Lindiwe revenait d’une chasse matinale. Après s’être repus, la grand-mère avait donné les restes, plus que suffisant, aux plus demandeurs du clan. Le soleil de midi brillait ardemment au-dessus d’elle, si bien qu’elle décida d’aller se reposer un peu à l’ombre, avant de repartir chasser, dans le noir cette fois.

Les Khombas avaient eu la bonne idée de choisir un lieu de vie assez protégé, leur offrant beaucoup d'ombre et peu d'eau sur la tête lorsqu'il pleuvait abondamment. Lindiwe aurait donc pu aller s'installer ailleurs lorsqu'elle remarqua la présence d'une jeune lionne là où elle comptait faire un petit somme. Elle se retourna d'ailleurs afin de partir dans la direction opposée, mais fit vite demi-tour en voyant le prince Sipho s’avancer dans son sens, hors de question qu’elle vienne à la croiser ! L’air de rien, la féline retourna donc aux côtés de la plus jeune.

Inyanga. la salua-t-elle avant de se coucher lourdement par terre, regardant d’un mauvais œil Sipho passer devant elles.

Une belle journée ensoleillée brillait au dessus du territoire Khomba, et comme à son habitude, la jeune Inyanga n'allait pas se tuer à la tâche alors que le soleil allait lui chauffer son pelage, lui donner soif, et peut-être même lui donner une insolation... Non, elle était là, allongée, observant les vas et viens des autres membres du clan. Elle remarqua Lindiwe, la vieille ronchon du clan, qui cherchait apparemment un coin où s'installer. Elle fit rapidement demi tour lorsqu'elle croisa le Traître de Prince qui passait par là.

- Inyanga. Dit-elle simplement, une fois arrivé à la hauteur de sa cadette. La vieille lionne se coucha alors aux côtés d'Inyanga, qui resta silencieuse, n'ayant salué la vieille que d'un signe de tête à peine perceptible. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'une des deux lionnes ne disent quoique ce soit. Inyanga bailla à s'en décrocher la mâchoire, et décida, qu'il était temps de faire courir certaines rumeurs qu'elle avait elle même entendu plus tôt dans la matinée.

- Je vois que tu ne portes pas le Prince dans ton coeur ? Dit-elle à Lindiwe, avec un sourire mauvais. Elle approcha ensuite sa tête de celle de la vieille pour lui annoncer une nouvelle qui lui faisait particulièrement plaisir... Tu connais la nouvelle qui se répend dans le clan ? Il paraitrait que Dame Inqaku aurait déshérité ce traître de Sipho... Un rire moqueur sortit de la gorge d'Inyanga. Une bonne chose si tu veux mon avis...

La femelle se tut, reposant son regard sur le reste du clan qui s'activait. Elle n'était pas certaine que cette rumeur soit fondée, mais elle l'espérait de tout son coeur... Mais il fallait rester prudent. Le Prince pourrait décider de se venger de sa Mère...

Lindiwe se tourna vers Inyanga, les sourcils froncés, qu'est-ce qu'elle lui voulait, elle ? Elle pouvait pas juste dormir et se taire, comme elle faisait à longueur de journée ? La vieille allait lui répliquer que non, comme tout Khomba censé, elle n’aimait pas le prince, mais elle se ravisa en entendant la suite de sa tirade.

D’où tiens-tu cette information ? demanda-t-elle.

Si c’était vrai, la jeune lionne venait de lâcher une petite bombe devant le museau de la grand-mère. Sipho, déshérité ? Dame Inqaku avait enfin ouvert les yeux sur son traître de fils !

Si le visage de la vieille Lindiwe affichait un air méprisant aux premiers abords, elle changea bien rapidement de faciès lorsque Inyanga lui annonça la nouvelle concernant le Prince déchu. D’où tiens-tu cette information ? Demanda-elle sans perdre de temps, d'une voix qui se ovulait tout sauf chaleureuse. Néanmoins, malgré l'agressivité de la vieille bique, Inyanga était heureuse de pouvoir partager sa découverte avec quelqu'un, et elle n’hésiterait pas à en parler à d'autres Khomba ensuite...

- Le bouche à oreille, ça va vite dans le clan... Commença t-elle, comme ci cela paraissait être une évidence. Les lions de la Cour parlaient de cela ce matin, et, les murs ont des oreilles, dit la plus jeune avec un sourire. J'étais allongée pas loin d'eux, et je les ai entendu. Vu la tête qu'ils faisaient, cela semblait sérieux...

Du moins, Inyanga l'espérait. Beaucoup de fausses rumeurs circulaient parfois dans le clan, et peut-être que cette nouvelle n'était qu'une connerie parmi tant d'autres. Pourtant, la mine du Prince laissait entrevoir un peu d'espoir dans le coeur de la jeune Khomba. Sipho avait la tête d'un lion ayant perdu toute crédibilité, toute fierté... Pour Inyanga, cela ne signifiait qu'une chose, Dame Inqaku avait agit...

- Je suis rassurée de voir que notre Mère a prit la bonne décision concernant ce traître... Ajouta Inyanga. Sipho ne mérite pas la place de Prince, pas après ce qu'il a osé faire...

La cour se composait des lions les plus proches de leur Dame. Si, comme elle le disait, Inyanga les avait vus parler sérieusement d’une possible destitution du prince, il y avait de forte chance qu’Inqaku ait enfin pris la bonne décision.

Lindiwe sourit à sa cadette, satisfaite.

Une bonne chose de faite ! Je pensais que la Dame n’allait jamais réagir. dit-elle. Les Khomba ne l’auraient jamais laissé monter sur le trône, de toute façon.

La vieille lionne aurait bien été demander à la cour plus d’informations, mais Lindiwe était trop bien installée que pour bouger. La fainéantise de sa voisine la contaminait-elle déjà ?

Tu crois qu’il va lui arriver quoi maintenant ? Si la rumeur se répand, la Dame devra faire une annonce pour officialiser tout ça. Ça ne me déplairait pas qu’on le donne en sacrifice au Cidanka. dit-elle avec un petit sourire mauvais au coin des babines.

Lindiwe écouta attentivement ce que lui disait Inyanga. Lorsque celle ci eu fini, un sourire se dessina sur le visage de la vieille lionne. Ca alors ! Elle savait rire ! Pensa Inyanga, surprise. Décidément, on pouvait apprendre des choses en passant un peu de temps avec le reste du clan. Inyanga était persuadé que c'était la première fois qu'elle voyait la vieille commère sourire...

- Une bonne chose de faite ! Je pensais que la Dame n’allait jamais réagir. Bien qu'elle se retint de confirmer les paroles de Lindiwe, Inyanga ne pu qu'approuver intérieurement ce que venait de dire sa voisine. Si, durant sa discussion avec sa Dame, Inyanga avait réussi à lui ouvrir les yeux sur son fils, la jeune femelle avait craint que les sentiments de Dame Inqaku passent avant le reste... Mais Heureusement, la Mère du clan prenait toujours les bonnes décisions. Les Khomba ne l’auraient jamais laissé monter sur le trône, de toute façon.

En était-elle certaine ? Après tout, excepté Inyanga, personne n'avait réellement osé dire à Sipho ses quatre vérités en face, et personne n'était allé prévenir Dame Inqaku du danger que pouvait devenir le Prince... Heureusement que Dame Inqaku est une Reine droite, qui fait passer le bien de son clan avant son crétin de fils, répondit Inyanga en lançant un regard mauvais à Sipho. Tout ce qu'il souhaitait, c'était de voir les Cidanka nous asservir... Un malade ce lion, un traître, voilà tout.

Inyanga méprisait ce foutu Prince de pacotille. Si toute cette histoire était vraie, elle ne se générait pas pour aller lui rigoler au nez, à ce Pipo. Il avait voulu faire le malin avec elle, à prêcher la paix avec leurs ennemis, et bien il n'avait que ce qu'il méritait.

- Tu crois qu’il va lui arriver quoi maintenant ? Si la rumeur se répand, la Dame devra faire une annonce pour officialiser tout ça. Ça ne me déplairait pas qu’on le donne en sacrifice au Cidanka.

Inyanga pouffa de rire. Le sacrifier ? Quelle bonne idée, elle se ferait même une joie et un honneur de lui infliger le coup de grâce elle même si cela était possible... Méfions nous, répondit-elle à sa compagne de commérages, n'oublions pas qu'il prenait la défense de sa Princesse et du clan Cidanka, peut-être est-il de mèche avec ces arriérés... Avec lui, il faut s'attendre à tout... Inyanga se tut un instant avant de reprendre. C'est pour cela qu'un sacrifice ne serait pas une mauvaise idée, car il pourrait nous trahir sans hésiter, j'en suis certaine.

Les paroles d’Inyanga la firent réfléchir. Elle reprit un air neutre et reporta son regard sur leur prince, l’analysant de haut en bas. Elle soulevait un vrai problème, Lindiwe n’avait, elle non plus, plus aucune confiance en ce lion.

La reine devrait le faire garder ici par quelques guerriers, je n’ai pas confiance en lui non plus.

Sipho voyageait encore trop pour la vieille lionne. Peut-être revoyait-il sa précieuse princesse près de la rivière ? Ou pire, conspirait-il contre son propre clan ?

Ou lui couper la langue, il ne nous trahirait pas plus sans pouvoir parler. proposa-t-elle, tout naturellement.

Il y avait beaucoup de solutions possibles, Inqaku avait l'embarras du choix. Lindiwe espérait qu'elle ferait passer son clan avant son fils.

Tu proposes quoi toi, comme alternatives ? demanda-t-elle à la plus jeune.

- La reine devrait le faire garder ici par quelques guerriers, je n’ai pas confiance en lui non plus.

Inyanga était agréablement surprise, Lindiwe n'était pas la vieille bique grincheuse qu'elle donnait l'impression d'être. Non, elle faisait marcher sa cervelle, et avait très bien comprit que Sipho était une menace qu'il ne fallait pas négliger. Il fallait espérait que Dame Inqaku soit du même avis que les deux commères. Inyanga opina du chef pour confirmer les dires de la vieille grise.

- Ou lui couper la langue, il ne nous trahirait pas plus sans pouvoir parler. Avait reprit Lindiwe d'un ton on ne peut plus naturel, qui ne choqua pas le moins du monde Inyanga qui au contraire, cherchait déjà une punition bien plus cruelle à faire subir au dit-Prince. Tu proposes quoi toi, comme alternatives ? Demanda Lindiwe qui semblait avoir comprit que Inyanga réfléchissait à ce qu'elle pourrait faire subir à Sipho.

- Hm... L'enterrer vivant peut-être ? Cela pourrait être une bonne solution, il se ferait bouffer vivant par les animaux rampants vivant sous terre... Inyanga souriait, toutes ces visions la rendait guillerette. Il faudrait que Sipho ai plusieurs vies, pour que l'on puisse le tuer de plusieurs façons différentes, cela serait une bonne leçon pour tous ceux qui souhaiteraient pactiser avec l'ennemi... Continua la femelle aux pattes de peinture. Mais, je suis certaine que Dame Inqaku ne sacrifiera pas son fils bien aimé, quel dommage... Elle lui donnera peut-être quelques corvées à faire, comme chasser plus dur que les autres...

Inyanga eu alors une illumination. Elle s'empressa de rapprocher son museau de Lindiwe pour lui faire par de son éclair de génie. Je viens de penser à quelque chose... L'eau commence à descendre, et bientôt, ces salops de Cidanka essayeront de nous attaquer... Qu'il serait dommage que notre Petit Prince meurt sous les coups de griffes de nos ennemis, tu ne penses pas ?

Bien-sûr, Inyanga se doutait bien que Sipho ne crèverait pas face aux Cidanka, mais un accident était si vite arrivé, après tout, qui se douterait que le Prince serait tué par l'un des siens ? Si son corps serait retrouvé, tout serait mit sur le dos de leurs ennemis... La femelle espérait que Lindiwe avait compris son message.

L’idée des vies multiples plaisait bien à Lindiwe, certes le lion était grand et costaud, mais la mission n’était pas non plus impossible.

La vieille lionne tendit une oreille attentive à l’idée de sa cadette avant de se retourner rapidement vers elle, les yeux imperceptiblement froncés. Comprenait-elle bien ce qu’essayait de lui faire comprendre Inyanga ? Elle resta dans cette position quelques secondes avant d’ouvrir la bouche.

Sous les griffes des Cidanka ou sous celles de ses ennemis ? demanda-t-elle en chuchotant, balançant discrètement sa tête en direction du prince, le désignant.

Lindiwe préférait être sûre d’avoir compris avant de se positionner sur cette idée. Elle ne connaissait d’ailleurs pas assez bien les intentions de sa camarade que pour exprimer le fond de sa pensée sans avoir peur d’un retournement de situation. Peut-être était-elle dans le camp de l’ennemi, après tout.

Lindiwe posa son regard émeraude sur Inyanga lorsque celle ci fit mention de la mort de Sipho. Inyanga se tut, ne sachant pas vraiment quoi penser de ce regard que lui jetait son aînée. Sous les griffes des Cidanka ou sous celles de ses ennemis ?

Tout en posant sa question, Lindiwe avait hoché la tête en direction du Prince déchu. La foncée elle, observa la vieille lionne un moment. Elle aurait aimé en dire plus à Lindiwe pour la rallier à sa cause, mais elle ignorait si elle pouvait lui faire confiance. Après tout, bien que Sipho avait trahi les Khomba en s'amourachant de Jacayl, certains restaient tout de même de son côté. Peut-être que Lindiwe faisait parti de l'un d'entre eux ?

- Je parle des Cidanka... Mentit-elle avec facilité. Qui pourrait réellement s'en prendre au Prince dans notre clan ? Il serait fou d'essayer ! Inyanga posa son regard sur le Traître, avant de reprendre. Je n'apprécie pas Sipho, et j'aimerais qu'il soit puni comme il se doit... Mais c'est à notre Mère de choisir ce que mérite son Fils...

Voilà qui mettait fin à la conversation sur le Prince Khomba. Si Inyanga aurait aimé tuer elle même le traître, elle devait être prudente, et se méfier de tout le monde... Elle préféra donc changer de sujet, jugeant qu'elle avait assez parlé du Prince pour aujourd'hui. Impuku... C'est ta nièce, c'est bien ça ? Demanda t-elle. C'est une gentille petite.

Inyanga et Impuku n'avait pas un grand écart d'âge. Mais vu la timidité de la cadette, Inyanga avait l'impression de parler à un lionceau lorsqu'elle passait un peu de temps avec elle. Intérieurement, elle espérait que la pauvre Souris allait se forger un caractère, car pour le moment, elle ressemblait surtout à une petite chose fragile...

Lindiwe regarda Inyanga, méfiante. Leur discussion avait si bien commencée, mais il fallait croire que la lionne à ses côtés n’était pas si pressée de se débarrasser du faux prince.

Il faudrait juste qu’il disparaisse…vite… se permit-elle de dire, tout bas

Voilà qui semblait clôturer la petite discussion. Sa cadette lui parla ensuite de sa chère nièce, Impuku. Drôle de changement. Inyanga avait-elle vraiment peur de parler de Sipho avec elle ? La grand-mère mit cette information dans un coin de sa tête avant de continuer.

Oui c’est ça et, un peu trop gentille si tu veux mon avis. Elle se fera déchiquetée par les Cidanka si elle continue comme ça.

- Il faudrait juste qu’il disparaisse…vite… Ajouta Lindiwe, ce qui signifia la fin de cette conversation concernant Sipho. Inyanga réfléchit un instant, se disant que peut-être, elle reprendrait cette conversation avec la mamie plus tard... A voir...

- Oui c’est ça et, un peu trop gentille si tu veux mon avis. Elle se fera déchiquetée par les Cidanka si elle continue comme ça.

Inyanga observa silencieusement son aînée. Il était vrai que la jeune Impuku était peut-être un peu trop douce. Un peu de caractère en plus ne lui ferait pas de mal... Toi qui as un tempérament... bien à toi, pourquoi ne lui apprends tu pas à se faire un peu plus respecter ? Demanda la plus jeune. Et concernant l'arrivée imminente de la guerre, j'espère qu'elle tombera sur un Cidanka à sa taille...

Il fallait l'avouer, si la Souris tombait sur un mastondonte durant le combat, il ne ferait qu'une bouchée d'elle, et il ne serait même pas rassasié... Je n'ai pas l'impression qu'elle s'entraîne beaucoup ?

Quelle ironie, Inyanga qui s'intéressait à l'entraînement des autres, alors qu'elle n'était même pas foutu de s'entraîner elle même... On aura tout entendu !

Inyanga croyait-elle que Lindiwe ne faisait pas son travail d’aînée comme elle le devait ? Elle l’aurait bien vu, elle, essayer de motiver la souris.

Tu crois que je n’essaye pas, peut-être ? Elle a juste un instinct de fuite plus développer que la moyenne. Et je n’ai plus le temps de lui courir après, elle sera bientôt assez grande pour comprendre le poids de ses choix.

Sa mère et elle avaient bien essayé de la faire un peu travailler, mais elle avait toujours le dont de leur passer entre les pattes. Impossible de la motiver pour tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à un art martial.

Et non, elle ne s’entraîne pas plus que toi, à vrai dire. lança-t-elle.

Lindiwe restait une vieille bique.

- Tu crois que je n’essaye pas, peut-être ? Elle a juste un instinct de fuite plus développer que la moyenne. Et je n’ai plus le temps de lui courir après, elle sera bientôt assez grande pour comprendre le poids de ses choix.

Inyanga haussa les épaules. Ce n'était pas son problème après tout, Impuku était assez grande pour faire ses propres choix, mais elle n'allait pas être d'une grande utilité durant la guerre qui approchait. Inyanga se demanda alors pourquoi elle s'inquiétait tant du sort de la Souris. Elles n'avaient rien en commun, et n'avaient même pas de liens de parenté. Inyaga s'intéressait uniquement à elle, et à ses parents bien qu'ils l'horripilent très souvent... Et pourtant, elle avait porté son dévolu sur la jeune Impuku, qui pourtant, n'avait rien de prometteur...

Elle secoua sa tête, préférant penser à autre chose, ou du moins, éviter de s'inquiéter pour la Souris. Et non, elle ne s’entraîne pas plus que toi, à vrai dire. Enchaîna Lindiwe. Inyanga ne pouvait que se taire sur ce point, étant donné qu'elle même ne participait que très peu à la vie du clan. Mais, contrairement à ce que beaucoup pouvaient croire, elle s'entraînait pour rester en forme, lorsque la guerre arriverait. Elle n'aimait juste pas aider aux tâches ingrates de la vie en communauté.

Elle se coucha sur le flanc, la tête sur le sol, posant son regard sur chaque lion qui passait devant elle. Que voulais tu dire quand tu as dit de Sipho "il faut qu'il disparaisse vite ?" Demanda Inyanga à son aînée. Elle avait voulu changer de sujet, mais la question lui tournait dans la tête, obsédante. Lindiwe avait-elle un véritable plan ?

Lindiwe observa la plus jeune se coucher à ses côtés, se disant qu’elle était bien trop flemmarde pour son âge. Elle regarda ensuite les lions passer devant elles, baissant les oreilles dès qu’un individu s’approchait trop près ou la regardait un peu trop longtemps.

Je ne faisais qu’exprimer le fond de ma pensée. Je ne sais pas qui le fera, mais il DOIT disparaître. Il nuit au bon fonctionnement du clan.

Elle croisa ses pattes devant elle, gardant un certain port de tête.

Après, un accident est si vite arrivé, tu ne penses pas ? dit-elle en tournant sa tête vers Inyanga.

On mourrait vite dans le coin. Elle se sentait reconnaissante d’être toujours là pour voir son petit-fils grandir et servir son clan. Lindiwe savait que la prochaine guerre serait peut-être la dernière, mais il n’y avait pas que cela qui la menaçait au quotidien. Une blessure infectée, comme pour son époux ou encore un coup de sabot mal placé, comme pour sa précieuse fille. Leur territoire regorgeait assez de danger à lui seul pour que le prince Sipho meurt de lui-même. Mais un peu d’aide ne serait peut-être pas de refus.