Et il n'était même pas aimable d'ailleurs lorsqu'une petite souris était venu se faufiler jusqu'à lui. Il pouvait à peine mettre un nom sur ce visage tant la petite chose passait inaperçu, tant elle était discrète. Je n'ai pas réellement envie d'être dérangé... Avait-il soupiré pour finalement se rendre un peu plus aimable. Il s'était retourné vers sa nouvelle correspondante: Elle avait l'air si fragile qu'il craignait que ses mots ne l'ait brisée en plusieurs morceaux.

- Pardon... Que puis-je faire pour toi? S'était-il ressaisi.

Elle avait eu un geste de recul, déjà prête à retourner dans son trou. La fuite était toujours la meilleure solution, surtout quand on lui faisait explicitement savoir que sa présence était malvenue; mais le Prince demanda le pardon assez vite pour que la Souris ne disparaisse pas. Elle apparut tout de même hésitante et inquiète, toute ratatinée sur elle-même. Mais elle n'était pas là pour trembler : elle était là pour parler. Alors, comme s'il était toujours aussi simple pour son esprit de commander à ses réflexes primaires, elle se détendit et sembla briser le voile de timidité qui l'entourait habituellement.

— C'est plutôt moi qui voudrais faire quelque chose pour vous. Sa voix était basse, de sorte que personne ne puisse les entendre; et de toute façon, les cascades environnantes couvraient sans problème les murmures de la Souris. Vous savez... Elle hésita encore, repensant à sa discussion passée avec Inyanga. Un regard furtif à gauche, un regard rapide à droite. Tout le monde n'est pas contre vous.

Et qu'est-ce que ça lui ferait ? Si Sipho avait besoin de partisans, il lui fallait des gaillards musclés et des lionnes aussi imposantes que lui; pas une demi-portion tout juste bonne à trembloter de peur dans un coin. Honteuse, Impuku baissa le regard – elle avait peur qu'il la rejette. Elle avait déjà dû réunir tout son courage pour oser venir lui parler, et son cœur tendre ne supporterait sans doute pas une deuxième brusquerie.

- Vous savez... Tout le monde n'est pas contre vous. Les oreilles du mâle s'étaient redressées de même que son port altier.

- ... Comment ça? Faisait-il mine de ne pas comprendre. Et qui était-elle d'abord? Les lionnes de Khomba étaient toutes des fourbes, tout comme l'était Mère et Inyanga (il avait pu le constater). Alors que voulait-elle réellement celle-ci mettait beaucoup trop en avant sa timidité -selon Sipho qui se montrait définitivement méfiant avec la gente féminine-.

- ... Tu es simplement venu pour me dire ça? Inquisiteur, hautain tout au plus comme à a son habitude, il avait cet air naturel qu'il ne pouvait pas effacer de son visage. Il se doutait bien qu'il n'avait pas que des détracteurs, il y en avait toujours qui nageaient à contre courant mais en l'occurence ils se faisaient rares pour ce qui était de sa cause.

La remarque était cinglante; du moins, du point de vue de la petite soumise. Oui, après tout, qu'était-elle venue lui dire ? Elle n'en était même pas tout à fait sûre – alors, elle se sentit soudain très bête.

— Eh bien, vous savez, je... balbutia-t-elle un moment avant de réussir à aligner deux mots. Moi j'aimerais beaucoup qu'il y ait la paix, comme vous dites... Et comme le clamaient tous les Khomba – même si leur soif de sang n'était plus à prouver. Impuku n'arrivait décidément pas à s'exprimer, et elle commença à se dire que, finalement, avoir établi un premier contact c'était déjà très bien ! Il n'avait pas l'air de bonne humeur, et aller lui dire de se méfier de certains lions comme Inyanga ne semblait pas du tout être une bonne idée. Du moins, pas pour l'instant.

— Mais, enfin, je peux vous laisser tranquille si vous voulez... Un seul mot de sa part et elle était prête à filer aussi vite qu'elle était venue.

- Tout le monde veut la paix. Avait répondu Sipho, manquant clairement de douceur ou bien de tact dans le ton qu'il employait avec elle. Bien évidemment que tout le monde la souhaitait mais selon les Khomba tout comme les Cidanka pour avoir la paix il fallait la guerre. Si vis pacem, para bellum. Quelle bêtise... Sipho n'avait aucune envie de retrouver sa bien aimée entre les griffes de quelconque soldats que ce soit et c'était bien pour ça qu'il ne voulait pas de guerre.

- C'est Mère qui t'envoie pour me tenir compagnie? Pas que ç'avait déjà été dans ses habitudes mais peut-être que Mère tentait par les moyens les plus fourbes de venir à bout de la rébellion de son immature de fils. Qu'ils s'occupent avec une adorable lionne qui soit missionner de lui retourner en douceur le cerveau et de le faire passer du bon coté. Tu sais quoi, je lui dirais que tu as fait un bon travail, que ... Il cherchais son nom; Tu m'as ouvert les yeux. Il avait levé les yeux au ciel décidément très désagréable et aussi dédaigneux qu'un noble pouvait l'être.

- Comme ça toi, ou moi, on ne sera pas forcé de jouer aux imbéciles et de faire croire qu'on ne comprend pas les réels convictions de l'autre, hum? De toute façon lui il avait bien compris son manège, il était intelligent Sipho: Le jeu n'en aurait pas valu la chandelle.

— Q-Quoi ? resta-t-elle figée un moment, avant de comprendre. Non non non non non ! se précipita-t-elle alors, dans sa panique évidente. C'était la pire chose qui pouvait lui arriver : que quelqu'un aille raconter à Inqaku qu'elle avait fureté auprès de son fils. Se faire bien voir n'était pas forcément une des aspirations d'Impuku; mais se faire mal voir l'était encore moins.

— Je vous en prie, ne lui dites pas que je suis venue ! Elle n'en sait rien ! Et si Sipho allait le crier sur tous les toits, alors la Souris ne finirait pas d'en entendre parler – par sa famille d'abord, et puis par tous les autres membres du clan comme Inyanga... Saurait-elle retourner la situation dans sa faveur, dans ce cas ? Faire croire qu'elle était allée s'expliquer avec le Prince, comme Inyanga l'avait elle-même fait ?

— Moi je m'en fiche que vous aimiez Jacayl ou n'importe qui d'autre ! Elle devait le convaincre d'une façon ou d'une autre mais, dans sa précipitation et sa panique, ne se rendait pas compte que ses justifications pouvaient paraître d'autant plus suspectes. La pauvre n'avait pas encore assez de maîtrise de soi pour parfaire son éloquence. Je pense même que je suis l'une des rares qui s'en fiche vraiment !

La pauvre lionne semblait ne pas vouloir que l'on en parle à Dame Inqaku, soit, Sipho ne dirait rien pour ne pas griller la couverture du pauvre pion qu'avait utilisé sa mère... Il avait fait rouler ses globes sous ses paupières, décontenancé: Qu'il était bon, qu'il était grand homme que de ne pas détruire ici et maintenant le travail de cette pauvre petite souris.

- Moi je m'en fiche que vous aimiez Jacayl ou n'importe qui d'autre ! Je pense même que je suis l'une des rares qui s'en fiche vraiment !
- Oui, j'en suis convaincu. Et quelle joie d'avoir avec moi, enfin, une alliée! S'il fallait jouer le jeu, il le faisait sans aucune conviction mais au moins il disait à la jeune lionne ce qu'il fallait. Il ne restait plus maintenant à Sipho qu'à tendre une oreille attentive en direction de la petite bleu pour qu'elle lui fasse son sermon.

- Alors? Le Prince s'était doucement allongé sur son petit promontoire de pierre qui n'avait biensure rien à voir avec le Promeautoire de sa mère. C'est que tu n'a pas envie de te battre c'est ça? La guerre t'effraie? Finalement, tant à faire, autant creuser un peu plus. Et si elle disait la vérité? Sipho était convaincu que non mais il aurait aimé savoir jusqu'à quel point elle avait travaillé son personnage.

Évidemment, il ne la croyait pas, et Impuku ne put que baisser la tête d'un air penaud. Mais que dire, que faire, s'il était convaincu qu'elle était du côté de sa Mère ? Lui prouver sa loyauté ? C'était bien impossible, car Impuku n'était ni d'un côté ni de l'autre. Elle n'avait pas conscience du conflit qui déchirait mère et fils; elle ne voyait que la guerre et le besoin de la faire cesser. Inqaku n'était pas son ennemie, et les Cidanka non plus – seule la Guerre l'était.

— Oui, c'est ça... avoua-t-elle tout bas. Tout le monde le savait et pourtant, Impuku ne l'avait jamais explicitement dit. Elle n'en parlait même pas avec sa famille tant le sujet était considéré comme tabou par tout son entourage. Mais ce n'est pas la seule chose qui m'inquiète. Je peux échapper aux batailles en prétextant m'occuper des lionceaux et les garder ici. Mais je ne peux pas échapper aux batailles qui se déroulent au sein même de notre clan. Et j'ai l'impression qu'il va y en avoir. Son visage affichait une inquiétude sincère; si les tensions n'avaient pas encore éclaté, l'atmosphère au sein de la Noblesse était indéniablement le calme avant la tempête.

— Sipho, je... je pense que certains Nobles vous veulent du mal. Voilà ce qu'elle était réellement venue lui dire. Elle ne voulait pas alimenter les braises qui tourmentaient les Khomba mais, en ne disant rien, elle se faisait complice d'actes potentiellement infâmes – et ça, elle l'acceptait encore moins.

- Sipho, je... je pense que certains Nobles vous veulent du mal. Elle avait été très convaincante dans son rôle jusque là et Sipho s'y était laissé prendre. Maintenant, fallait-il voir si elle avait également trouvé des boucs émissaires sur lesquels remettre toute la faute.

- Qui? Avait-il demandé, autoritaire. Certains Nobles ce n'était pas suffisant! Biensure que certains lui en voulaient puisqu'ils n'avaient pas l'intelligence, la sagesse d'esprit de comprendre qu'on ne menait pas une guerre pour autrui et encore moins sans avoir une raison autre que de vouloir se défouler.

Le bleu s'était posté devant la souris, ne lui laissant aucune chance d'échapper à la question... Enfin, les souris savaient se faufiler un peu partout vous savez.

Inyanga les observait, les deux.

Elle avait bien aperçu Impuku, qui semblait chercher quelque chose, ou peut-être quelqu'un ? Et Inyanga, qui appréciait mettre son museau partout, suivit la Souris... Celle ci était allé rejoindre le Prince. Inyanga observait, silencieuse, camouflé, elle scrutait chacune des expressions de visage des deux félins qui discutaient. Comme à son habitude, Sipho prenait son air hautain, son visage reflétant bien sa personnalité irréfléchie.

Impuku elle, semblait toujours aussi réservée, n'osant pas vraiment regarder le dit-Prince dans les yeux... Pauvre Impuku... Mais d'ailleurs, pourquoi été-elle là, à discuter avec le traître ? Inyanga cru apercevoir de la peur s'afficher sur le visage de sa camarade... Sipho la menaçait-il ? S'en prenait-il à la pauvre Souris pour obtenir des informations, ou lui faire du chantage pour regagner un minimum de crédibilité au sein du clan ?

Inyanga ne pu rester là à regarder la pauvre Souris terrifiée devant les griffes de ce gros matou. Elle devait venir au secours de la jeune Impuku. Sortant de sa cachette, elle se lécha les poils rebiquant de sa fourrure, puis enleva les feuilles qui s'étaient accrochées à son pelage, pour ensuite se diriger en trottinant vers les deux félins. Se forçant à afficher son plus beau sourire, elle se mit à hauteur du duo puis s'exclama :

- Quelle belle journée ! Un sourire étiré sur son visage, elle salua Impuku, puis adressa un signe de tête au Prince. Alors, qu'est ce que trois Khomba pourraient-ils bien faire en ce bel après midi ?

Tiens, ça, ça l'avait intéressé ! Mais pas de la façon qu'Impuku avait espéré; à présent, le Prince s'était levé, autoritaire, presque menaçant. Intimidée, la Souris se ratatina encore sur elle-même, cherchant à reculer doucement – mais il n'y avait que le mur de la paroi rocheuse derrière elle, et Sipho devant. Il était bien deux fois plus gros qu'elle et il ne lui laissait aucune échappatoire possible. Il demandait – non ! Il exigeait un nom. Mais ça, Impuku ne voulait pas le dire, et il le savait très bien. Elle ne voulait pas accuser qui que ce soit, juste conseiller le Prince à rester en sécurité ! Il était un Khomba, comme elle, et même si leurs opinions divergeaient, elle n'acceptait pas qu'on veuille lui faire du mal. Mais ça allait dans les deux sens : de la même façon, elle ne voulait pas que du mal soit fait aux Khomba qui murmuraient ouvertement contre Sipho.

Elle était coincée, autant littéralement que figurativement. Elle était obligée de parler et, cette fois, le mensonge n'était pas une option.
— Inyanga... souffla-t-elle tout bas, en apercevant la lionne approcher vers eux. Très vite, elle s'imposa dans leur espace, offrant une porte de sortie à l'adolescente. Elle se sentit respirer à nouveau et, esquissant un faible sourire, car encore secouée par la brutalité de Sipho, elle salua son aînée : Bonjour Inyanga !

Elle était sincèrement soulagée de la voir là – car Impuku ne pensait pas pouvoir se faire prendre, étant donné qu'elle ne faisait rien de mal. Certes, Inyanga était en guerre ouverte contre Sipho et elle ne s'en cachait pas, mais Impuku se sentait en dehors de tout ça. Elle avait beau craindre la naissance des conflits dans le clan, elle ne se rendait pas compte qu'ils étaient déjà bien présents.

La Souris ayant annoncé l'arrivé d'un troisième individu, Sipho n'avait pas fait le lien avec sa question, du moins s'il l'avait fait à la première prononciation du nom d'Inyanga le mâle s'était ravisé lorsqu'il l'avait vu s'imposer.

- Alors, qu'est ce que trois Khomba pourraient-ils bien faire en ce bel après midi ? N'avait-elle pas d'autre chat à fouetter, elle qui le méprisait tant comme elle le lui avait fait comprendre bien plus tôt. Que cherchait-elle à faire? Une chose était certaine maintenant pour le Prince, si ces deux lionnes se connaissaient elles étaient forcément de mèche. Mais déchirer de la sorte la couverture de sa camarade c'était bien trop gros... Ou peut-être tout cela faisait-il parti du plan?

- ... Eh bien, tu pourrai peut-être retourner dormir? Avait-il proposer à Inyanga. De l'humour? Savait-il seulement ce que c'était? Au même titre que le sarcasme qu'il ne savait pas user, Sipho était beaucoup trop terre à terre pour ça bien qu'il sache comment l'on employait les mots à son avantage - son éducation l'oblige - il n'était pas des plus fins pour ce qui était de manier les styles. Ainsi, sa proposition était tout ce qu'il y avait de plus honnête.

Apparemment, Impuku sembla rassurée, soulagée même de voir Inyanga arriver. Pas étonnant, qui voudrait être en compagnie du Prince ? La pauvre Impuku venait sûrement de passer les minutes les plus longues de sa vie ! Surtout que, la petite Souris avait probablement été harcelée par le fourbe Sipho, Inyanga en était persuadée... Bonjour Inyanga ! C'était exprimé la Souris.

Inyanga laissa apparaitre sur son visage un sourire à l'attention de Impuku, avant de se tourner vers le traître qui avait répondu à sa question.

- ... Eh bien, tu pourrai peut-être retourner dormir ? Inyanga fixa le mâle, ne sachant si il plaisantait, si il la critiquait, ou bien si il avait sorti la première réplique qui lui était passé par la tête. Mais, plutôt que d'envoyer bouler le fils de sa Reine, Inyanga pouffa de rire, et donna un coup d'épaule dans le flanc du Prince.

-Allons Prince Sipho, s'exclama t-elle, joyeuse. Contrairement à ce que vous pouvez penser, j'ai écouté vos bons conseils lors de notre dernière entrevue, et j'ai décidé de participer plus activement à la vie du clan ! Après tout, n'est-il pas normal d'aider ces camarades de clan, et de prendre soin d'eux ?

Inyanga avait prit sa plus douce voix, surjouant le rôle de la petite femelle obéissante qui avait écouté les conseil de son prince adoré. Oh mais... j'y pense, j'espère que je ne vous ai pas coupé dans une conversation importante ? Hoqueta la femelle, jouant parfaitement la comédie. Elle était certaine que le prince devait bouillonner intérieurement. Son plan pour manipuler, ou menacer la pauvre Impuku était tombé à l'eau. Inyanga était intervenu au bon moment ! Mais elle devrait veiller sur la pauvre Souris, qui, aux yeux d'inyanga, serait incapable de se défendre face au fourbe Prince...

Sipho avait tout sauf l'air ravi de voir Inyanga débarquer; alors qu'elle semblait être, une fois n'est pas coutume, la plus aimable des lionnes. Si Impuku comprenait sans mal la réaction du Prince – après tout, elle savait que ces deux-là s'étaient disputés ! –, elle ne comprenait pas du tout celle de son aînée. Elle ne voyait pas tout à fait qu'Inyanga jouait la comédie, mais elle se doutait bien qu'il se passait quelque chose – avait-elle vraiment écouté les conseils de Sipho ? Était-ce possible ? Était-ce dans sa nature de se remettre en question à ce point, surtout après ce qu'elle lui avait dit ? D'instinct, Impuku répondrait que non mais, après tout... elle ne connaissait pas assez sa comparse pour être réellement capable de la juger, alors qui sait ?

Préférant croire à la soudaine bonté d'Inyanga, la Souris sentit son sourire soulagé s'accentuer. Si Inyanga avait vraiment changé d'avis, alors tout allait bien ! Sipho n'avait plus rien à craindre, ni à se méfier de qui que ce soit ! Rassurée quant à la bonne entente au sein du clan, Impuku s'approcha de l'autre lionne, un air encourageant au visage.
— Oh non, ne t'en fais pas ! balaya-t-elle joyeusement les inquiétudes d'Inyanga, qui n'avaient vraiment pas lieu d'être. Je suis contente de savoir que vous vous entendez mieux, tous les deux ! Et elle leur offrit à tous les deux le plus lumineux, le plus innocent et le plus pur des sourires.

Tiens donc, Sipho qui était partagé entre sa méfiance et l'idée très plaisante qu'il avait été capable de faire changer un personnage tel qu'Inyanga, il avait préféré choisir l'option qui gonflait son égo: La seconde donc et avait aveuglément cru les paroles de la fainéante bien que son coup d'épaule ne lui avait sembler rien d'amical.

- Hum. Je ne savais que nos relations étaient tendues au point que n'importe qui en soit au courant. Il avait regardé la petite souris puis ensuite la fainéante. Il ne portait pas cette dernière dans son coeur à cause de leur dernière altercation mais à vrai dire il ne l'avait pas hurlé sur tous les toits et surtout il avait décidé de l'oublier, de la mettre dans un coin de sa tête là où il rangeait tous les membres plus ou moins publiable du clan; Là où allait finir la souris d'ailleurs.

Le mâle avait contourné les deux lionnes après les avoir gratifier d'un discret hochement de tête.

- Je vais vous laissez alors, j'ai à faire... Ou plutôt il tenait à sa tranquillité pour digérer la nouvelle que lui avait envoyer sa mère en plein dans le visage. Au plaisir. Si l'on pouvait dire ainsi.

Impuku semblait ravie de voir que le traître de Prince et Inyanga se soient réconciliés. Intérieurement, Inyanga souhaitait secouer la Souris pour lui faire comprendre qu'elle était beaucoup trop naïve. Mais au moins, Sipho avait cru aux bobards de l'aînée des femelles aussi, ce qui était une bonne chose. Il serait plus facile de se débarrasser de lui si il n'avait aucun soupçon après tout...

- Je vais vous laissez alors, j'ai à faire... Miaula le Prince. Au plaisir. Dit-il avait de s'éloigner. Au revoir Prince Sipho ! Avait faussement ronronné Inyanga, qui rêvait de lui enfoncer ses griffes dans le visage. Elle ne le supportait plus. Son air hautain, la façon dont-il avait menacé sa camarade. Elle en était certaine, la pauvre Impuku aurait été dans de beaux draps si elle n'était pas intervenu au bon moment. Une fois que Sipho fut assez éloigné, Inyanga se tourna vers la Souris, un air sérieux sur son visage.

- Qu'est ce qu'il te voulait ? Demanda la femelle à sa cadette. Je t'ai vu, tu t'es recroquevillé comme si il te menaçait, il ne t'as pas fais de chantage ou je ne sais quoi ? Il ne t'as pas fait de mal ?

Inyanga était vraiment inquiète pour la Souris. Elle savait que celle ci serait dans l'incapacité de se défendre, elle était trop réservée, trop timide pour oser s'imposer au Prince Sipho...

Elle avait tout fait pour être aimable et bienveillante, la petite Souris. Mais finalement, elle avait compris. C'était les autres qui avaient raison. Un lion qui se battait véritablement pour la paix était censé être bon et gentil, compréhensif et plein d'empathie – du moins, c'était forcément l'image parfaite et utopique qu'elle s'imaginait.
Sipho n'était donc pas un ambassadeur de la paix. Parce qu'un réel pacifiste ne lui aurait pas parlé comme ça, ne l'aurait pas considérée comme n'importe qui et, surtout, ne l'aurait pas menacée physiquement. Oh, certes, le Prince n'avait guère frappé ni explicitement menacé, mais il n'en fallait pas énormément pour apeurer une Souris.

Il partit, comme chassé par l'arrivée d'Inyanga, et Impuku laissa échapper un tout petit soupir de soulagement. Ce n'était que maintenant qu'il était assez loin qu'elle se rendait compte de la chape de plomb qui s'était abattue sur elle, de cette oppression qu'elle avait ressentie en parlant à Sipho. Et la sollicitude de la lionne ne faisait qu'accentuer cet écart de sensation.
— Non non, il ne m'a pas fait de mal... voulut la rassurer Impuku d'une petite voix peinée. Il voulait juste me poser des questions... sur les autres membres du clan. Et elle baissa les yeux, honteuse et au bord des larmes. Elle avait vraiment eu peur.

Inyanga voyait bien que quelque chose n'allait pas. Si d'ordinaire, la Souris affichait un air joyeux malgré ses grandes réserves, cette fois ci, son visage affichait l'inquiétude, la peur. Et ce n'est pas sa pathétique phrase qui se voulait rassurante qui allait faire changer d'avis son aînée. Non non, il ne m'a pas fait de mal... Il voulait juste me poser des questions... sur les autres membres du clan.

Puis, Impuku baissa ses yeux menthe, et Inyanga aperçu très bien que des larmes tentaient de couler de ses yeux. La femelle fronça les sourcils, Sipho n'avait pas à s'en prendre aux membres du clan, surtout lorsqu'il s'agissait de lions tel qu'Impuku, qui étaient si timides. La pauvre Souris n'oserait pas s'opposer au Prince, elle se laisserait marcher dessus, et ça, Inyanga ne le tolérerait pas. Elle ne faisait peut-être pas grand chose dans le clan, mais jamais elle n'accepterait de voir ses camarades se faire rouler dessus par un traître. Elle caressa le flanc de la petite Souris avec sa queue pour la réconforter, bien qu'elle n'avait pas vraiment l'habitude de se montrer si compatissante.

- Que t'as t'il dit pour te mettre dans cet état Impuku ? Demanda Inyanga de sa voix la plus douce. Et que voulait-il savoir sur les membres du clan ?

Inyanga trouvait tout cela bien trop louche. Si Sipho avait des choses à connaitre sur certains Khomba, pourquoi ne pas aller les voir directement plutôt que d'interroger la pauvre Souris ? Il se tramait quelque chose. Il ne t'embêtera plus. Ajouta Inyanga qui voulait se montrer rassurante. Si je vois qu'il s'en prend encore à toi, j'interviendrais.

Topsy a écrit:

Désolée pour ce changement de couleur des dialogues de Inyanga. Le rose était trop flash XD

— Que t'a-t-il dit pour te mettre dans cet état, Impuku ? Et que voulait-il savoir sur les membres du clan ? Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne lui avait rien dit de particulièrement grave ou méchant. C'était plutôt dans sa façon d'être, d'agir et de parler qu'elle s'était sentie menacée : il lui avait lâché des remarques cinglantes et mauvaises, d'un ton qui en disait long sur son état d'esprit. Il était impoli, au comportement exécrable, et c'était à se demander s'il avait reçu une quelconque éducation – parce que même les barbares Cidanka ne se comportaient pas comme ça entre eux, Impuku en était sûre !

— Il ne t'embêtera plus. Si je vois qu'il s'en prend encore à toi, j'interviendrais. Impuku leva sur elle ses yeux humides. Elle avait la gorge serrée et mille émotions dans le regard; mais, tout de même, elle réussit à sortir un petit « merci » sans sangloter. Elle était vraiment secouée par cette brève entrevue – pire encore, elle se sentait humiliée. Humiliée par un pseudo-Prince qui considérait les autres membres de son clan non pas comme sa famille mais comme des sous-merdes.

— Je sais même pas ce qu'il voulait. Il m'a rien demandé sur quelqu'un de particulier, juste sur les autres en général. La pauvre en oubliait même de construire des phrases correctes. Je pense que... Il sait que je suis amie avec tout le monde ? Et ça, ce n'était pas bien compliqué à imaginer : en général, Impuku était assez appréciée. Certes, les vétérans la voyaient parfois d'un mauvais œil mais au-delà de ça, elle n'avait aucun problème avec les chasseurs et tout le reste du clan. Elle était si aimable et si serviable ! Comment aurait-il pu en être autrement ? J'ai hésité à lui dire quoi que ce soit, et c'est pour ça qu'il... qu'il l'avait menacée ? Non, elle ne pouvait pas se résoudre à le dire tout haut, parce qu'elle exagérait sûrement. ... qu'il m'a bloqué le chemin. Tu es arrivée juste à ce moment. Et elle lui était vraiment très reconnaissante pour ça.

— Merci beaucoup. Et elle renifla une fois, pour essayer de ne pas pleurer ouvertement.