Le Destin a écrit:

Un rugissement lointain se fait soudain entendre, brisant la tranquillité de Kambi, que rien n'avait dérangé depuis des mois maintenant. Ça sonne comme un appel ou un avertissement, et le timbre peut vous sembler familier... Mais qui sait ?

Thulrur s'était levé d'un bond, les oreilles dressées et tous les sens en ébullition. Les mois qu'ils avaient passés ici avaient toujours été plein de calme et de quiétude; jamais ils n'avaient entendu preuve d'une autre présence prédatrice que la leur. Mais ça, là, ce qu'il venait d'entendre... c'était, à n'en pas douter, un rugissement. Un rugissement de grand félin, peut-être même de lion ! A moins qu'il ne s'agisse d'une toute autre créature, encore inconnue pour eux ? Après tout, ils avaient déjà rencontré des proies qu'ils n'avaient jamais vues auparavant, tel leur Écraseur-de-Lions, alors comment savoir à quoi s'attendre... ?

Eux qui s'apprêtaient justement à aller explorer le massif rocheux aperçu par Ienzo semblaient devoir revoir leurs plans. Ou, en tout cas, les précipiter : partir au Rocher restait une piste tout à fait envisageable. Il tourna son regard vers Nihahsah et Ienzo; ses deux amis les plus proches, son frère et sa sœur d'armes. Eux aussi avaient entendu. Mais heureusement pour eux, le rugissement semblait venir de loin.

Un instant, Thulrur se souvint de mots échangés quelque temps plus tôt : j’ai peur qu’Il nous retrouve. D'un mouvement brusque, il s'avança vers Nihahsah en grondant sourdement, les flammes de son regard s'assombrissant devant un ennemi imaginaire. Ce n'était évidemment pas contre elle qu'il grondait; il voulait plutôt lui signifier qu'il était prêt, qu'il était là, quoi qu'il advienne.

— Qu'est-ce qu'on fait ? Sa question s'adressait autant à l'une qu'à l'autre, et il savait n'avoir pas besoin d'extrapoler pour qu'ils comprennent.

Un rugissement.
Son coeur frappe à l'intérieur de sa poitrine, sa tête se redresse d'un coup et son corps ne tarde pas à suivre le mouvement, faisant même quelques foulées pour rejoindre les côtés de Thulrur. Une ligne de poils déjà dressée sur le bas de son dos, il scrute les environs et tend l'oreille, mais il n'y a que le grondement de son ami qui lui parvient clairement. Des mois entiers que la forêt est silencieuse, cet appel ne peut pas être un bon signe. Un flot de pensées lui traverse l'esprit, un courant dans lequel se reflètent les Msafara et des silhouettes floues que son imaginaire monte de toutes pièces, les paroles du Titan bien encrées dans sa mémoire.

La discorde qui déchire ces terres.
Si c'est dans la forêt, la canopée nous empêchera de voir. Même à grande hauteur. Leur expédition semble remise à plus tard, l'urgence est ailleurs. Ienzo répond du tac au tac, ses yeux ne quittant pas les ombres de la forêt comme s'il attend presque d'en voir surgir quelque chose, même quelqu'un. Je suis d'avis d'aller voir ce que c'est. Cette fois, il redirige son attention sur les deux lions présents à ses côtés, Thulrur et Nihahsah, qu'il regarde tour à tour. Mieux vaut-il qu'ils voient le danger avant qu'il n'arrive à eux, si danger il y a vraiment.

La Nihah écarquilla les yeux.
Un rugissement.
Il résonna dans l’air jusque-là silencieux ; les oiseaux cessèrent de gazouiller, l’ambiance changea du tout au tout. Elle savait qu’il ne pouvait pas s’agir de l’un des leurs : le son venait de “loin”. De plus, les inflexions ne lui étaient pas familières. Pas beaucoup. Il y avait bien quelque chose dans son crâne — une ampoule qui clignotait — qui essayait d’attirer son attention, mais la Nihah ne comprenait pas. Il s’agissait seulement d’un impression vague, d’un souvenir sans empreinte sur sa mémoire ; une réminiscence qui n’arrivait pas à prendre substance.
Cela étant, le fait que le bruit lui soit familier — même de loin — l’encouragea à se méfier. S’il lui évoquait quelque chose de connu, c’est qu’il devait appartenir à quelqu’un de connu. Or, la Nihah n’avait pas beaucoup d’amis ailleurs qu’ici. La voix de ses proches lui aurait sauté au visage comme une révélation. Comme ce n’était pas le cas, la Rebelle classa le rugissement dans la catégorie des « Menaces non-identifiées ».

Elle se redressa lentement, s’écartant des os un peu jaunis de sa proie consommée dans les heures écoulées. Ses prunelles croisèrent celles de ses camarades qui s’approchaient. Si le faciès d’ange d’Ienzo était à peine abîmé par l’angoisse, celui — plus dur — de Thulrur reflétait quelque chose de vaguement similaire à la rage. La Nihah, elle, s’obligea à garder son calme. Elle paniquerait un autre jour. Ils devaient prendre une décision pour mettre le groupe à l’abri. Parce que, ouais, il n’était pas question qu’ils se retrouvent nez-à-nez avec leurs invités dans une poignée d’heures.

Elle écouta les propositions d’Ienzo avec sérieux. Elle força son corps à la suivre, faisant rouler ses muscles. Elle se rapprocha du mâle à la mine sombre sous couvert d’une bonne excuse : se placer sous sa coupe pour le rassurer. Elle savait qu’il la protégerait, bien sûr, mais la Nihah se sentait prête à ravager un peu plus le beau visage de Mu’Awiya si l’occasion devait se présenter. Elle veilla cependant à ne pas initier le contact. Elle demeura simplement assez près pour qu’il sente la chaleur émaner de son corps bien vivant. Elle ne risquait rien. Pas avec eux. Peut-être que cela suffirait à apaiser le brasier allumé dans ses billes sombres. Il y a, au minimum, un Msafara là-bas. Un ancien. Quelqu’un que j’ai connu, ou que j’ai déjà côtoyé. Pas un proche, sinon je saurais de qui il est question. Elle fronça les sourcils en essayant de rassembler les pièces du puzzle. Je pense qu’on devrait plutôt s’éloigner. Envoyer les jeunes se cacher dans une zone que l’on a déjà exploré, en veillant à ce qu’ils effacent un maximum leurs traces derrière eux... Nguvu peut partir avec eux. De notre côté, on pourrait redoubler d’ardeur à chercher le cours d’eau vu depuis la canopée ? Je ne sais pas ce qui est le plus judicieux.

Elle laboura le sol de ses griffes. Elle avait besoin de faire quelque chose, la Nihah. Rapidement. Chaque seconde passée ici les ralentissait. Même s’il s’agit d’un ou de plusieurs Msafara avec de bonnes intentions, on ne peut pas écarter l’hypothèse que son rugissement ait été entendu Ailleurs. Ils pourraient très bien réveiller les Entités ou, pire, avoir signalé sa position aux lions du Brouillard. Ouais. Et, dans la seconde option, ils savaient tous que Nsiese n’était pas rentrée la dernière fois qu’ils avaient vu le Repos.

Nihahsah était tout près, saine et sauve, bien vivante, et avec l'esprit assez clair pour réfléchir et établir un plan. Thulrur se calma peu à peu, laissant son souffle énervé quitter sa poitrine en de profondes expirations. Il écouta les idées d'Ienzo, puis celles de la lionne, et hocha doucement la tête. Un Msafara signifiait peut-être que tous les Msafara étaient là – et ce n'était pas le moment de s'affronter, même s'il brûlait toujours d'en découdre avec Mu'Awiya. Il fallait être sage et, si Nihahsah avait réussi à reconnaître le rugissement, il lui faisait confiance. De plus, ses derniers arguments étaient marquants : la clairvoyante Nihahsah voyait plus loin que le bout de sa truffe et, alors que Thulrur avait presque déjà oublié le Brouillard, elle l'avait toujours en tête. Voilà pourquoi elle avait toute sa place en tant que Guide Uamuzi.

— Tu as raison, il faut qu'on s'en aille. Mais j'hésite à m'enfoncer dans la forêt, même pour trouver ce cours d'eau... On pourrait se perdre et tomber sur eux ! Il se tourna vers Ienzo. Tu as dit que nous étions tout proches de la fin de la forêt, n'est-ce pas ? Alors, partons par là-bas en éclaireurs. Sortons du couvert des arbres; si le terrain est dégagé, on ne devrait pas avoir de mal à retrouver l'eau. Qu'en dites-vous ?

Ils ne savaient pas vraiment ce qui s'étendait au-delà des arbres, mais Thulrur supposait qu'il devait s'agir d'une plaine ou de quelque chose de semblable.
— Nguvu pourrait protéger les jeunes en nous attendant, oui... Se séparer était risqué, mais faire le chemin tous ensemble aussi, surtout s'ils tombaient sur une mauvaise surprise au sortir de la forêt. Ils pourraient se cacher quelque part près de là où on a abattu l'Écraseur. Son odeur couvrirait sans doute les leurs. Ils avaient mangé pendant une semaine entière après cet événement, et l'odeur du sang, des viscères et de la mort imprégnait encore l'endroit du banquet. Elle était tenace et nauséabonde, et se mêlait à merveille avec l'odeur mortuaire qu'on sentait dès qu'on s'enfonçait dans Msitu – les trois lions pourraient sans aucun doute en profiter !

Les indications de Nihahsah attisent rapidement la curiosité d'Ienzo. Elle a reconnu un Msafara... Lui n'a pas été assez proche des autres pour en reconnaître le timbre. Ça voudrait dire qu'ils se sont rapproché de la forêt, mais pourquoi ? Ne doivent-ils pas voyager vers un autre endroit ? Il est arrivé quelque chose ? Et s'ils ont changés d'avis en réalisant enfin le problème qu'est Mu'Awiya ? Après tout, des mois étant passés depuis leur départ, celui-là doit avoir eu tout le temps de montrer à quel point il est bienveillant envers les siens. Une lueur d'espoir vient briller dans le fond de ses prunelles, les oreilles tendues vers la forêt.

Un espoir qu'on brise aussitôt. Je pense qu’on devrait plutôt s’éloigner. Son regard bondit de l'un à l'autre, la stupéfaction collée dans le fond des yeux. Tu as raison, il faut qu'on s'en aille. Quoi ? C'est vrai que le rugissement a peut-être attiré une tout autre attention que la leur, mais justement, s'ils restent discrets, ils n'ont rien à craindre, non ? Et si c'est vraiment le cas, qu'ils ont attiré des lions du brouillard, alors ils vont les abandonner, eux aussi ? Comme Nsiese.
Et les forestiers, si les brumeux arrivent jusqu'à eux, vont-ils réussir à s'en sortir ? Ienzo ne doute pas qu'ils soient aptes à se défendre, surtout avec un tel mastodonte à leur tête, mais personne ne sait combien ces lions sont réellement. Les entités, eux, qu'ils les appellent. On dirait qu'ils parlent de monstres. Mais ce sont eux qui ont soigné l'un des leurs, qui sait si Theluji serait encore vivant sans leur aide. C'est comme ça qu'ils les remercient ?

Ses sourcils se froncent légèrement et ses mâchoires s'entrouvrent à peine, aucun mot ne parvient à leur échapper. La vision du caverneux est biaisée, peut-être. Après tout, il n'est pas de leur monde. Il ne sait pas comment ça se passe, ici. La témérité que lui donne son nouveau goût pour l'aventure meurt au bord de ses babines qu'il pince discrètement, ravalant la pointe d'amertume qui vient brûler sa gorge lorsqu'il réalise, à nouveau, son impuissance. Il a la pupille tremblante quand Thulrur se tourne vers lui, mais ça disparaît vite, son visage reprend petit à petit l'expression qu'il maintient habituellement, flegmatique.

Ienzo hoche la tête à la fin de sa question. La fin de la forêt est proche et la rivière aussi, sûrement... Pour avoir vécu près de l'eau, il espère son ouïe assez fine pour repérer le courant de loin, avant même qu'ils ne sortent de la forêt. Au moins qu'il puisse faire ça. Il attend que les détails du plan soient réglés - auquel il n'a rien à rajouter, avant de lever les yeux vers le montagnard. Je te suis.

FOLLOW THEM!

Devinez quoi?
Finalement j'ai pas envie de vous laissez tranquille, la vie était trop facile pour les Uamuzi...

Le rugissement de Kosa a donc attiré une patrouille Cidanka et vous savez quoi? Elle passe justement tout prêt de vous et vous a remarqué...

- Eh, vous là! Un conseil... Fuyez!

Il va s'agir de savoir comment vous voulez gérer cette rencontre. Les patrouilleurs sont 3, les Cidanka sont de gros lions tout en muscle et ces trois ont l'air de savoir pourquoi ils sont ici...

La Nihah observa un silence en regardant ses compagnons. Elle hocha doucement la tête à son tour alors que Thulrur donnait du crédit à ses propositions, les étoffant aussi des siennes. Son cœur bondit de joie dans sa cage alors qu’on suggérait de quitter le bois. Si elle avait été moins âgée, la Nihah se serait jetée sur le chemin présumé de les éloigner d’ici. Elle aimait si peu la Forêt… Non pas qu’elle avait été cruelle avec eux mais l’ambiance qui émanait des coins les plus denses lui filait encore les jetons — même six mois après.
Elle se surprit à lire une forme de… déception ? sur le faciès d’ange d’Ienzo. Elle pencha la tête sur le côté. Il ouvrit la bouche comme s’il allait parler, puis se ravisa, ce qui lui donna une bouffée de frustration. La Nihah avait parfois une drôle de désir lorsque le mâle clair était dans les parages : le secouer en le suppliant d’oser. Il avait sa place aussi sûrement que n’importe lequel des Rebelles ; son avis comptait beaucoup pour elle — spécialement depuis qu’il avait montré des talents tout à fait fascinants pour les cascades. Ouais. Les cascades. Theluji n’avait pas manqué de lui raconter la chevauchée psychédélique d’Ienzo quand ils avaient découvert un phacochère des bois.

Elle n’eut pas plus de temps pour s'appesantir sur leur plan : on les héla. Elle s’immobilisa, raide comme un lion de pierre, les yeux exorbités. Elle articula un « Oh, merde » silencieux à l’attention de ses camarades. Elle tournait le dos à l’individu qui les avait abordé. Elle se retourna précautionneusement sans esquisser le moindre mouvement brusque, s’arma d’un sourire calme — une sérénité que la Nihah n’éprouvait pas le moins du monde —, avant de planter ses billes sur les corps de leurs congénères. Voilà une information dont ils se seraient bien passés : il y avait bien des lions dans le coin.
Ils n’étaient pas Msafara. Ou, du moins, ne l’étaient pas à l’époque où eux l’étaient. Ils étaient immenses, lourds et musclés. Elle frissonna d’effroi mais n’en montra rien. Elle leur adressa un salut de tête sobre. Lorsqu’elle s’adressa à eux, elle le fit d’une voix basse et neutre.

- Nous avons entendu un rugissement il y a peu. Vous était-il destiné ? L’un des vôtres, peut-être ? Oh, bien sûr, la Nihah savait que le rugissement provenait d’un Msafara. Son but était surtout de connaître les objectifs de ces lions inconnus. Étaient-ils ceux du Brouillard ? Elle pinça les lèvres. Son cœur battait la chamade. Elle espérait sincèrement que ses camarades auraient une meilleure idée qu’elle.

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D'un signe de la tête, celui qui semblait être le chef avait envoyé ses deux acolytes au plus prêt des trois camarades. Il avait rendu son sourire à Nihahsah, au passage.

- Non, il ne nous était pas destiné. Il s'était ensuite rapproché à son tour. Vous m'avez l'air bizarre... Il ne vous est rien arrivé de grave j'espère? Doucement ses deux autres camarades étaient venu encercler le petit groupe, les jaugeant silencieusement avant de revenir vers leur chef.

Les trois patrouilleurs semblent calme pour l'instant...

Ienzo savait trop bien cacher son jeu pour que Thulrur ne remarque son désarroi. Ce dernier avait toutes les raisons du monde de douter d'être un bon ami; encore une fois, il le prouvait. Il n'était pas assez attentif, pas assez fin dans ses relations.
Alors, forcément, il ne fut pas beaucoup plus attentif à la patrouille qui avançait vers eux. Les trois lions furent pris par surprise – par trois autres lions, robustes et bien bâtis. D'instinct, Thulrur sentit ses muscles se bander et son cœur accélérer son rythme; mais Nihahsah, en parfaite diplomate (et, encore une fois, en parfaite Guide) commença à gérer la situation d'elle-même. Elle les avait salués poliment – alors, Thulrur suivit le mouvement. Lui aussi avait incliné la tête en guise de salutations, et il s'était nonchalamment rapproché de Nihahsah quand la patrouille s'était divisée. Pour les observer ou pour occuper plus d'espace ? Ces trois-là se sentaient-ils aussi menacés que ces trois-ci ? Après tout, ni les uns ni les autres ne se connaissaient, et Thulrur espérait bien qu'eux aussi soient en terrain inconnu. Il se disait qu'après des mois à vivre à Kambi, ils s'en seraient rendus compte, si d'autres lions avaient établi leur territoire tout près, non ?

— C'est aimable de vous inquiéter, mais nous allons très bien, enchaîna Thulrur après la question posée, pour ne pas laisser à Nihahsah tout le poids de cet échange. Il utilisait sa voix la plus neutre possible, pas vraiment sympathique mais pas hargneuse pour autant. Justement, ce rugissement nous inquiétait aussi. Mais il ne semble pas venir de tout près... Enfin, vous connaissez le terrain mieux que nous, j'imagine... ? Nous ne sommes que de passage ici. En dévoiler un peu sur eux pour espérer en apprendre plus sur ces inconnus et peut-être, avec un peu de chance, sur l'environnement qui les entourait...

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Le chef du petit groupe répond en premier lieu à Thulrur par un sourire peut-être un peu trop compatissant pour être honnête... Lui non plus n'en dévoilerait pas plus.

- Oh, mais il me vient une idée... Si nous allions voir ensemble ce qui se passe là bas, hum? Les autres lions n'avaient pas leur content de cette annonce, ils avaient grommelé avant que leur chef les remette à leur place dans un grondement à peine discret. Si vous ne l'aviez compris, eux ce sont les méchants apparemment ou du moins ils ne sont pas net.

Les trois patrouilleurs ne vous on en fait pas vraiment laissé le choix, ils se rapprochent de vous comme des chiens de berger devant un troupeau, cherchant à vous pousser à les suivre... Ils sont vraiment instant! Vous devez avoir l'air vraiment cool pour qu'on veuille absolument vivre une aventure avec vous!

Son coeur lui descend dans l'estomac quand la voix inconnue parvient à ses oreilles. Si Ienzo ne s'était pas retenu à temps, il aurait probablement juré à l'unisson avec Nihahsah. Oh merde. Voilà qui résume parfaitement son propre ressenti au moment où il se tourne dans la direction des trois lions et heureusement qu'il cache bien son jeu, sinon il aurait probablement juré une seconde fois à la vue des trois colosses aux crinières blanchies. Oh putain. C'est un cauchemar, c'est pas possible. Et pourtant, il entend leur nouvelle guide, avec le plus grand des calmes et sûrement, la plus grande des bravoures, saluer poliment les étrangers.
Comme si tout allait bien.
Comme s'ils n'avaient pas le portrait des agresseurs de Theluji.

Du moins, ils ont la crinière blanche de la description et ça lui suffit, au caverneux qui rassemble tout son contrôle de soi pour garder une mine et une posture naturelle, malgré que les inconnus se rapprochent, qu'ils les encerclent. Nihahsah s'essaye à parlementer, Thulrur la suit dans son idée et lui aussi, il hoche la tête pour les saluer à son tour, puis répond à leur charmante proposition même s'il n'en a pas réellement besoin, vu que les colosses les poussent déjà comme on pousse un banc de poissons dans une impasse.

Avec plaisir. Malgré la voix à l'arrière de sa tête qui lui hurle de s'éloigner au plus vite de leurs nouveaux accompagnateurs, il suit docilement leurs directives. Nous étions justement curieux de savoir ce qui peut causer une pareille agitation. Que les Msafara se tiennent prêt à les accueillir, car si ces lions sont réellement ceux qui ont essayé d'attirer Theluji dans leur antre, alors ils devront se battre pour garder leur liberté... C'est d'ailleurs pourquoi il est si enclin à les suivre. Si pour l'instant, ils sont à nombre égal, il espère rapidement faire pencher la balance de leur côté en rejoignant l'origine du rugissement.

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- Très bien! Annonçait le chef, envoyant d'un signe de la tête ses deux acolyte "escorter" les nouvelles recrues. Par là c'est plus rapide, nous connaissons bien ces terres. Ils s'étaient avancés en direction du rugissement, mais vous rendiez vous compte que l'on déviait légèrement du chemin? ... Très, légèrement...

Les trois patrouilleurs semblent chacun surveiller l'un d'entre vous et d'ailleurs, maintenant que le rugissement de Kosa n'est plus là pour vous guider comment savoir si les trois brigands vous amènent dans la bonne direction? ...

Y aller ensemble ?
Thulrur fronça le museau, mais ne dit rien. Les bribes d'entraînement militaire qu'il avait reçues dans son adolescence lui criaient de se méfier; que ces inconnus, avec leurs airs de gros soldats bourrus, étaient en train de fomenter un plan. Et de les pousser vers leurs alliés cachés pour les prendre en tenaille.

Mais il se souvint alors que Nihahsah avait reconnu le rugissement, et qu'il s'agissait d'un Msafara. Pas d'une embuscade, donc. Il essaya de se dire qu'il se faisait trop de souci, qu'il voyait des monstres là où il n'y en avait pas; mais il ne réussissait à se convaincre qu'à moitié.

Alors, il décida finalement que ce n'était pas plus mal. Risquer un combat était, pour lui et pour tous les animaux sauvages, toujours la solution de dernier recours – et ça, Ienzo et Nihahsah semblaient le comprendre. D'un commun accord silencieux, ils emboîtèrent donc le pas de la patrouille. Avec un peu de chance, c'était bien Mu'Awiya qui avait appelé, et il ferait encore un truc débile qui lui attirerait la colère des trois colosses qui les accompagnaient… auquel cas, Thulrur n'aurait aucun scrupule à se ranger de leur côté et les aider à lui rétamer la face.

Mais il n'était pas un petit chaton docile pour autant et, quand l'un des lions sembla s'approcher trop près, il le gratifia d'un grondement sourd. Une simple mise en garde : laisse-moi mon espace et je ferai de même. Hors de question de se laisser faire; mais si ces trois-là leur permettaient de découvrir un peu de terrain, ce n'était pas plus mal. Il y avait toujours quelque chose à tirer d'une rencontre…

Naturellement, il se plaça entre Nihahsah et les gardes du corps de celui qui avait pris la tête de l'expédition. Thulrur et eux ne se différenciaient vraiment que par leurs crinières si contrastées; mais dans le comportement ? Ils étaient les mêmes. Il glissa un regard en coin à sa Guide, pensant un instant à Nguvu, Cerys et Theluji. Qu'allait-il advenir d'eux ? Peut-être auraient-ils dû dévoiler leur présence et les appeler, ne serait-ce que pour s'imposer comme un véritable groupe face à ces trois lions. Mais c'était là la décision de Nihahsah, et si elle jugeait qu'il valait mieux les protéger en omettant leur existence, alors ainsi soit-il.

Ses amis se dépêchèrent de prendre le relais ; d’abord Thulrur, qui repoussa les questions indiscrètes avec une gentillesse mâtinée d’un avertissement silencieux. Le chef du groupe adverse proposa qu’ils les accompagnent — l’idée ne lui disait rien. Elle aurait préféré refuser, mais quelque chose dans le comportement des lions à la crinière pâle lui murmurait qu’ils n’avaient pas le choix. Ienzo enchaîna. Le groupe se mit en marche. En fait, les Inconnus les encerclaient si bien qu’une fuite était impensable.

La Nihah progressa lentement au milieu des mâles. Être la seule femelle du groupe la mettait mal à l’aise ; elle lançait des regards en biais à ses amis, espérant piocher l’ébauche d’un plan dans leurs prunelles si dissemblables. Son bide eut un sursaut, son cœur migra jusqu’au bout de ses lèvres. Elle s’ingénia à garder une apparence sereine pour ne pas exciter les instincts des lions. Ses congénères aimaient trop la chasse. Vivre au Paradis lui avait au moins appris cela : se méfier de son espèce. Elle avait vu de quelle manière les adolescents écrasaient les autres, sous prétexte qu’ils étaient plus faibles.

Elle plissa les yeux alors que le chef glissa subtilement qu’ils prenaient un chemin particulier. « Par là ». Pourquoi ? Elle redressa la tête avec sévérité, jaugeant l’arrière-train du lion en tête de cortège. Plus rapide, vraiment ? Elle en doutait sincèrement. Elle avait l’impression qu’ils se foutaient un peu de leurs gueules. Elle ralentit l’allure, forçant les autres à en faire de même s’ils espéraient maintenir le groupe soudé. Son visage n’exprimait plus rien d’amical, désormais. Son cœur tambourinait dans sa cage thoracique ; après tout, les seuls lions rencontrés à Nchi depuis leur arrivée avançaient normalement dans le Brouillard. Et ils avaient fait quelque chose à Nsiese, aux dernières nouvelles. Pas question de subir le même sort — pas alors que la moitié du groupe était encore cachée quelque part dans la Forêt. Elle songea un moment à courir. Peut-être qu’ils parviendraient à s’enfoncer suffisamment dans le bois pour attirer l’attention des Entités. Allez savoir si les lions aux crinières claires ne les craignaient pas ! Je crois que je préfère aller vers là-bas. Êtes-vous bien sûr de connaître le chemin ? En fait, je suis à peu près sûre que vous ne venez pas d’ici. S’il y a une chose que nous savons, nous, voyageurs, c’est qu’un prédateur ressemble à la Terre qui l’accueille. Nous n’avons pas croisé une seule proie suffisamment imposante pour nourrir des lions avec vos gabarits. Qui êtes-vous ?
Elle dénuda ses crocs en feulant, les oreilles écrasées sur le crâne, la queue agitée de gauche à droite dans un mouvement furieux.

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Alors que Nihahsah se montre clairement très malpoli à l'égard de cette si sympathique escorte, ses membres ne semblent pas ciller.

- Je suis Godka* et voici Xukun* et Been*. S'était-il présenté lui et toute sa fine équipe. Nous sommes des gardiens Cidanka, notre rôle est de venir en aide aux âmes égarés. Avouait-il.

- Je ne voulais pas vous effrayer mais ces terres sont extrêmement dangereuses. Des démons rodent et à chaque fois que quelqu'un s'égard ici ils reviennent plus nombreux et menacent notre clan. Continuait-il de tisser. C'est pourquoi, laissez nous vous raccompagner à la forêt. C'était un nom qu'il attendait, il n'était pas en train de questionner le genre de son interlocutrice.

- Et c'est par là. S'il avait été plus insistant dans les mots, son camarade Been l'avait été dans les gestes. Il avait donné un coup d'épaule à Ienzo pour le pousser dans le droit chemin.

Ils perdent patience... Mais vous aussi, non?
Ils se sont tout de même montré très calme malgré l'agacement de Nihahsah. Quelles douces personnes que ces Cidanka.

* Respectivement; Cachotier, Jugement et Mensonge

Il se ronge l'intérieur de la babine, Ienzo. Quelque chose ne va pas et il le comprend quand son épaule se heurte à celle du colosse à plusieurs reprises. Lui qui veut rester prêt de la forêt, il a l'impression de s'en éloigner à chaque pas. Pourtant, c'est là qu'ils ont entendu le rugissement. Qu'il vienne de ses abords ou de son coeur, il a traversé la forêt, ça ne fait aucun doute. Alors qu'est-ce qu'ils font ? Son coeur lui martèle la poitrine, il cherche une solution avant qu'ils ne les emportent à leur tour. Comme instinctivement, son allure se calque sur celle de ses compagnons qui lui semblent ralentir la marche. Tant mieux, ça lui donne plus de temps.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis.
C'est la voix de Nihahsah qui vient brutalement mettre fin à son temps de réflexion. Qu'est-ce qu'elle fait ? S'il n'en montre rien, Ienzo n'a pas moins envie de lui mettre un coup de coude pour l'arrêter dans son élan impulsif. Est-elle devenu folle pour leur parler comme ça ? Veut-elle qu'ils finissent comme Theluji ? Son feulement lui provoque une première montée d'adrénaline, faisant bondir son regard d'un colosse à l'autre. Godka, Xukun, Been. Ce dernier lui donne un coup d'épaule qui l'aurait envoyer cogner dans Nihahsah dont il garde un côté s'il n'avait pas accroché la terre de ses griffes. Sa babine tremble d'une envie de gronder, mais il l'empêche de se retrousser.

La forêt est là, messieurs. Appuyant ses dires d'un regard vers la encore proche frontière de la forêt, Ienzo parle d'une voix habituellement calme, il se force à garder ce timbre malgré la tension. Sa tête toujours baissée se redresse petit à petit, il veut donner un poids à ses prochaines paroles, une assurance qu'il n'a pas. Et nous la connaissons, elle n'est pas dangereuse pour nous. Avant le combat, il y a le bluff. C'est risqué, mais ont-ils un autre choix ? Navré que nos paroles aient porté à confusion, mais nous ne sommes pas égarés. Avec ses différents appuis, il espère que les colosses pourront lire entre les lignes. Qu'ils ont tout intérêt à les laisser tranquille. L'appel vient de la forêt et nous allions y revenir. Si ces terres sont dangereuses pour vous, alors sûrement est-ce mieux que nous allions voir seuls.

FOLLOW THEM!

- Vous avez seulement été chanceux... Elle est bel et bien dangereuse cette forêt... Been en avait assez, Il s'était montré étonnement patient jusqu'à présent mais voyait bien que les belles paroles de Godka ne menaient nul part.

- AAAaaaarrrrh! Aller c'est bon! Been n'avait pas attendu et s'en était aussi repris à Ienzo le saisissant par la nuque comme une lionne avec son gamin. On les amène maintenant, assez bavardé! Bien trop occupé à brailler sur les autres et à tenter de maintenant Ienzo, Been ne prête pas vraiment attention à ses arrières...

- ... Ffffh... Le dernier pas emballé se contente de gronder sur le petit groupe sous le regard accusateur du chef qui se doit maintenant de prendre les devants et de se lancer dans le combat...

Godka 25PV - Been 25PV - Xukun 25PV
Thulrur 25PV - Nihahsah 20PV - Ienzo 20PV

Si vous souhaitez utiliser des objets précisez le dans votre poste. Ienzo a un "handicap" de mouvement à cause Been, mais ce dernier à un "handicap" d'attention puisqu'il gueule trop comme un con.

Il fronce les sourcils à la réponse du colosse à la tête du cortège, mais il n'a pas le temps de réagir plus. Des râles se font entendre à côté de lui et l'instant d'après, il sent des mâchoires autour de sa nuque. Le sang du caverneux ne fait qu'un tour : pour lui, une prise à cet endroit correspond à la mort. Son poil se redresse dans un frisson d'horreur et de colère à la fois, un feulement se précipite hors de ses babines et ses muscles se gonflent sous l'adrénaline, levant une patte jusqu'au visage du Cidanka pour tenter de le frapper d'un grand coup de griffes, quitte à lui crever les yeux.

Le chef livra leurs noms, puis des informations les concernant. Il souligna n’avoir que de bonnes intentions, ce qui arracha un rire nasal à la lionne. Il les pensait de la dernière pluie ? Elle n’abandonna pas son air menaçant, loin de là. Ses lèvres se retroussèrent un peu plus, ses pupilles se dilatant jusqu’à ce que ses yeux virent au noir absolu.

Les arguments d’Ienzo arrivèrent à bout de la patience dudit Been qui s’élança sans plus de cérémonie. Nihahsah le jaugea d’une œillade meurtrière alors qu’il s’en prenait à l’un de ses amis. Elle ne se posa pas plus de question, se rapprocha du mâle Cidanka à pas de loup, se ramassa sur elle-même comme une chasseresse lancée à la poursuite d’une proie, puis referma les mâchoires sur la cuisse du lion. Elle s’était volontairement placée légèrement sur le côté du lion plutôt que derrière pour être moins exposée aux coups de pattes postérieures. Elle ne fit aucun bruit pour s’encourager, aucun grognement pour attester de sa présence. Elle se contentait de mettre à profit les innombrables chasses menées jusque-là.

Si Thulrur était prêt à les suivre et à attendre de voir ce qu'il allait se passer avant de se montrer ouvertement hargneux, ce ne fut pas le cas de Nihahsah. Étonnamment, la lionne déclara les hostilités de paroles bien envoyées, accompagnées d'un feulement qui en disait long sur son état d'esprit. Immédiatement, Thulrur sentit tous ses muscles se tendre davantage – si c'était possible – et ses yeux guetter le moindre geste annonciateur de violence.
Pourtant, les trois lions inconnus ne s'énervèrent pas. S'il était certain qu'ils n'appréciaient pas l'attitude de la Guide Uamuzi, ils acceptèrent de se présenter; enfin, s'ils leur avaient donné leurs vrais noms, car rien n'était moins sûr. Une fois encore, ils essayèrent de les convaincre – mais leur brutalité, à l'égard d'Ienzo notamment, donnait bien peu de crédit à leur prétendue grandeur d'âme.

Thulrur émit un grondement sec, les crocs à moitié découverts, souhaitant dissuader quiconque de toucher à Ienzo. Mais ce dernier n'était pas en reste, et lui aussi les gratifia de paroles bien placées. Malheureusement, cette fois fut la fois de trop et, sans crier gare, leurs bons gardiens se retournèrent contre eux. Le gros joufflu, d'abord, attrapa le Caverneux; et le sang de Thulrur ne fit qu'un tour. Il avait déjà amorcé un mouvement quand il remarqua que Nihahsah s'apprêtait à bondir sur celui qui avait pris Ienzo en traître – alors, il décida finalement de se poster derrière elle, de sorte à la protéger de son corps. Avec Ienzo d'un côté et lui de l'autre, elle devrait être en sécurité; même si ça impliquait que lui-même doive supporter deux adversaires à la fois. Il était prêt à le faire; il le lui avait promis, après tout !

Et si Nihahsah avait attaqué en silence et en finesse, Thulrur, lui, laissa éclater toute sa colère.
— VRAIMENT ?! rugit-il en fixant les deux autres. Qu'ils viennent donc, il était prêt à les accueillir !

HRP :
Thulrur utilise également sa petite pièce de viande pour gagner 10 PV !
Au lieu de faire une action offensive, il tank devant Nihahsah et Ienzo pour encaisser les coups à leur place !