Cirage de coussinets

Privé Inyanga

L'Umthendeleko était enfin terminé et cette fois-ci avait été exceptionnelle. Non seulement la bataille avait été éprouvante mais en plus les participants étaient parvenu à prouver l'existence de l'Ukrebe, par dessus tout Sipho était fier de pouvoir s'autoproclamé Champion de l'Umthendeleko puisqu'il avait ramené le monstre sur la terre ferme! Bien sûre, il avait gardé ce titre pour lui même, puisqu'il n'était pas ouvertement doté d'un tel orgueil. Toutefois, il était bon Prince et bon joueur, s'il n'y avait pas eu cette victoire écrasante de sa part et bien Inyanga était celle qui avait ramené le plus de Piranha. Faussement fair-play, il était allé jusqu'à la gratifier;

- Inyanga, félicitations pour cette pêche. Il avait poliment hoché la tête. Je ne t'aurai pas cru capable d'un tel exploit. Il ne fallait pas non plus en faire trop, les félicitations étaient déjà un grand pas pour le Prince il se devait de remettre les pendules à leur et c'était sa façon de rappeler à Inyanga d'où elle venait: Bien trop souvent considérée comme fainéante elle avait prouvé que l'habit était loin de faire le moine.

- Nous n'avons malheureusement pas eu le public escompté pour être témoin de tes faits de... De pèche. Faits d'armes ç'aurait été beaucoup trop. Comme à son habitude Sipho était atone, calme, rien ne transparaissait au travers de ses paroles... Mais pour en revenir à ses dires en effet Inqaku n'avait pas été témoin de l'Umthendeleko, du moins Sipho n'y avait pas prêté attention mais si elle n'était pas occupé à autre chose elle avait surement pu tout observé dans une des cavités qui surplombaient le lac.

Inyanga était épuisée, mais fière. Elle avait attrapé plus de poissons que ces congénères, et ensembles, ils avaient réussi à se débarrasser de l'Ukrebe, ce monstre marin que la femelle avait toujours pensé être un simple mythe, une histoire pour effrayer les lionceaux. Mais il était bien là, mort, sur la rive. Ils avaient tous fait une bonne équipe, et, bien qu'il y'est eu quelques bonnes blessures pour certains, et de bonnes frayeurs pour d'autres, tout le monde était entier, et c'était le principal.

- Inyanga, félicitations pour cette pêche. La voix du Prince déchu résonna tout autour du lac. Inyanga, surprise, se tourna vers Sipho, s'attendant à voir se dessiner sur son visage de la moquerie, du dégoût ou bien du mépris, mais l'ancien Prince semblait être sincère. Du moins, son visage avait ces mêmes traits habituels, neutres, n'affichant aucune émotion particulière. Je ne t'aurai pas cru capable d'un tel exploit.

La femelle haussa les épaules. Elle était peut-être considéré comme une fainéante, mais ce jour était un jour de fête, et elle voulait rendre ses parents fières, et leur offrir leur nourriture favorite. Elle le savait, ses parents étaient vieux, et ne pouvaient plus se permettre de pêcher. Elle leur devait bien cela. Merci Sipho. Nous avons formé une bonne équipe de pêche avec Lindiwe et Impuku. Avait-elle répondu, sans une once d'ironie pour une fois. Sa voix n'était pas chaleureuse, mais cette fois ci, elle était sincère. Belle prise. Répondu t-elle en pointant l'Ukrebe de sa patte.

Ils l'avaient tous tué ensembles, mais Sipho avait été celui qui avait achevé l'animal marin, et donc, le mérite lui revenait, bien qu'Inyanga trouvait intérieurement cela injuste. Ils méritaient tous d'être félicités par Dame Inqaku, car ils s'étaient entraidés, au péril de leurs vies. Lindiwe et Silwe avaient pris de gros risques en allant repêcher Zuberi qui avait manqué de se noyer... Ils avaient tous été courageux.

- Merci de nous avoir prévenu lorsque les piranhas nous ont attaqués, Impuku, Lindiwe et moi. Ajouta la foncée. Elle avait d'ailleurs été surprise de voir que Sipho les avait prévenu. Avec leurs mésententes constantes, Inyanga s'était demandé si elle en aurait fait autant pour le fils de Dame Inqaku... Dommage que notre Mère n'est pas vu ton exploit, il me semble ne pas l'avoir vu durant l'Umthendeleko.

Inyanga était un peu déçue de voir que Dame Inqaku n'avait pas assisté à la fête. A moins peut-être qu'elle ne l'a pas aperçu ? Avait-elle quelque chose de plus important à faire ?

C'était en effet pure injustice d'accorder au Prince tout le mérite de sa prise et Sipho était d'ailleurs bel et bien conscient d'y être parvenu grâce à l'effort commun mais à la fin l'histoire n'avait besoin de se souvenir que d'un seul nom. C'était ainsi que l'on effaçait des guerriers de nombreuses légendes pour ne se souvenir que du plus fourbe, celui qui serait parvenu à faire que l'on se souvienne de son nom. Le monde n'était juste avec personne; les Khomba l'étaient encore moins.

- Qu'elle ait été témoin ou non de mon "exploit" ne change rien. Il avait presque haussé les épaules mais ça c'était beaucoup trop d'expressivité pour Sipho. Ce n'est pas pour ma Mère que nous existons, c'est pour nous même. Ajoutait-il bien qu'il soit convaincu qu'Inyanga faisait partie de cette grande masse qui ne jurait que par la dite Mère.

- Prête à te battre? Changeait-il de sujet, non pas que celui de sa mère lui déplaise mais lorsque l'on était un bon noble l'on savait rebondir et avoir de conversation. Les mâchoires des Piranhas ou bien de l'Ukrebe ce n'était rien à coté de celles des Cidanka. Précisait-il, mais dans quel but? Il allait y avoir de l'eau aussi pendant l'escarmouche, le fleuve allaient seulement leur permettre de s'échanger des coups mais il n'allait pas disparaitre. La fainéante allait-elle se montrer aussi combative qu'avec les poissons? Compte tenu de la haine qu'elle semblait nourrir à l'égard de ses ennemis, Sipho n'en doutait pas.

- Qu'elle ait été témoin ou non de mon "exploit" ne change rien. Avait répliqué Sipho, qui eu un léger mouvement d'épaule. En soit, il n'avait pas tort, mais avoir achevé l'Ukrebe n'était pas non plus anodin. Dame Inqaku serait sûrement fière de son fils, enfin, c'était l'opinion de la femelle. Ce n'est pas pour ma Mère que nous existons, c'est pour nous même.

Inyanga ne savait pas vraiment quoi penser de cette phrase. Dame Inqaku était celle qui avait permis aux Khomba de se sentir enfin libérés du Tyran, et c'était grâce à elle que le clan prospérait sans manquer de quoique ce soit. Mais d'un autre côté, il était vrai que Dame Inqaku était une lionne comme tant d'autres, et le jour ou elle disparaîtrait, il faudrait s'adapter à un nouveau souverain. Le monde n'arrêterait pas de tourner lorsque Dame Inqaku rendrait son dernier soupir...

Inyanga se contenta donc de garder le silence, ne voulant pas contredire le Prince Déchu, par flemme, ou simplement car elle se rendait compte que sa phrase n'était pas stupide - pour une fois -.

- Prête à te battre? Demanda t-il ensuite. Inyanga redressa les oreilles. Ne l'était-il pas lui ? Éprouvait-il toujours ces mêmes sentiments absurdes pour la fille de l'ennemi, au point de ne pas être prêt à se battre ? Je serais toujours prête à défendre mon Clan. Avait-elle répondu, sûre d'elle. Mais ce n'est pas pour autant que j'en ai envie, si c'est ce que tu penses.

Inyanga était une femelle courageuse, prête à sacrifier sa vie pour son clan, bien que beaucoup devait en douter. Mais, même si elle se battrait farouchement lorsque la rivière serait franchissable, elle n'avait pas plus envie de cette guerre que Sipho. Elle savait juste que son rôle était de protéger les siens, et elle le ferait, quoiqu'il en coûte.

- T'inquiètes tu pour elle* ? Demanda t-elle alors au fils de sa Reine. Elle ignorait si Sipho se sentirait blessé par cette question. Elle s'en moquait d'ailleurs, elle voulait simplement savoir si oui ou non, il avait peur, et pourquoi ?

Biensure que les Khomba n'étaient pas tous des arrièrers juste désireux de placer de bonnes roustes, mais le fait même d'aller se battre à contre coeur pour les fantaisie d'une vieille lionne relevait de l'idiotie selon Sipho. Il avait écouté Inyanga jusqu'à ce qu'elle en vienne à sa question.
En toute honnêteté, Sipho n'avait qu'une seule lionne en tête et c'était bien sa propre Mère. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit, d'ailleurs, qu'Inyanga ait envie de lui parler de Jacayl et il n'aurait certainement pas de raison de s'inquiéter pour elle: Elle semblait entraînée.

- Elle a encore de l'énergie à revendre. Ce n'est pas une énième petite escarmouche qui en viendra à bout. Lui répondait-il en pensant que Dame Inqaku était le sujet de leur conversation, s'imaginant que Inyanga dans un élan de désespoir chercherait à savoir si Sipho avait au moins une part de lui même suffisamment attachée aux Khomba au point de s'inquiéter pour sa propre mère. Et surement, pensait-il, que la "Fainéante" avait elle aussi besoin d'être rassurée puisqu'après tout Inqaku était sa Mère à elle aussi, comme à eux tous.

- Inquiète toi plutôt pour toi que pour elle. Elle ne sera pas en première ligne. Ajoutait-il comme s'il avait une quelconque idée de la tactique de sa mère; Inqaku n'était certainement pas du genre à se cacher derrière ses pions par couardise, elle pouvait se montrer très surprenante en terme de stratégie. Tu n'as pas quelqu'un que tu chérie bien plus qu'elle? Quelqu'un pour tu ferais mieux de t'inquiéter? Demandait-il sans grande curiosité mais plutôt pour essayer d'instaurer - de façon aussi distante que possible tout de même - un lien de clan avec Inyanga.

- Elle a encore de l'énergie à revendre. Ce n'est pas une énième petite escarmouche qui en viendra à bout.

Inyanga ne comprit pas. Pour elle, Sipho était entrain de parler de Jacayl. Et elle ne pu s'empêcher de froncer les sourcils. Il parlait de cela comme si tout était normal, comme ci cette Jacayl était invulnérable. Décidément, il n'ouvrirait jamais les yeux. Inquiète toi plutôt pour toi que pour elle. Elle ne sera pas en première ligne. Enchaîna t-il.

Quoi ? Mais.... Pourquoi s’inquiéterait-elle pour une Cidanka ? Était-il devenu fou au point de penser que d'autres Khomba s'inquiétaient de sa petite amourette ridicule ? Tu n'as pas quelqu'un que tu chérie bien plus qu'elle? Quelqu'un pour tu ferais mieux de t'inquiéter?

C'est à ce moment là que Inyanga comprit que Sipho ne parlait pas de sa chère et tendre, mais de sa Mère. Elle continua donc dans cette lancée, pensant pouvoir revenir sur le sujet de la fille du Grand Consul après. Je m'inquiète pour chaque membre du Clan. Avait-elle répondu sur un ton normal et logique. Pour elle, tout le clan devait s'inquiéter pour les autres, mais apparemment, Sipho avait autre chose à faire, comme penser à sa propre personne avant le reste.

- Ça ne te gène pas que Dame Inqaku soit notre Mère à tous ? Demanda t-elle alors. Après tout, elle fait passer les besoins du clan avant l'amour de son Fils. Cela doit-être frustrant parfois non ?

Elle demandait cela, car étant fille unique, elle avait toujours été le centre de l'univers de ses parents, parfois trop peut-être ? C'était d'ailleurs sûrement pour cette raison que la foncée se voyait tout permis ou presque, et qu'elle était aussi fainéante en ce qui concernant les tâches ingrates du clan.

Elle n'aurait pas aimé être à la place du Prince. Les parents devaient de montrer présents pour leurs enfants, et Dame Inqaku avait beaucoup "d'enfants" à s'occuper. Gérer un clan entier devait lui demander beaucoup d'attention et de temps, au point de peut-être négliger son propre fils.

- C'est vrai ce que l'on raconte ? Enchaîna t-elle. Tu as été déshérité ?

- Ça ne te gène pas que Dame Inqaku soit notre Mère à tous ? Après tout, elle fait passer les besoins du clan avant l'amour de son Fils. Cela doit-être frustrant parfois non ? Comment pouvait-on regretter ce que l'on avait jamais eu? Sipho avait toujours été habitué à partager sa mère, même lorsqu'il n'était encore qu'un gamin Inqaku avait bien plus à faire avec ses idées de rebellions qu'avec son propre fils. Alors si lui aussi avait été fils unique, il était loin d'avoir été le centre de toutes les attentions jusqu'à sa traitrise et là encore sa mère ne s'en était qu'à peine préoccupé pendant que le clan s'enflammait.

- Elle a beau être notre Mère, elle est de toute façon incapable d'aimer comme devrait le faire une mère. Je n'ai rien perdu, pas plus que les autres Khomba. Et pourtant il se comportait comme un gosse en manque d'attention et sembler chercher à tout prix la désapprobation de sa mère seulement pour qu'elle soit consciente de son existence. Inqaku ne l'avait pas oublié, du moins ce n'était pas ce qu'il transparaissait; Elle avait un projet pour son fils puisqu'elle avait un projet pour tout le monde, mais ce dernier n'avait pas voulu s'y greffer et avait préféré le rejeter pour prouver sa propre valeur, montrer qu'il n'avait pas besoin que l'on trace un chemin pour lui.

Inyanga, manquait cruellement de tact mais il fallait l'avouer les Khomba n'en avait jamais eu besoin car derrière leur apparente noblesse ils savaient très bien où porter les coups assassins. Elle en était venu à finalement poser la question qui pendait sur les lèvres d'une bonne partie du clan: Le nouveau statu de Sipho.

- Je n'ai jamais eu pour destin d'hériter de ma Mère. Avouait-il. Crois-tu vraiment que qui ce soit pourrait lui succéder et porter dignement son héritage? Demandait-il. Comme si l'on pouvait simplement succéder à une telle figure, comme si le sang suffisait de le justifier. Si quelqu'un voulait le pouvoir il n'aurait pas besoin d'être son héritier. Le sang ne signifie plus rien pour les Khomba quand il coule encore dans les veines. Le sang n'a d'importance que s'il est répendu sur le sol. Il se trompait très certainement concernant cette dernière affirmation; L'héritage d'Inqaku aurait été important pour tous s'il avait été irréprochable à l'image de cette dernière. Sipho ne croyait plus qu'en la violence et la haine des siens, il était convaincu que rien d'autre que la mort ne pourrait leur faire entendre raison: La seule raison d'hériter d'Inqaku c'était de lui arracher son trône comme elle l'avait fait avec son prédécesseur...

- Je ne suis pas héritier et de toute façon je ne l'aurai jamais été aux yeux du clan. Ce n'était pas une complainte, loin de là, c'était un fait. Sipho n'avait pas besoin de faire pleurer dans les chaumières. Que feras-tu quand Mère ne sera plus? Qui adoreras-tu?

- Elle a beau être notre Mère, elle est de toute façon incapable d'aimer comme devrait le faire une mère. Je n'ai rien perdu, pas plus que les autres Khomba. Avait répondu le fils de la Déesse. Inyanga ne répondit pas, se disant qu'intérieurement, Sipho devait se sentir seul parmi tous ses frères et soeurs. Il était peut-être fils unique, mais il était passé à côté de ce qu'Inyanga avait eu, l'amour parental. Non pas qu'Inyanga pensait que Dame Inqaku n'aimait pas son fils, mais elle avait sûrement trop attendu de lui... Prenait-elle le Prince en pitié ?

Sipho continua son petit monologue, toujours avec ce même air neutre habituel chez lui. Si quelqu'un voulait le pouvoir il n'aurait pas besoin d'être son héritier. Le sang ne signifie plus rien pour les Khomba quand il coule encore dans les veines. Le sang n'a d'importance que s'il est répandu sur le sol.

Pauvre Sipho, il ne voyait que les défauts du clan, et les ravages de la guerre. Inyanga n'arrivait pas à comprendre comment le Fils de la toute Mère pouvait penser que les Khomba ne voyaient que par le sang et les morts. Il était aveuglé, et la femelle ignorait si cela provenait de Inqaku, ou bien de son amour pour Jacayl. C'est là que tu te trompes. Avait-elle répondu. Les Khomba te considéraient sûrement comme le futur dirigeant du clan, moi la première.

Avant cette histoire avec Jacayl... Pensa t-elle, sans pour autant le dire. Bien que Sipho ai toujours eu son air hautain et coincé, elle pensait qu'il ferait un bon dirigeant, car il avait une mère exemplaire en tous points. Mais son amourette de jeunesse avait changé l'opinion publique du tout au tout, et comment leur en vouloir après tout ? Sipho avait trahi les siens, peut-être pour une bonne cause, qui ne voudrait pas que la guerre se stoppe ? Mais il s'y était prit de la pire des façons.

- Je ne suis pas héritier et de toute façon je ne l'aurai jamais été aux yeux du clan. Inyanga soupira. Le mâle avait soit un gros problème en ce qui concernait sa confiance en lui, ou bien il voulait se faire passer pour une victime aux yeux des autres... Je croyais en toi moi, avant que tu ne t'amourache de l'ennemi. Avoua t-elle, non sans serrer les dents. Tu n'aurais pas été comme Inqaku, mais qui souhaiterait devenir la pale copie d'un autre ?

Inyanga elle, n'accepterait pas de devoir suivre bêtement l'exemple pour devenir exactement comme quelqu'un d'autre, au point de ne plus être elle même. Sipho aurait pu être un bon dirigeant si il s'était donné la peine de penser au clan avant de penser à sa propre personne. Son plus grand défaut, aux yeux de la lionne, était son égocentrisme. En tout cas, c'était l'impression qu'il donnait.

- Que feras-tu quand Mère ne sera plus? Qui adoreras-tu? Demanda t-il enfin. Inyanga se mit à réfléchir. Elle n'avait jamais pensé à "l'après". Pour elle, Dame Inqaku vivrait encore des années, et Sipho aurait dû la remplacer lorsque son heure serait arrivée. Mais les plans avaient changés, et désormais, Dame Inqaku avait pour devoir de trouver LE successeur parfait, celui qui continuerait dans sa lancée. Mais aux yeux de Inyanga, personne pour le moment n'était assez digne pour reprendre le flambeau. Lorsque notre Mère aura quitté ce monde, je me contenterais de protéger notre famille, c'est tout ce qui compte. Peu importe qui prendra le pouvoir. Dame Inqaku s'est montré juste et bonne envers nous tous, il faut simplement espérer que le prochain fera la même chose.

Et si le prochain était un nouveau Tyran ? Serait-elle capable de se soumettre à lui, alors qu'elle avait connu la liberté et avait vécu dans l'opulence ? Rien n'était moins sûre. Vois tu toujours Jacayl ? Demanda t-elle enfin, sans une once de rancœur pour une fois.

- Je croyais en toi moi, avant que tu ne t'amourache de l'ennemi. Tu n'aurais pas été comme Inqaku, mais qui souhaiterait devenir la pale copie d'un autre ?
- C'est que tu ne croyais pas en moi. Affirmait-il, sec.

- Lorsque notre Mère aura quitté ce monde, je me contenterais de protéger notre famille, c'est tout ce qui compte. Peu importe qui prendra le pouvoir. Dame Inqaku s'est montré juste et bonne envers nous tous, il faut simplement espérer que le prochain fera la même chose. Il voyait en Inyanga une grande partie de ce qui lui déplaisait chez les Khomba; Elle se reposait beaucoup trop sur la bonté d'un énième tyran selon lui. Que ce soit la Dame ou l'ancien Grand Dirigeant de Khomba, ils étaient tous des tyrans à leur échelle pour le Prince déchu et le clan s'en accommodait, pire il l'appréciait.

- Vois tu toujours Jacayl ?
- Tu t'ennuie, Inyanga? Répondait-il du tac au tac, ne lui accordant aucune confiance. Comme à son habitude il n'exprimait rien, ne laissait rien paraitre. Tu as besoin de ces renseignements pour les colporter dans le clan, tu t'amuses des rumeurs? Lui demandait-il en se rapprochant, la toisant tranquillement. En ce qui concerne Jacayl et moi, ce ne sont que des rumeurs. Les Khomba ont tendance à aimer les histoires à l'eau de rose et à avoir leur propre bouc émissaire, ça leur permet de croire qu'ils sont soudés. Niait-il complément.

Pour une fois qu'elle était d'humeur à discuter, et à faire l'effort d'écouter le Prince déchu, voilà que la femelle se faisait carrément bouler oralement par Sipho. Vexée, elle l'observa sans ajouter quoique ce soit. Tu t'ennuie, Inyanga? Avait-il demandé lorsque celle ci avait voulu savoir où en était sa relation avec Jacayl.

- Tu as besoin de ces renseignements pour les colporter dans le clan, tu t'amuses des rumeurs ? Oui aurait-elle voulu répondre, les rumeurs l'amusait beaucoup, mais aujourd'hui, elle n'était pas d'humeur à s'occuper des rumeurs, et n'avait pas envie de rapporter quoique ce soit à qui que ce soit. Elle était dans un bon jour, et Sipho venait de le ruiner.

- En ce qui concerne Jacayl et moi, ce ne sont que des rumeurs. Les Khomba ont tendance à aimer les histoires à l'eau de rose et à avoir leur propre bouc émissaire, ça leur permet de croire qu'ils sont soudés.

Elle leva les yeux au ciel, comprenant que Sipho n'assumerait rien. Bon d'accord, elle n'était pas du genre agréable avec le Prince en général, mais là, elle avait voulu faire un effort, elle s'était montré agréable, elle ne l'avait pas, ou presque pas clashé durant cette discussion, un exploit ! Et voilà que Sipho réagissait de cette façon. Elle haussa les épaules, comprenant que ça ne mènerait à rien d'insister.

- Tu sais Sipho, ne pas assumer tes actes ne fera pas de toi un lion meilleur. Dit-elle simplement, blasée. Lorsque quelqu'un te tend une patte, évite de la repousser. Ajouta t-elle avant de se détourner du mâle.

Elle était vexée, mais pourquoi ? Depuis qu'il avait fauté avec Jacayl, Inyanga n'avait toujours éprouvé que du méprit envers lui. Et pourtant, en s'éloignant, elle ressentit un pincement au coeur. Quelque chose qu'elle n'avait éprouvé que rarement dans sa vie, voir même presque jamais.

Elle alla récupérer deux poissons faisant parti de son tas de trophées, pour les apporter à ses parents, laissant le reste de ses proies à qui voudrait les manger. Elle jeta un dernier regard à Sipho, déçue. Elle lui avait avoué qu'elle croyait en lui avant, et lui l'avait rejeté sans une once de remord.

- Tu sais Sipho, ne pas assumer tes actes ne fera pas de toi un lion meilleur. Lorsque quelqu'un te tend une patte, évite de la repousser. Comme s'il avait besoin d'être meilleur, il était déjà bien meilleur que n'importe lequel des Khomba et d'ailleurs il avait encore moins besoin que l'on vienne lui tendre la patte. Il était convaincu de tout ça. Et qu'avait-elle à offrir Inyanga, comme n'importe quel autre elle n'était pas digne de confiance, elle aimait les ragots, elle aimait chuchoter avec les autres, comme tous les autres.

- N'inverse pas les rôles, je n'ai pas besoin de vous. Vous avez besoin de moi. Avait-il ensuite songé en observant Inyanga s'éloigner et rejoindre sa famille. Les Khomba croyait tous vivre libre alors qu'ils dépendaient tous du règne d'Inqaku et la louait pour le moindre geste... Qu'ils étaient tous agaçant.