Situé légèrement en amont sur les anciennes termitières où se reposait les patrouilles de nuit, Nahama contemplait la légion ronger son frein.

La rivière avait atteint son point le plus bas, mais elle devait réfréner, elle aussi, ses ardeurs, car depuis la nuit sanglante elle avait compris trois choses : Cidanka était absolue, Nsiese était morte et Ienzo était un lion mort.

Pour le premier, c’était une chose évidente qu’elle savait dès le départ de son aventure chez Cidanka et elle n’avait jamais oublier. Se montrer loyale envers la légion avait été depuis toujours sa ligne directrice, Jacayl un modèle à suivre, et elle avait été longtemps convaincue que tout ceux arrivant dans son clan pensait comme elle. Elle avait été convaincue par le sourire de Nsiese et ses mots. Elle lui avait dit qu’elle se sentait bien ici, qu’elle ne voulait plus partir…

Alors voir son corps tordu de douleur, sa gueule pleine du sang que les coups de Xukun avait fait jaillir comme un geyser de l’eau en ébullition lui avait nouer la gorge en un sentiment incompréhensible. Aussi dure soit la réalité elle savait que le légionnaire n’aurait jamais lever la patte sur un membre de son clan s’il n’y avait pas eut de raison valable, mais elle voulait croire que ce n’était pas réelle, que Nsiese avait dut mal lui parler et qu’il s’était bêtement énerver comme Been qu’elle avait croisé quelques instants avant devant la caserne. Mais …

« J'ai arrêté une traitre. Voilà ce qui s'passe! »

Ses mots, la tonalité sourde de sa voix, la suivait même dans ses rêves accompagner du corps de Nsiese se débattant avec les flots dans de dernier râle d’appel à l’aide. Nahama se réveillait en sursaut dans ses moments-là, car même si elle devait se faire à l’idée que son amie était une traîtresse et que, de se fait, elle n’avait plus aucun lien avec elle il n’empêche qu’elle avait beaucoup partager avec elle. Nsiese avait été la première lionne à qui Nahama c’était attacher au point de pouvoir se prétendre son amie et elle avait été aussi proche avec elle qu’avec Jacayl sans pour autant que les femelles face partie de la même cohorte. Elles avaient combattu le champion Cidanka ensemble, elles ….

La rouge ferma les yeux pour retenir des larmes qui menaçait de se ruer à ses yeux quand le visage souriant et jovial de Nsiese laissa place à son museau couvert de sang. Malgré tout l’amour qu’elle lui vouait, la peine immense de sa disparition qui l’avait vu revenir les yeux rouges des larmes silencieuses qu’elle avait semer en rentrant à la caserne ce soir-là, Nsiese avait trahit Cidanka. Elle ne lui avait rien dit. Elle lui avait menti. Elle l’avait trahi.

Tout cela était la faute d’Ienzo. Nahama rouvrit les yeux un air féroce greffer au visage en songeant à ce petit rat d’eau qui avait filé entre les pattes de Togotan. Tout allait si bien avant qu’il arrive ! Il était arrivé, avait pervertie Nsiese et l’avait entrainé dans sa chute. S’il avait reussit à être assez fort pour fuir un guerrier cidanka c’était parce que Nsiese avait donner sa vie pour ce petit chacal. Tout était sa faute ! S’il avait pas été là, Nsiese aurait continuer à être heureuse et elle aurait vécu longtemps, très longtemps, en compagnie d’amis qui auraient été toujours là pour la soutenir. A la place, elle avait perdu la vie.

Nahama en voulait énormes au lion des cavernes avoir provoquer la chute de Nsiese et elle commençait tout juste à comprendre ce qui pouvait attirer les plus faibles sur la rive pour se laisser avoir avec les jolies paroles des Khomba. Bien sûr, elle songeait à Jacayl et à la rumeur qui la suivait, mais sans arrières pensés et elle éprouvait même de la compassion envers la lionne qui, dans sa jeunesse, avait put se faire avoir par les minauderies puériles d’un prince des bas-fonds. Quoi qu’il en soit, la colère la faisait se lever le matin, la rage lui donnait la force nécessaire pour terminer son entrainement à temps avant le début de la guerre et la rancœur la détermination nécessaire pour aller égorger elle-même Ienzo sur le champ de bataille quand l’heure sera venue. Enfin, tant est que ce pleutre daigne pointer son museau face à la légion.

Tremblant de colère, Nahama se leva d’une traite et fit volte-face vers la frontière sud de la caserne. Elle descendit prudemment la pente vallonnée, ne dit moi à aucun camarade de crainte de les insultés en retour et d’aillant pas la moindre envie de communiquer avec des lions tierces, puis alla s’assoir au bord du chemin de ronde qu’elle avait jadis utiliser pour s’entrainer à la course avec sa défunte amie à fixer l’horizon comme si ses yeux pouvaient transformer les nuages en une bête affreuse qui attaquerait Khomba à sa place.

Elle ne pouvait pas aller les chercher dans leurs tanières, ni arracher Ienzo aux bras de morphée, elle en était très déçue, mais savait que son heure viendrait. La guerre n’était plus qu’à quelques heures à peine.

A force de rester le regard fixé sur l’ailleurs, sans prendre la pleine de cligner des yeux pour protéger ses prunelles délicates, des larmes vinrent s’amonceler aux rivages de ses orbes turquoises. Mélange de peine orageuse, d’un ouragan d’injustice et d’une colère cataclysmique, Nahama avait le cœur au bord des lèvres, mais se refuser de céder une fois de plus à ses émois. On pleurait les veillant, pas les lâches.

Le fait de pensé que Nsiese était une lâche lui serra la gorge, mais la vérité était là. La rouge se forçait à se le répéter.

Le bruissement des pattes sur le sol, le raclement de gorge de Hooska, la firent frissonner ostentatoirement. Ses poils se redressèrent sur son échine sans qu’elle en eut envie, mais l’idée de se retourner avec cette mine affreuse, déformer par la tempête qui faisait rage en elle, la dégoutait d’avantage que de laisser montrer sa surprise. Malgré toute les précotions que le barbouze avait pris elle ne pensait pas qu’il serait si près. Il est vraiment talentueux.

- Nahama.. ? C’va ? - lui souffla-t-il d’une voix douce, suave, loin des voix grâves et caverneuses des autres Cidanka. La caresse de sa voix sur son visage fit couler les larmes qui s’étaient agglutiné aux bords de son regard. Nahama les essuya après que les premières gouttes eurent franchit le bord de ses joues, après que ses lèvres eurent cesser de trembler.
- Ouai… ouai, ça va. – fit-elle en reniflant. - J’ai juste hâte que ça commence. Comme tout le monde.

Elle planta ses griffes dans le sol, retourna la terre et les quelques brins de mousses piétinés qui jonchaient le sol.

- Je veux prouver que je suis digne d’être une Cidanka. Je veux montrer ma force. Je ne veux plus penser à elle.

C’était tellement dure pour elle de dire cela, de penser cela, mais plus elle avançait sur le chemin du deuil plus elle rejetait l’amour qu’elle éprouvait encore pour la toubib.

Le vent de la guerre se lève au loin, les oiseaux s’envolent pour laisser la place aux lions, bientôt, on entendra l’orage gronder. L’herbe verte ne sera plus, la rivière deviendra sang et les corps jalonneront les sentiers. Caaqil en frissonne.
Les premiers lions sont déjà tombés. Des morts marquantes, surtout celle de Nsiese. Battue à mort, souillée par Xukun; elle est morte en traitresse. En quoi est-elle une traîtresse ? Si on se creuse un peu les méninges, une seule idée nous vient à la tête : la fuite d'Ienzo. Pourtant, Xukun n’avait pas de preuves qu’elle en était réellement fautive. Des choses se trament dans l’ombre du clan, un mal tourmente les esprits. Caaqil se pose un moment, il observe les cieux dans l’espoir d’apercevoir un début de réponse, mais tout le monde se tait face à la suprématie du consul. Les proches pleurent en silence, les larmes se cachent derrière un voile de mensonge et la haine flambe à l’intérieur de chaque esprit. Bientôt, il y aura du travail pour le jeune toubib devenu centurion.
Le pie n’oublie pas d'honorer son culte : sur chaque corps reposera une plume, ainsi son esprit pourra atteindre les ancêtres. Traîtresse ou non, Nsiese a le droit de s’asseoir à côté de ses frères tombés au combat. Aucun mort ne devrait être traité de la sorte, l’erreur fait partie de la nature. Pourtant, Caaqil doit se faire discret pour accomplir son rite, il ne peut pas se permettre de faire une erreur maintenant, pas avant la guerre. Il sait parfaitement que son geste anodin pourrait le mener à la mort, que sa tête risque de finir au sol ou que sa nuque se transperce pour le vider de son sang. Il implore le pardon des anciens et leur demande d'accueillir auprès d’eux, celle dont on oubliera le nom. Une plume voguera sur les flots de la rivière pour elle ...
Sorti de sa torpeur par du bruit, ses oreilles frémissent dans sa crinière dense. Lentement, ses iris se tournent en direction des deux lions dont l’allure attire son attention. Il reconnaît la lionne rougeâtre, Nahama, et derrière elle, Hooska. La rougeâtre étant nouvelle dans le clan, il la connaît à peine mais il sait qu’elle était amie avec Nsiese, il les a déjà vu ensemble. Hooska … Il n’a pas grand-chose à dire sur ce frêle lion; il ne lui fait pas confiance étant donné qu’il est un barbouze. Intrigué par la démarche furieuse de la lionne, Caaqil se décide après un long moment d’observation de suivre le petit cortège.
Observateur avant d’être acteur, le toubib essaie de saisir la situation. L’un et l’autre semblent se connaître, et l’une semble atteinte par un tourment d’émotion; une chose que craignait Caaqil. Les émotions contraires, le changement d’un amour pour de la haine, de la vengeance, chaque connaissance de Nsiese acceptent sa mort d’une manière différente. Xukun n’a pas été adroit dans ses propos. Pourtant, cette haine pourra être utile à cette guerre ou plutôt … Elle pourrait s’assurer de tuer au moins un lion : Ienzo. Futile. D’un pas lourd, le centurion s’avance pour quitter sa cachette et les babines relevées, il sourit comme à son habitude.

“Je vois que ça fait des cachotteries !” Son humour peut laisser pantois certains lions. ““Si vous avez besoin d’aide, je suis là.”

Un peu de soutien, c’est ce dont ses congénères ont besoin alors que les tensions montent.

Nahama tourne la tête vers le toubib dont la voix douce, presque feutré, la surprend. Il était rare que les Cidanka se montre aussi doux que Caaqil, mais Nahama se disait que cela faisait surement de lui un bon médecin, car il mettait les lions en confiance. En tout cas, maintenant que Nsiese avait disparu c’était d’un lion comme ça qu’elle voulait comme Toubib.

Mais pas maintenant, pas tout de suite. Elle ne voulait pas qu’un adulte s’occupe d’elle, car elle se trouvait assez grande pour gérer ses soucis toute seule. La haine la dévore, la colère tourbillonne en elle, mais avoir parler au préalable à Hooska duquel elle se sent plus proche – surtout depuis la patrouille qu’ils ont pu faire ensemble – l’empêche d’envoyer pète Caaqil qui, avec son grand sourire réconfortant, ne lui veux que du bien.

- Tout va bien Caaqil. – fit la lionne rouge en lui adressant un sourire bien que forcer – Merci beaucoup de ta proposition.

La lionne rouge se lève, s’étire, faisant danser ses muscles sous sa pelisse écarlate, puis pousse un long soupir qu’elle avait trop longtemps retenu. Il fallait qu’elle aille se défouler avant que son émoi ne la reprenne à la gorge, que des larmes incontrôlables lui balafre le visage et pour se tenir prête au coup d’envoie donner par Ksanaksan tout simplement. Nahama quitter l’horizon des yeux après un dernier regards, adressa un sourire sincère à Hooska pour le remercier d’être venu la voir et se tourne face à Caaqil pour le saluer d’un bref mouvement de tête. Elle le respectait lui, ainsi que tout ses ainés, et elle lui devait le moindre geste de politesse.

- Je vais aller m’entrainer encore un peu, puis aller me reposer. Les Khomba peuvent attaquer à tout instant et je veux me tenir prête.

Elle baissa les oreilles face à Caaqil, tendit sa tête dans l’alignement de son corps pour se positionner bien en dessous du médecin et, après un dernier salut, retourna au centre de la caserne légèrement apaiser par sa confidence, mais toujours autant en colère contre les lions bleu.