Forum RP évolutif suivant de près l'aventure du clan de lions Msafara dans un nouveau monde qu'il lui reste à découvrir.Personnages dessinés | Le Roi Lion-inspired
 
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"J'ai mieux à faire" [PV]
Jacayl
Jacayl
Jacayl
Age : 26
Date d'apparition : 21/04/2020
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Clan : Cidanka.
Jacayl
Ven 5 Juin - 17:17
https://msafara.forumactif.com/t219-jacayl-maj-18-05
J'ai mieux à faire
Ft. Ienzo

Il faut que cela cesse.

Elle ouvrit deux yeux perdus sur le plafond de la caserne. La roche suintait d’humidité dont les perles venaient mourir sur ses joues comme autant de larmes impossibles à verser. Elle sentit son cœur se réveiller en son sein. Il devenait trop présent. Trop envahissant. Elle collait ce regain de sentiments soudain sur le dos de ses amitiés tissées récemment ; à mesure que les semaines s’écoulaient — des jours durant lesquels Jacayl riait à gorge déployée, s’émouvait pour la souffrance d’un camarade, prenait plaisir à les savoir à ses côtés —, Jacayl devenait plus dépendante. Cela l’effrayait.
Elle avait peur de les voir disparaître, tous ces gens. Elle craignait qu’ils ne l’abandonnent à nouveau au silence calculateur embrassé au début de son entraînement. Elle pensait aimer sa vie, pourtant.

De plus, les insinuations de Sipho aussi gangrénaient son esprit. Est-ce qu’elle haïssait réellement les Khomba ? En fait… La vraie question était : Est-ce que je connais vraiment un seul autre Khomba ? Non. Elle n’avait de liens qu’avec Sipho ; Sipho que Jacayl avait aimé. Sipho que son petit cœur faible refusait encore de trahir. Sauf que Sipho était né Khomba. Et si, au fond, d’autres Khomba pouvaient devenir ses amis ? Un poing se referma sur sa gorge. Elle eut l’impression de se noyer dans une mer de problèmes ; ils avaient des emmerdes où qu’ils regardent. Ils avaient, semblait-il, des choses à craindre des créatures de la Forêt, devaient s’assurer de vaincre Khomba en ayant assez de lions viables pour assurer la sûreté d’Ukungu après...
Ouais. Jacayl imaginait sans mal Cidanka s’enfoncer peu à peu dans la vase. La princesse croyait que la faute revenait à son père ; il n’aurait pas dû faire annihiler la cinquième cohorte. Cidanka avait besoin d’eux. Ç’avait été une erreur de croire qu’ils pourraient remplacer un groupe de valeureux guerriers en prélevant des lions de-ci, de-là, en espérant qu’ils auraient envie de se lancer dans un combat sans merci. Elle soupira.

Elle se releva alors que le soleil chauffait la peau, dehors. Il était presque quatre heures. Jacayl s’était accordée un moment de repos au frais après un entraînement féroce qui lui avait valu une petite brûlure à la croupe. Elle avait dérapé dans les ravines. Le mouvement avait arraché les poils et laissé la peau à vif. Elle se garda cependant bien de le signaler aux Toubibs. Ils parleraient sûrement de lui enlever un plus gros bout de peau en creusant pour ”nettoyer” sa balafre ridicule. Nope, nope. Pas moyen. Elle sortit du réseau de cavernes en avisant qu’un corps pâle y était toujours. Elle qui se pensait seule… La voilà qui perdait le contrôle de ce qui faisait la fierté : ses sens. Elle pinça la bouche, lorgna l’Étranger du coin de l’œil avec une moue méfiante, puis disparut dans la chaleur omniprésente. Une brise chaude lui claqua un baiser sur le nez. Elle se renfrogna. Elle ne supportait pas ces journées incroyablement longues où la grosse boule de feu cramait tout sur son passage. Il menaçait trop souvent l’intégrité de leurs cours d’eau. Un jour, Cidanka verrait ses sources se tarir ; un scénario trop horrible que Jacayl chassa en s’ébrouant.

Elle réfléchit, se souvint de sa première impression négative de Nsiese qui — aujourd’hui — s’était muée en une reconnaissance sincère. Elle aimait beaucoup la lionne. Sûrement trop pour que cela ne la perde pas. Elle regarda par-dessus son épaule, sut que sa décision était prise, s’insinua dans le garde-manger pour piocher une proie moyenne datant du matin-même (une grosse oie sauvage) pour mieux s’enfoncer dans le réseau de la Caserne. Elle s’approcha de l’alcôve occupée par le lion mâle venu de l’Ailleurs. Elle avançait prudemment, sans chercher à dissimuler sa présence. Jacayl savait d’expérience qu’il valait mieux ne pas surprendre un congénère s’il n’y avait pas de désirs belliqueux derrière. Un quiproquo était trop facilement arrivé. Elle déposa doucement la proie à ses pieds, puis la poussa du bout du nez.

— Je ne sais pas s’ils t’ont autorisé à manger à nouveau ou si tu es toujours rationné. Tu peux le prendre, si tu le veux. Elle avait préféré l’option lui donner le choix pour ne pas se faire envoyer paître. Nsiese n’avait pas semblé apprécier les ordres, au début. Aujourd’hui, les choses étaient plus faciles. Les deux lionnes avaient trouvé une forme de confort dès qu’il y avait de l’action ; Nsiese s’en remettait plus aisément à son jugement. Elle coula une œillade aux environs pour s’assurer qu’il n’y avait personne dans le réseau. Elle l’avait bien raté, lui. Pourquoi pas d’autres ? Son pouls ralentit en constatant que ses sens ne l’avaient pas complètement trompée non plus ; ils étaient seuls. Elle reconcentra son attention sur lui, et se décida à parler plus bas. Elle ne voulait pas qu’on les entende. Je m’appelle Jacayl. Un pli anxieux barra son front, ses sourcils se haussant par la même occasion. Elle ne savait pas quoi lui dire pour ne pas éveiller de l’hostilité. Elle avait conscience que son peuple venait de le voler au sien. Il devait les haïr. Nsiese les avait haï. Elle se décala de l’entrée de l’alcôve comme pour dire “Hé, regarde ! Je suis gentille, je ne te piège pas dans ce trou !”, puis s’assit en ramenant sa queue sur ses antérieurs. Une autre enrôlée m’a avoué un jour qu’elle préférait ne jamais voir sa famille mêlée à notre guerre. Je crois que c’est pour ça qu’elle était si méfiante à en parler. Si c’est ton cas, à toi aussi, je peux t’assurer que je n’ai pas l’intention d’aller courir le lion. J’ai mieux à faire. Elle baissa les yeux. Elle se sentait si maladroite dès que cela impliquait une vraie discussion, pas des ordres. Elle fixa les plumes ivoires de l’oiseau, essayant de se focaliser sur un élément du décor qui ne pouvait pas lui sauter à la gorge.
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Ienzo
Ienzo
Ienzo
Date d'apparition : 05/02/2020
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Ienzo
Sam 6 Juin - 11:18
https://msafara.forumactif.com/t35-ienzo-sous-la-surface
La caserne offre un moment de paix au natif des cavernes que les grands jours ensoleillés torturent silencieusement. Des pupilles rétractées à l'état de points dans le vert de ses yeux à la peau rougissante sous le poil trop court de son pelage, les rayons du soleil attaquent sans pitié celui qui n'a jamais été à sa place dans ce monde. Le front collé à la roche, il laisse la fraîcheur lui englober la tête et plonger son esprit dans une bulle confortable, même apaisante. Elle lui rappelle autant sa vie dans les grottes inondées que le visage qui lui donne la force de ne pas abandonner, mais elle ne le fait pas longtemps. Les échos dans la caserne le rappellent à la réalité, ils percent sa bulle et il sait déjà que les pas qu'il entend ne sont pas ceux des siens, ni ceux du montagnard.

Ses oreilles pivotent dans leur direction, ses muscles commencent à gonfler de méfiance, mais une odeur alléchante lui arrive bientôt au museau et son corps relâche la tension, petit à petit. Je ne sais pas s’ils t’ont autorisé à manger à nouveau ou si tu es toujours rationné. C'est une bonne question. Il n'a pas reçu d'autorisation de vive voix, mais s'il est libre de parcourir le territoire, il suppose que ça veut aussi dire qu'il a regagné ses droits. La faim lui creusant le ventre le supplie de ne pas réfléchir plus à la question, mais il ne peut s'empêcher de rester prudent, détachant son front de la roche pour tourner la tête, découvrant le visage de son interlocutrice, puis la drôle de créature à ses pattes. Je m’appelle Jacayl. C'est une jeune lionne. Elle semble anxieuse, mais lui ne dit encore rien et la suit du regard en même temps qu'elle se pousse de l'entrée de la cavité, lui donnant un chemin de sortie.

Comme ? Il n'y a ni sarcasme, ni moquerie dans la voix du caverneux, il demande simplement ce qu'il y a de mieux à faire dans cet endroit. Les entraînements au combat ? Les préparations à la guerre ? Ahah, ouais. De sa patte, il amène la créature à plumes jusqu'à son museau, écartant le duvet pour atteindre la peau et la pincer du bout des crocs, la déchirant avant de se repaître de sa chair pour s'épargner les plumes, non nourrissantes et désagréables à faire passer. Même s'il n'aime pas l'idée de piocher dans leur réserve de nourriture, d'autant plus que chasser par lui-même lui permet de retrouver sa musculature perdue, il sait déjà qu'il n'en sera pas capable dans une chaleur pareille.

Ienzo. C'est mon nom. Il relève les yeux dans la direction de Jacayl, après un temps de pause. Je pense que personne ne voudrait être mêlé à la guerre, s'ils avaient le choix. Si la phrase peut être prise comme un reproche, le timbre neutre qu'il se force à garder annihile le sentiment, il ne fait qu'exposer un fait en même temps qu'il cherche une réaction, dans les yeux, dans les traits, dans les mouvements de l'adolescente.

C'est quoi, ton excuse pour faire la guerre ?
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Jacayl
Jacayl
Jacayl
Age : 26
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Jacayl
Sam 6 Juin - 18:38
https://msafara.forumactif.com/t219-jacayl-maj-18-05
Comme ? Elle croisa ses drôles d’yeux clairs. La couleur ressemblait à du vert, mais une nuance si pâle qu’aucune feuille n’y ressemblait. Elle crut cependant avoir déjà vu quelque chose d’approchant ; oui, les brins d’herbe calcinés par le soleil. Ils perdaient leur fard riche au profit d’un vert-jaune délavé. Asséché.
Mais ses billes à lui n’auraient sûrement jamais ni l’air fades, ni malades. La lumière vive qui dansait dans ses prunelles l’incitait à se méfier, à ne pas le croire dépouillé de son essence ; il faisait parti de ces enrôlés-là qu’on avait torturé sans jamais réussir à les bousiller. Ceux-ci qui gardaient un semblant de volonté. Bizarrement — plus que face à aucun Khomba rencontré jusque-là — Jacayl éprouva un embryon de peur. Elle le jaugea en préservant le masque implacable de maîtrise de soi sur son visage. Il n’avait pas besoin de savoir ce qu’il lui inspirait. Il pourrait s’en servir.

Elle le laissa parler, lui donner son nom que la lionne rangea dans un coin de sa mémoire. Par le passé, Jacayl ne se serait jamais souciée de connaître les noms des uns ou des autres ; elle se serait contentée d’aboyer des ordres chargés d’insolence, de supériorité. Aujourd’hui, la recrue prenait un moment pour regarder chacun des siens, se faire une idée plus ou moins précise des faiblesses ou des qualités des Cidanka.
Peu à peu, Jacayl apprenait à accorder de l’importance à d’autres vies que la sienne ; parfois, avec l’afflux de bons sentiments, à leur donner plus d’importance même qu’à son propre futur. Aussi, quand le lion de l’Ailleurs suggéra qu’aucun conscient ne voudrait d’une guerre, Jacayl n’arriva pas à réprouver. Elle ne sut pas quoi dire pour l’accuser de ne pas savoir de quoi il parlait ; on lui avait bourré le crâne d’arguments pour justifier leurs méfaits mais la princesse les avait oublié. Elle les avait oublié.

— C’est vrai, admit-elle dans un murmure. Elle baissa pudiquement les yeux alors qu’il espérait les croiser, cherchant une forme de réconfort dans ce sol si bien connu. Elle avait dormi dessus chaque jour que les cieux avaient voulu lui accorder ; Ukungu était sa patrie, sa maison. Elle lui devait une fidélité aveugle… Sauf que Jacayl avait fini par ouvrir les yeux. Malheureusement. Je trouverai toujours mieux à faire pour ne pas avoir à donner la chasse à des lions libres. S’entraîner pour acquérir la force de tuer n’était pas forcément reluisant, mais celle qui serait bientôt Légionnaire pensait avoir assez de libre-arbitre pour décider de l’employer… Ou pas. Même s’il lui faudrait sûrement mourir dans ce but-là. Elle repensa aux premiers aveux de Nsiese ; ceux concernant le clan d’où elle venait, de ce qu’elle avait vu. Le monde semblait si merveilleux, dehors. Elle marqua une hésitation qui se vit dans ses orbes olivâtres lorsqu’elle les releva. Elle ouvrit la bouche après avoir mâchonné sa lèvre inférieure, et se dit qu’au pire, elle n’avait pas grand-chose à perdre à poser sa question. Tu l’emmènerais si tu pouvais ? Sa voix était si basse qu’Ienzo devrait sûrement prêter l’oreille pour l’entendre. Elle avait peur que qui que ce soit d'autre la surprenne. Elle savait que penser à ça était déjà une forme de trahison. Pour ne pas se rendre plus coupable qu’elle ne l’était déjà — après avoir évidemment regardé nerveusement vers l’entrée de la caverne à nouveau —, Jacayl articula Nsiese en silence. La Toubib lui avait confié qu’ils se connaissaient, qu’ils avaient appartenu au même clan. Elle crut voir en lui la seule solution susceptible de sauver l’ancienne Étrangère d’une mort sûre. Sa blessure l’empêcherait de se défendre efficacement. Elle serait la première à périr dans les combats.
Elle refusait que cela arrive… Même si, pour leur ménager un moment suffisamment long pour s’évader, Jacayl devait y laisser plumes, poils et pourquoi pas son âme. Il y avait quelque chose de dangereux dans ses prunelles : l’espoir.
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Ienzo
Ienzo
Ienzo
Date d'apparition : 05/02/2020
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Ienzo
Sam 6 Juin - 21:13
https://msafara.forumactif.com/t35-ienzo-sous-la-surface
C’est vrai.

Il hausse les sourcils, elle baisse les yeux. Le murmure lui provoque une étincelle dans le fond des yeux, un mélange de méfiance et d'intérêt qui s'intensifie quand elle rajoute qu'elle se trouverait toutes les excuses du monde pour éviter de participer à l'enrôlement. L'adolescente ne cherche même pas à défendre sa cause, elle garde le regard plus bas que terre. Si le natif des cavernes n'en avait pas été un, il aurait probablement manqué de remarquer le fin mouvement de ses mâchoires dont les crocs doivent ronger ses babines, dans la pénombre. Elle hésite, mais pourquoi. Tu l’emmènerais si tu pouvais ? Cette fois, il fronce les sourcils, la méfiance prend le dessus. S'il répond que oui, elle le rapportera et le fera tuer ? Pourtant, Jacayl vérifie l'entrée de la cavité comme si elle avait peur qu'un autre lui saute à la gorge pour simplement avoir posé la question.

Elle a peur.
Ses babines forment un nom qu'il connait bien ; Nsiese. Ienzo redresse les oreilles, il ne la quitte pas de ses yeux à l'étincelle méfiante. Comment pouvait-il savoir si ce n'était qu'une comédie ou la vérité ? Ils parlent de s'échapper, de traîtrise ; si elle cache la moindre intention sournoise, il est mort et Nsiese aussi. Mais il décèle quelque chose dans les grandes prunelles de l'adolescente, quelque chose qui ne devrait pas être là.

De l'espoir.
Oui.

Ce n'est qu'un murmure, mais il porte toute la volonté du caverneux. C'est un "oui" sans hésitation, sans doute. Mais le choix lui reviendrait à la fin. Il y a toujours un "mais" dans l'histoire. Il pourrait bien vouloir plus que tout au monde qu'elle l'accompagne, il n'aura pas la cruauté de lui imposer un choix. Même si le choix en question l’amène droit vers la mort. C'est une pensée qui lui ronge déjà le coeur, mais il refuse de se mettre au niveau de ces barbares. Pendant un instant, le caverneux détourne le regard et fronce les sourcils, dans une expression à la fois attristée et colérique, impuissante et frustrée.

Pourquoi ? Il continue de murmurer, reposant les yeux sur l'adolescente. Votre but n'est-il pas de nous donner en sacrifices à votre guerre ? Ce n'est pas à ça que servent les bons soldats qu'ils forment à partir d'étrangers ? Mourir au combat pour eux, sans réfléchir ? Si oui, pourquoi elle a l'air d'espérer qu'il emmène la jeune lionne loin d'eux ? Dans l'attente d'une réponse, il continue de la fixer.
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Jacayl
Jacayl
Jacayl
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Clan : Cidanka.
Jacayl
Lun 8 Juin - 14:37
https://msafara.forumactif.com/t219-jacayl-maj-18-05
Il répond ”oui”, son monde explose. Elle se lèche les lèvres, les yeux écarquillés. Des yeux qui délaissent peu à peu le visage du mâle pour glisser sur les parois rocheuses. Elle y cherche le courage de demeurer Cidanka, de ne pas renoncer à ces choses-là, si connues, si familières. Mais le soulagement ne vient pas. Le dogme qui résonne normalement si bruyamment dans son crâne — pour régir même la plus insignifiante de ses actions — demeure aujourd’hui silencieux. Il la laisse se débrouiller seule. Elle, elle qui est sur le point de devenir une traîtresse. Elle sent le souffle lui manquer, sa gorge s’assécher. Sa bouche devient pâteuse.
Jacayl n’a jamais fait quoi que ce soit — jusque-là — qui puisse réellement porter préjudice aux siens ; même ses sentiments pour Sipho n’ont pas réussi à lui faire cracher des informations. Et la voilà qui rompt ses serments pour sauver une presque-inconnue arrivée des mois auparavant. Une Étrangère qui l’a bouleversé avec sa compassion à deux balles, ses principes à la con.

Elle opine doucement du chef quand il précise que ce sera à Nsiese de décider. À sa place, Jacayl ne lui laisserait pas le choix. Elle la ferait rouler jusqu’au point de passage — où qu’il soit — en lui faisant manger des cailloux pour l’empêcher de crier. Sauf qu’ils ont reçu une éducation différente, la princesse l’a bien compris. Elle repose les billes sur Ienzo, puis sur l’entrée de la caverne, et à nouveau sur le mâle. Ses accusations font encore mouche, Jacayl sent son visage se déformer d’une grimace. Elle soupire, le bout de la queue agitée de petites secousses agacées. Oui, oui, je sais ! Mon peuple n’est qu’un ramassis de monstres. Jacayl souffle bruyamment des naseaux, une moue boudeuse peinte sur les traits. Je ne suis pas comme mon père. Si Cidanka doit disparaître à cause de la guerre, nous en serons les seuls responsables. Nous avons ”choisi” de poursuivre les combats, de donner nos vies pour la cause. Ce n’est pas le cas des enrôlés. La recrue hausse les épaules mais ses lèvres pincées — ou alors la lumière hantée de ses yeux — avouent à sa place que la situation lui pèse. Sa voix n’est qu’un murmure penaud quand elle reprend. C’est cruel d’arracher des lions à leurs familles pour les balancer sur le champ de bataille. Surtout quand, comme ici, on leur fait subir des traitements pareils. Tu n’auras probablement pas le temps de récupérer suffisamment avant le début des affrontements. Ça fera de toi une cible facile.
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Ienzo
Ienzo
Ienzo
Date d'apparition : 05/02/2020
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Clan : Khomba
Ienzo
Mer 10 Juin - 21:17
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Elle a une honnêteté qui lui plaît beaucoup, Jacayl. Dire que c'est la fille du tyran qui a les yeux plus ouverts que les autres, si ce n'est pas ironique... Ienzo penche la tête, il observe les traits de l'adolescente, de ses lèvres pincées à ses pupilles tremblantes. Il y a le poids de la réalisation qui les écrase petit à petit, les guillemets dans son "choisir" veulent tout dire pour lui. Elle a peur de la guerre, mais quoi de plus normal ? Il n'y a que les fous qui ne la craignent pas. Un soupir finit par s'échapper de l'entrouverture de ses babines, dont la discrétion marque toute sa résignation. Je sais. Qu'il répond à la dernière parole de son interlocutrice. Même s'il n'était pas affaibli, la guerre ne ferait qu'une bouchée de lui. Un ajinn se battra jusqu'à la mort pour sa famille, mais pour elle seulement. Mais je suis heureux de savoir que tous ne voient pas cet acte de barbarie comme... normal. C'est un regard à l'éclat presque reconnaissant qu'il repose sur elle.

Il marque une pause, avalant quelques morceaux de son repas. Ça fait un bien fou de se remplir l'estomac, mais il doit faire attention à la quantité qu'il digère à la fois. Il n'est plus habitué à un vrai repas et se rendre malade lui mettrait une patte dans la tombe. Jacayl ? Il revient à l'adolescente, s'assurant qu'il n'a plus rien dans la bouche ou sur les babines avant de l'appeler. Tu n'as pas vraiment choisi ce destin, pas vrai ? Non, elle avait juste eu la malchance de naître ici. Si tu avais un moyen d'arrêter la guerre, tu le ferais ? C'est à son tour de poser une question avec l'un de ces "si" qui ont le pouvoir de refaire tout un monde. Il est curieux de savoir jusqu'à quel point Jacayl a les yeux ouverts. Si elle a le goût du sang comme ses confrères ou si elle rêve d'un avenir plus glorieux pour eux. Il a toujours du mal à comprendre, s'ils se considèrent vraiment comme une famille, qu'ils puissent accepter d'en perdre aussi futilement. Faire la guerre n'est réellement qu'un luxe pour ceux qui n'ont plus à s'inquiéter de leurs besoins primaires... Si on peut appeler ça, un luxe.

Pourquoi vous battez-vous, d'ailleurs ? C'est vrai qu'on lui a expliqué comment l'autre clan est (forcément) les méchants de l'histoire et qu'eux ne sont que les pauvres opprimés ne faisant que se défendre, mais on ne lui a pas mentionné le but de ces massacres. Pas une seule fois. L'ont-ils oublié à force de coups sur la gueule ? Ou leurs intentions sont-elles peu louables au point où on les cache volontairement aux nouvelles recrues ? Peut-être que c'est un mélange des deux, qui sait.
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Jacayl
Jacayl
Jacayl
Age : 26
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Clan : Cidanka.
Jacayl
Ven 12 Juin - 19:44
https://msafara.forumactif.com/t219-jacayl-maj-18-05
Jacayl s’observe aussi, vous savez. Elle le fait grâce à ces yeux, là, fixés sur sa peau qu’ils chauffent à blanc. Elle a l’impression qu’on la déshabille. On lui arrache les poils, la chair, les muscles, jusqu’à ne laisser qu’une poignée d’os pudiques qui crient d’horreur. L’effeuillage silencieux ramène un surprenant goût de bile sur ses papilles. Elle se fige, immobile, raide comme une pierre. Ses lèvres retiennent un souffle raccourci par la course folle de son pouls, sa bouche pleine de craie lui donne le sentiment de progresser dans le désert. Elle veut qu’il cesse. Elle essaie d’ouvrir la bouche pour lui crier d’arrêter de l’épier, de l’effeuiller morceau par morceau ; car il se peut aussi que la princesse ne se rappelle pas dans quel ordre se réassembler pour redevenir la même personne qu’avant.
Mais Jacayl n’arrive même pas à murmurer une supplique. Elle demeure simplement coincée ici, obligée de se regarder. Un léger tremblement la prend au niveau des épaules. Ses muscles sursautent, ses poumons la brûlent. Elle relâche soudainement l’air gardé prisonnier jusque-là, aspirant au passage plusieurs bouffées d’air qui vient lui calciner les voies respiratoires. Il fait trop chaud.
Beaucoup trop chaud.

— Jacayl ? Elle laisse échapper un « mhhh ? » anxieux en fermant à-demi les yeux. Elle sait que ses prochaines questions seront autant de coups de poignard portés à son cœur changeant. Celles de Nsiese ont le même pouvoir ; c’est comme des lames affûtées par le bonheur plus ou moins fugace qu’ils ont trouvé dans l’Ailleurs. Des armes qu’ils pointent sur Jacayl. Encore, encore.
Il donne le premier coup soulève ce point si crucial du consentement. C’est sans importance ici, ronronne la voix sournoise du dogme Cidanka. C’est sans importance, rabâche silencieusement la princesse. Elle hausse nonchalamment les épaules. On ne fait pas le choix de son lieu de naissance, non. Par contre, on peut décider — ou pas — d’appartenir à la famille. Jacayl a embrassé il y a des années de se faire Cidanka.
Maudits sont ces Inconnus de l’Ailleurs à venir donner des coups de pied dans ses croyances. N’en ont-ils pas, eux ? N’y a-t-il rien qui revêt un caractère similaire à sa recherche désespérée de faire corps avec son clan ? Elle pince les lèvres plus fort. Une braise revient à la vie dans ses yeux pour mieux y mourir dans la seconde. Il semble possible de lire le combat qui se joue dans ces deux minuscules miroirs couleur d’aiguille de pin. Renoncer pour mieux rentrer dans les rangs ? Oh, oui. Quelle bonne idée ! Il n’est jamais trop tard pour se débarrasser des connaissances qui sont devenues une source de souffrance ! Lutter pour un avenir meilleur ? Elle a l’impression de s’abaisser au niveau de Sipho le naïf qui espère passer à côté de la guerre.

Si. Les si sont une imbécillité à laquelle s’adonnent ceux qui ont des heures à perdre. Il n’y a jamais que des incertitudes avec les si ; parce qu’un si vient avec des mais. Beaucoup de mais. Pourtant, Jacayl ne le remballe pas. Elle sent la brûlure dans ses muscles crispés s’endormir peu à peu, à mesure que son corps se relâche. Au final, il achève sa débâcle par ce qui lui fera le plus mal. Pourquoi ? La recrue le dévisage longuement sans piper mot. Elle les cherche, les pèse, se demande ce qu’il est bon de révéler ou pas. Quand sa bouche s’ouvre, seul un fil de voix blanche en sort ; Je l’ignore. Je suis à peu près sûre que personne ne se souvient de la raison première du conflit ; c’est simplement là, chose apparemment immuable qui gouverne nos vies. Père se rappelle peut-être. Je ne peux pas lui demander, cependant. Il le verrait comme une remise en question du bien-fondé de notre cause. Elle parle avec une douceur rarement vue chez Jacayl. Elle, la sauvage qui rêve de devenir Championne. Un sourire absent pare son faciès d’ange, habité par une sérénité bizarre à l’idée de partager son fardeau avec quelqu’un. Il n’y a personne à Cidanka qui puisse l’écouter sans la haïr pour ses inquiétudes. Un bon soldat n’a pas besoin qu’on lui explique pourquoi. Il demande seulement ”comment” puis s’exécute. C’est sa raison d’être. Elle laisse fuir un rire nasal acide. Oh, oui — Cidanka est profondément gangréné. Et Ksanaksan l’inflexible est la source de la nécrose.

La jeune lionne chasse l’engourdissement dans ses joues en les frottant délicatement avec ses paumes, avant de se malmener la lèvre supérieure du bout d’une griffe. Les questions qu’il lui pose la titille. Il en sait trop pour quelqu’un qui n’est pas là depuis plus d’une poignée de semaines. Elle le jauge, l’évalue. Il paraît jeune, bien sûr. Trop jeune pour quelqu’un qui peut parler de la guerre. De plus, Nsiese n’a pas manqué de lui avouer qu’ils viennent du même clan ; mais la Toubib n’a jamais parlé que de bonheur, de jolis paysages, de belles couleurs. Quelqu’un ment. Ou quelqu’un ne lui a pas dit l’entière vérité. Tu sembles bien connaître la guerre, fait-elle remarquer calmement. T’a-t-il déjà semblé qu’une seule personne pouvait y mettre fin ? Si c’est le cas, je suis prête à apprendre.
Qu’il réponde, Ienzo. Jacayl ne se gênera pas pour aller demander des éclaircissements à Nsiese sur son foutu monde soi-disant sans ombres.
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Ienzo
Ienzo
Ienzo
Date d'apparition : 05/02/2020
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Clan : Khomba
Ienzo
Sam 13 Juin - 18:01
https://msafara.forumactif.com/t35-ienzo-sous-la-surface
Je suis à peu près sûre que personne ne se souvient de la raison première du conflit.
Ça doit bien l'arranger, l'autre pourriture.

Ienzo a les babines pincées de mépris quand elle lui révèle d'une voix blanche que même la propre fille du consul n'est pas à l'abri de ses châtiments. Il doit cacher des intentions si peu louables qu'il craint même que son propre sang, sa propre chair se retourne contre lui si elle venait à les apprendre. Mais c'est trop tard, maintenant. Parce qu'il voit le soulagement sur le faciès de l'adolescente lors de ses confessions, il entend la dérision dans le soupir qu'elle pousse quand elle parle de sa raison d'être ; elle lui partage le poids de son éveil et il est prêt à lui donner une épaule où s'appuyer si ça peut lui permettre de reprendre son équilibre, parce qu'il sait à quel point il est bouleversant de rouvrir les yeux dans un monde dont on ne reconnaît plus rien. Refuser de s'adonner à la guerre serait la fin de toute une existence pour la cidanka.

Lui qui est pourtant si dégoûté par ses congénères, il a presque envie de se lever pour la prendre dans ses pattes, lui donner un moment pour respirer, un moment que ce monde ne cesse de lui voler en l'étouffant de sa violence. Mais sûrement qu'elle le détesterait pour ça, elle qui suffoque déjà sous le dôme de son regard à la recherche de la vérité.

Tu sembles bien connaître la guerre. Il le relève justement, son regard, pour le plonger silencieusement dans celui de son interlocutrice. T’a-t-il déjà semblé qu’une seule personne pouvait y mettre fin ? Si c’est le cas, je suis prête à apprendre. Puis, il y a l'ombre d'un sourire qui étire les commissures de ses babines, les fente de ses yeux qui s'amoindrissent doucement et l'air dans sa voix qui se fait moins grave, presque amusé lorsqu'il répond à la princesse. Donc tu le ferais. C'est la première fois depuis longtemps que son visage reprend une expression plus détendue, s'attardant sur les traits juvéniles de l'adolescente avant de pointer ses yeux au loin tout en soufflant par l'entrouverture de ses babines. Même seule... Qu'est-ce qui peut être à l'origine d'un tel changement chez elle ? Il se demande bien. Mais je ne pense pas que tu sois seule, Jacayl. Il redirige son attention sur elle, continuant de murmurer. Si tu as réussi à ouvrir les yeux, d'autres en sont capables aussi. Comme toi, ils doivent se cacher. Ça n'a rien d'étonnant quand le moindre questionnement peut apporter le soupçon, même la mort. Et si vous en êtes capable de ce côté de la rivière, alors il n'est impossible qu'il en soit de même pour l'autre. Après tout, il n'a jamais eu de preuves du contraire jusqu'à présent.

Mais il faut les chercher pour les trouver. Il fronce légèrement les sourcils pour marquer l'importance de ses derniers mots. Lutter ou renoncer ? À la fin, le choix lui appartient. Toutefois, il sait déjà que si c'est la lutte qu'elle choisit, elle pourra trouver en lui un allié de tout le temps qu'il sera ici. Et même après, que ça soit de l'autre côté de la rivière ou à sa mort pour une soi-disant traîtrise. Une lueur éclate dans le fond de ses prunelles à cette pensée, perçant l'obscurité de la cavité pour atteindre la peau qu'elles ont déjà chauffée à blanc. S'il y a une chance de relier les deux côtés... Même qu'une infime chance, alors il ne doit pas échouer.

Mais lui, peut-il compter sur elle ?
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Jacayl
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Jacayl
Sam 13 Juin - 22:29
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Il a un joli sourire.
Oh oui. Jacayl sent son cœur battre drôlement. Il cogne un coup comme pour se signaler, comme pour hurler « hé, je suis réveillé ! » ou alors… « hé, ils ne m’ont pas tué ! » ; la môme se dépêche cependant de lui ordonner de la fermer. Le cœur est un traître. Il n’y a bien que l’esprit — chose rationnelle à laquelle il est possible de commander — qu’il fait bon de cultiver.
Jusqu’au jour où l’insolent palpitant se ramène. Là alors il fout le chaos, se sert de ces connaissances péniblement amassées non plus pour servir la cause de la logique mais celle de l’insanité qui pousse au crime. La passion est un poison. L’amour, semble-t-il, une arme que l’on pose sur sa propre tempe. Il y a une balle pour six coups dans le chargeur de la recrue ; une balle pour cinq erreurs — ou moins, si la chance l’abandonne.

Il a un joli sourire,
Qui ne sera plus qu’un vulgaire souvenir,
Bientôt. Lorsque, comme eux, Ienzo va finir.

Donc tu le ferais. Ouais. Jacayl pose sur lui des yeux fins où s’allume la première étincelle. Ouais. Celle qui ne cessera probablement plus de la changer jusqu’au jour où le sang sera versé pour la dernière fois. Elle frissonne. La fourrure de sa nuque se dresse d’anticipation ; il parle d’autres. Il suffit de les trouver, de les rassembler, de se soulever. Un sourire amer s’égare sur ses propres lèvres. Il détruit son profil presque trop beau pour appartenir à une Cidanka — parce que la guerre rend laid, parce que dans un combat la beauté est de toute façon superflue.
Ce n’est pas sans lui rappeler quelque chose. Oh oui. Elle se souvient de ceux qui sont morts pour la liberté ; ceux qu’on a exécuté alors qu’ils voulaient partir, tout laisser dans leur sillage. Je sais. Son sourire croît. Paradoxalement, le sien n’a rien d’élégant ou de joli. C’est l’expression de la plus pure — ou de la plus désabusée — des souffrances. C’est en cela que Jacayl pense que son sourire à lui aussi finira par changer. Ils sont tous passés par là… Sauf qu’eux n’avaient que quelques mois lorsque l’innocence a été balayée d’un revers de main. Lui, Ienzo, aura au moins le réconfort de se souvenir de ce qu’est un vrai sourire inscrit sur son visage.
Encore que… Dans un monde comme le leur, se rappeler peut aussi devenir un fardeau.

Tu crois que personne ne s’est jamais soulevé ? Sa voix qui n’est pourtant qu’un murmure résonne dans son propre crâne comme un cri. C’est une inflexion qui tremble de quelque chose comme la rage. Quelques-uns de mes frères se sont rendus coupables, ce soir-là. Son visage devient dur comme les roches qui les abritent. Elle frémit. Son cœur n’a jamais pleuré si fort. Oh oui, son peuple est coupable. Ils ont tué des dizaines des nôtres qui réclamaient seulement l’indépendance, le droit de partir faire leurs vies là où ils l’entendaient. Ses lèvres dévoilèrent ses crocs livides, le feu brûlant dans ses yeux. Ce que Jacayl ne réalise pas vraiment à ce moment précis c’est que son changement de camp vient de s’opérer ; car contrairement aux autres Cidanka, la môme parle de culpabilité en désignant ceux qui ont pris la vie sur ordre de Ksanaksan, pas de ceux qui aspiraient à connaître autre chose.
La voix du dogme s’efface. C’est comme un poids qui s’évanouit, comme une corde trop serrée autour de sa gorge que l’on coupe. Oh, ne vous méprenez pas. Se débarrasser de ses chaînes ne se fait pas sans douleur. Il y a du sang chimérique qui coule d’un millier de plaies qui le sont aussi ; la saveur riche du fer éclate dans sa bouche. Jacayl s’est mordue la langue sans le remarquer. Elle se redresse comme une dame d'acier plongeant ses yeux immenses aux reflets sévères dans ceux de l’autre lion. Il faut qu’il comprenne.

Je peux me trouver des alliés. Je pourrais vendre tout ce que je sais aux Khomba. Peut-être qu’ils m’offriraient la tête du consul — que Jacayl n’essaie même pas d’appeler Papamais qu’en ferais-je ? Ils sont tous si convaincus que ce qu’ils font est dans l’ordre des choses… Je sais de quoi je parle. J’étais comme eux, moi aussi.
Sauf qu’une amie a su me réveiller. Elle m’a secoué, m’a arraché à tout ce en quoi je croyais. Elle a fait de moi une Étrangère dans ma propre maison. Mais je ne t’apprends rien en disant que je suis jeune. Je ne suis pas non plus aveuglée au point de suivre les ordres sans me poser de questions. Tu crois qu’il y a beaucoup de personnes comme moi, ici ? Non. Il y en avait. Ksanaksan les a fait annihiler d’un claquement de griffes. Sans hésiter. Il savait le risque qu’ils représentaient, ce qu’ils pourraient causer si la rumeur avait enflée.


Elle revient au silence, à bout de souffle. Elle le reprend, sent ses yeux s’embuer. Une larme — une seule — de ressentiment roule sur sa joue jusqu’à ses lèvres. Jacayl pleure trop souvent, dernièrement. C’est le signe de sa défaillance. Ce n’est que le début des emmerdes, aussi. Le goût salé de la défaite se répand dans sa bouche. Mais si on se soulève à nouveau, puis que quelqu’un d’autre prend la relève, il n’y aura finalement plus personne pour se battre lorsque le niveau de la rivière sera au plus bas.
Il n’y aura plus que Ksanaksan.


Peut-être que c’est la seule solution pour voler la paix à ce roi trop aimé mais trop inflexible.
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Ienzo
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Ienzo
Dim 14 Juin - 21:04
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Je sais.

Il regarde l'étincelle de ses yeux mourir à la survenue d'un souvenir douloureux, un souvenir plein d'amertume qui tire ses babines dans un sourire affûté par la souffrance, contrastant avec la douceur de ses traits juvéniles. Mais il ne le trouve pas moche, le sourire de l'âme en peine. Comme les pleurs qui traversent parfois les profondeurs de l'océan, il est plus déchirant que tout autre chose au regard du lion qui a toujours rêvé de rattraper leur origine pour lui apporter du réconfort, mais ça lui a toujours été impossible.
Comme ici.

Ienzo a le coeur serré, les sourcils froncés de peine, le regard adouci par la compassion. Ils ont massacrés leur propre famille, qu'il se répète inlassablement. Parfois, les murmures deviennent plus horrifiants que des hurlements. Il sent le poids dans chaque mot qu'elle pose sur l'acte monstrueux dont elle a probablement été témointe, il sent la rage qu'elle porte aux coupables du charnier. Rien qu'à l'imaginer, la terre encore fraîche de sang et de chair, lui en a la bille qui lui colle le palais. Lui qui reste silencieux, tout simplement parce qu'il n'y a pas de mot pour décrire le dégoût qu'il éprouve à l'encontre du tyran à cet instant. Voilà tout simplement ce qu'apportent les Khomba, qu'on a essayé de lui bourrer le crâne. Mais il est persuadé qu'eux-mêmes font plus de carnages dans leurs propres rangs que leurs ennemis.

C'est impardonnable.
Il n'existe aucune place sur terre pour des monstres comme lui.
Il doit mourir.

Il y a un nouveau feu qui brûle la gorge de l'enfant des eaux. Il trouve son origine dans le fond de sa poitrine, où ses palpitations finissent de s'ordonner pour redevenir une mélodie régulière, mais percutante, autrefois douce comme la tombée des gouttes du plafond des cavernes. Ils sont tous si convaincus que ce qu’ils font est dans l’ordre des choses… La voix lui fait battre des paupières, il revient à la réalité pour écouter son désespoir grandissant petit à petit, jusqu'au soudain retour du silence. Alors, il regarde la seule larme qui tombe des yeux embrumés de Jacayl, disparaissant au creux de ses babines qu'il fixe pendant un instant. Il n’y aura plus que Ksanaksan. Les traits de son visage ont un tressaillement, comme s'il vient juste de réaliser le sens de ses paroles. Un « mh » résonne à l'intérieur de sa gueule crispée, ses pattes lui reviennent et son dos frôle le plafond du terrier alors qu'il se redresse, abandonnant son repas malgré la faim qui lui renfonce les côtes pour s'approcher de la jeune lionne, levant doucement une patte sans griffes vers le sillon qu'à tracé sa larme, pour se figer au dernier moment. Ienzo fait l'impossible ; cette fois, il apporte du réconfort à l'origine de ces pleurs déchirants, mais il ne sait même pas si elle le percevra comme tel ; il n'a pas vu beaucoup de tendresse dans les habitudes cidanka. Ainsi, il laisse sa patte suspendue dans le vide, donnant le choix à Jacayl.

Vous n'avez pas à vous sacrifier. Lui murmure-t-il. Il doit y avoir d'autres solutions, mais peut-être qu'elles ne se sont pas encore présenté à nous. Nous, parce qu'elle n'est plus seule, Jacayl. On peut voir les rouages de son esprit s'envoyer les unes et les autres dans une rotation folle si on prend le temps de scruter le fond de ses prunelles, seulement, il n'a pas encore assez d'informations pour combler les vides dans la machine. La guerre peut commencer aussi vite qu'elle peut finir, mais il faut que les circonstances le veuillent et saisir l'occasion dès qu'elle se présente. Il essaye de la rassurer, Ienzo. Lui dire qu'il n'y a pas que dans la mort qu'elle obtiendra la paix. Que se passe-t-il si le consul meurt ? C'est à lui qu'ils obéissent à la griffe et à l'oeil, non ? Qui prend la relève ? Peut-il exister un potentiel candidat moins avide de sang ? Il l'espère de tout son coeur.

Ah... Si Jacayl n'était pas aussi jeune.
Tout aurait été probablement plus simple.
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Jacayl
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Jacayl
Dim 14 Juin - 22:07
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Jacayl sent son pouls battre la mesure. C’est un « boum, boum » de moins en moins régulier alors qu’il se lève. Il n’est pas très grand, c’est vrai ; mais… Il l’écrase. Sa présence se répand dans l’espace disponible qui peine à la garder prisonnière ; son essence rampe, caresse, réchauffe puis brûle par le froid les murs. Les couleurs de son pays paraissent presque fades à côté de celles qui ondoient dans sa fourrure.
Il sera le premier, pense Jacayl. Le premier à vaincre, à passer au-dessus de ces imbécilités auxquelles ils s’adonnent. Le premier à ne pas céder. Il est là depuis un moment, maintenant. Ils l’ont affamé, l’ont blessé à l’âme, l’ont diminué comme s’il était d’une espèce inférieure. Pourtant, avec ce recul si nouveau, la princesse comprend qu’il leur est supérieur ; car il a renoncé à l’attrait du conflit. Alors même qu’il pourrait nourrir le désir de mourir en essayant de faire quelques dégâts à Cidanka, il est là, semble-t-il réellement intéressé par ce que la jeune lionne a à raconter.
Il sera le premier, se morigène Jacayl. Le premier en qui la môme veut bien placer sa confiance. Pas trop pour ne pas disparaître avec lui comme le font les siens en obéissant aveuglément à Ksanaksan. Mais assez pour garder un possible allié dans ce qui est désormais son but : sauver son peuple de la déchéance.

Ses résolutions nouvelles s’évanouissent cependant à la seconde où il se rapproche. Elle le regarde — horrifiée — lorsqu’il lève une patte vers son visage. Qu’espère-t-il faire ? Son réflexe premier est de reculer vivement. Ses yeux hantés ne quittent pas le membre levé. Il est resté figé dans ce mouvement inachevé, comme s’il n’avait pas osé le finir quoi qu’il arrive. Il n’a pas sorti les griffes. Une boule dure se referme sur sa gorge. Jacayl peine à déglutir. Elle se sait maligne mais plusieurs choses lui échappent ; celles qui se rapportent aux sentiments. Son regard erre prudemment jusqu’au visage étranger. Il n’exprime aucune animosité, seulement une drôle de compassion. Il y a encore un mois ou deux, la princesse en aurait été insultée.
Sauf que la pluie a peu à peu lavé ce qu’il y avait de plus sale dans sa fierté. Entre-temps, la môme a découvert la violence d’un drôle de besoin : celui de réconforter un ami qui pleure. C’est ce qui lui est arrivé lorsque Nahama s’est laissée aller. C’est ce jour-là que, sans jamais avoir connu le câlin — le vrai —, que Jacayl s’est coulée jusqu’à sa camarade pour la serrer sur son cœur.

Ses billes couleur de pin passent successivement du visage à la mimine laissée en suspens. Elle se rapproche lentement, avec mille précautions. Son minois d’ange exprime à la fois de la méfiance et d’intérêt. C’est comme une expérience, au final. C’est seulement pour savoir ce que ça fait de recevoir. Ses pupilles sont si dilatées quand la princesse approche sa joue de la paume qu’on devine facilement ce qui règne en maître sur son cœur : la peur.
La peau passe aussi légèrement qu’une plume sur la sienne, effaçant le sillon creusé par sa faiblesse. Jacayl n’y tient cependant plus, relève un peu brusquement la tête pour se soustraire à une arme potentielle, puis remêle leurs regards. Ce qu’il murmure lui réchauffe l’âme. C’est comme connaître le brasier d’un cheminée après avoir erré pendant des jours dans la neige. Un fin sourire reconnaissant prend possession de ses babines, abandonnant quelques fils d’or dans ses orbes lumineux.

Jacayl reprend rapidement son sérieux quand il passe au vif du sujet. D’une pression très douce de la paume sur son épaule, la princesse l’enjoint de retrouver le fond de son nid. Elle lance un regard prudent autour d’eux, avant de se rapprocher. Elle s’allonge en sphinx pour que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Il vaut mieux pour eux qu’ils parlent vraiment très bas à partir de maintenant. On les fera tuer sans procès si quelqu’un vient à attraper au vol leur conversation. Un autre prend la place. Il arrive que le consul désigne lui-même son successeur, c’est assez courant. C’est ce qu’il s’est passé pour mon père. Ses faits d’arme lui ont d’abord permis de devenir centurion. Après ça, il n’a plus eu qu’à se faire bon conseiller auprès de l’ancien consul pour qu’il lui cède sa place. J’ignore qui Ksanaksan a choisi ; mais je peux au moins dire qui il n’a pas choisi : Xajin. C’est une femelle. Je suis presque sûre qu’il préférerait confier Cidanka à un mâle qui lui ressemble. Jacayl malmène délicatement sa lèvre inférieure en réfléchissant. Horyaal, le Champion, pourrait faire un bon candidat. C’est un géniteur prolifique. Ses gènes sont excellents, ses petits généralement forts, il est très apprécié. Je le crois assez intelligent, même si je ne lui ai jamais trop parlé. Il est vraiment doué pour le combat.
Pensivement, Jacayl s’enfonce dans le silence. Elle pense savoir où Ienzo veut en venir. Créer une brèche dans le cœur du prochain consul pourrait avoir une incidence sur leur peuple tout entier. Malheureusement… On ne devient pas Champion comme ça… C’est un titre qui n’est accordé qu’au lion qui a donné le dernier baiser au plus de Khomba possible lors de l’année passée. Ou comment avouer à demi-mot qu’Horyaal est inaccessible de par son endoctrinement parfait.
Jacayl pousse un soupir exaspéré. Nsiese a pu m’éveiller parce que j’ai commencé à éprouver de la sympathie pour elle. Je lui ai fait confiance, même dans une moindre mesure. Il faudrait pouvoir recréer quelque chose de similaire pour les autres mais de manière générale... En s’appuyant sur une personne en qui ils croient viscéralement. La seule qui répond à ces critères, c’est Ksanaksan. C’est le seul que personne n’oserait défier, ici. Le seul qui est invulnérable.
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Ienzo
Ienzo
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Ienzo
Lun 15 Juin - 22:03
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Il a une préférence pour les sourires qui font remonter les commissures des yeux, Ienzo. Dommage qu'il ne peut admirer celui de Jacayl plus longtemps, puisqu'à son tour, elle lève une patte pour la poser délicatement sur l'une de ses épaules, lui demandant d'une pression - si douce qu'il pourrait ne pas la sentir - de regagner le fond de la caverne. Pour tout avouer, il est possible que son corps ait déjà commencé à se replier quand ses coussinets l'ont effleuré ; il fait toujours mine de rien, Ienzo, mais il a tout autant perdu le goût de la tendresse que la légionnaire. Parce qu'il remonte à loin, le temps où il se trouvait à sa place. Les dernières marques d'affection qu'il a réellement donné (sans peine, sans pitié) - elles ont été à Thulrur, le seul qui a toute sa confiance, même plus. Ouais, il a une loyauté qui a toujours transgressé la frontière de la dévotion et de bien d'autres sentiments qu'il n'a jamais différencié et qu'il ne différenciera probablement jamais. Depuis que le montagnard n'est plus à ses côtés, il se rend compte à quel point il n'a pas réussi à se greffer à ce monde, même dans un aussi petit que celui de la rébellion.

Peut-être que c'est aussi pour ça qu'il s'est livré, qu'il n'est pas devenu le nouveau guide.
Sans ancre, il n'est plus qu'une âme à la dérive.
Un figurant du second plan.

Un incapable.

Malgré les pensées noires qui envahissent soudainement l'arrière de sa tête, il écoute attentivement les explications de son interlocutrice, tassé dans le fond de la caverne comme les siens le faisaient si bien. Leur proximité fait pression à l'intérieur de sa poitrine, c'est presque inconfortable, mais il n'en dit rien. J’ignore qui Ksanaksan a choisi ; mais je peux au moins dire qui il n’a pas choisi : Xajin. C’est une femelle. Là, il hausse un sourcil et plisse les yeux, pour communiquer un « vraiment ? » des plus blasés avant de se reconcentrer. C’est un titre qui n’est accordé qu’au lion qui a donné le dernier baiser au plus de Khomba possible lors de l’année passée. Le soupir lui fait danser une mèche ou deux sur le front et baisser les yeux, lentement. Même si Jacayl n'aurait pas mentionné ce détail, l'idée de prendre le champion comme potentiel sauveur ne lui plait déjà pas... Trop assoiffé de sang et de violence. Une vision du mâle que les récits de Nahama ont peut-être déformé. Un peu, beaucoup déformé. Il faudrait pouvoir recréer quelque chose de similaire pour les autres mais de manière générale... En s’appuyant sur une personne en qui ils croient viscéralement. La seule qui répond à ces critères, c’est Ksanaksan. Ienzo hausse les sourcils, soufflant doucement par le nez devant la difficulté de la situation. Mais pour ça, il faudrait éveiller quelque chose en lui d'abord. Ce lui qui mène la guerre. Ce lui qui fait massacrer les siens en un claquement de griffes. Ce lui qui daigne tout juste à regarder sa propre fille. Tu penses que quelqu'un ici a ce pouvoir ? Il repose son regard sur Jacayl avec une petite, mais bien réelle lueur d'espoir dans les yeux.

Si seulement...
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Jacayl
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Jacayl
Mar 16 Juin - 5:05
https://msafara.forumactif.com/t219-jacayl-maj-18-05
Mais pour ça, il faudrait éveiller quelque chose en lui d’abord.
Jacayl ricane. C’est plus fort qu’elle. Le son résonne doucement dans le réseau de cavernes. Un « certes » à peine audible lui échappe. Pourtant, son hilarité décroît au fur & à mesure que ces yeux-là la scrutent. Un sourire infiniment malheureux apparaît sur ses lèvres. Un sourire mélancolique. Si seulement… avoue douloureusement la princesse. Je ne suis qu’une arme de plus pour la Légion, Ienzo, glisse-t-elle avec le plus de gentillesse possible. Le dire à voix haute la blesse plus que tout autre coup de poignard. Son regard se perd dans le vide. La lionne cherche le moindre souvenir d’un moment agréable passé en compagnie du consul.
Il n’y en a aucun, évidemment.

Au final, la princesse se relève calmement pour regagner l’entrée du nid à reculons. Ses prunelles s’immobilisent sur le corps ravagé par les privations. Une profonde compassion — sentiment que Jacayl se découvre mais qui est réellement viscéral — lui arrache un sourire tendre. J’espère qu’il te poussera des ailes qui te porteront loin de mon Enfer personnel. Pour une raison qui lui échappe, la jeune fille est persuadée qu’ils ne se reverront plus ou alors qu’une fois, ou deux. Il s’échappera ou il mourra. Mais il ne se couchera pas devant Ksanaksan.
Un salut, puis Jacayl disparaît dans le dédale des couloirs. Ils ne peuvent pas rester seuls plus longtemps. C’est déjà une chance que personne ne les ait vu jusque-là.
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