Lindiwe avait laissé passer plusieurs jours après sa rencontre avec Nsiese. Elle doutait vraiment des informations que la jeunotte lui avait donné. Valaient-elles vraiment la peine de déranger la Dame ? La vieille Khomba avait finalement décidé que c’était à leur gouvernante de juger de la pertinence, elle ne faisait que son rôle de messagère.

Elle avait fini par la trouver, entourée comme à son habitude de sa cour. Arrivait-elle seulement à respirer avec tous ces félins autour d’elle ? Lindiwe se fraya un chemin avec force dans la mêlée, poussant d’une épaule brutale les lions sur son chemin.

Dame Inqaku. la salua-t-elle respectueusement, parlant assez fort pour faire cesser les discussions. Pardonnez-moi de vous déranger de la sorte, mais j’aurai à vous parler, seule à seule, si c’est possible. demanda-t-elle en observant les Khomba auteur d’elles d’un œil mauvais. C’est vraiment important, s’il vous plaît.

Ce n’était pas dans ses habitudes de demander l’autorisation, mais sa Dame méritait cette attention.

Dame Inqaku accepta sa requête et les deux lionnes partirent sous les regards outrés de la cour. Lindiwe n’y prêta pas attention et s’assit rapidement devant sa supérieure dans une cavité, à l’abri des oreilles indiscrètes.

J’ai rencontré une drôle de Cidanka il y a quelques jours le long de la rivière. Elle disait s’appeler Nsiese et s’être fait enrôler de force par la Légion, voir même kidnappée. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule, de ce qu’elle m’a dit. commença-t-elle directement.

La vieille lionne savait que la Khomba en face d’elle n’avait pas que ça à faire, elle ne tourna donc pas autour du pot très longtemps.

J’ai d’abord été sceptique, mais ses arguments semblaient plutôt convainquants... se justifia-t-elle.

Lindiwe fut flattée devant l’intérêt de la femelle et elle s’empressa de répondre à ses questionnements.

Plutôt petite et fine, une mèche. Sable, son ventre, son museau et le bout de ses pattes plus claires. Je n'ai pas pu voir plus précisément de l'autre côté de la rive. Elle semblait plutôt jeune, jeune adulte ou une grande adolescente à mon avis. lui décrit-elle.

La rivière ne l’avait pas aidé. Ses yeux, bien que vieux, discernaient encore normalement les choses, mais la distance lui avait fatiguée la vue.

Elle disait venir d’une caravane nommée Msafara d’une dizaine de lions, ils avaient apparemment fait un long voyage jusque ici. Ils se seraient fait attaquer par des Cidanka dans le brouillard, les siens auraient réussi à fuir, mais pas elle.

Elle marqua une petite pause pour remettre les informations de Nsiese dans l’ordre afin de les servir correctement à Inqaku.

Certains les rejoignent d’eux-mêmes et d’autres sont forcés, comme elle. Ils sont une poignée pour le moment, mais elle disait que les enrôlements avaient lieu régulièrement.

Elle pensait avoir tout dit lorsqu’une information lui revint en mémoire.

Elle m’a aussi dit vouloir fuir ou prévenir les siens de sa situation. termina-t-elle.

Un plumeau sombre ! C’est tout, Dame Inqaku. termina-t-elle.

Bien, elle avait fait ce qu’elle avait à faire. Liniwe se demandait ce que sa Dame allait bien pouvoir faire de toutes ses informations. Son faciès était resté assez neutre, mais ses questions ne trompaient pas la vétérante, sa cheffe trouvait un intérêt pour sa petite rencontre.

J’espère que ça sera utile au clan. Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais vous laisser avec votre cour. dit-elle en se levant.