Chronologie : ce rp se situe après le mini-event : Les murmures du ruisseau

Tapie au milieu des hautes herbes, Cerys ne détachait pas son regard ambré du lièvre qu’elle convoitait. L’animal, occupé à grignoter quelques brins d’herbes, était loin de se douter du danger qui le guettait. La lionne quant à elle se tenait immobile, les muscles tendus et la respiration mesurée, osant à peine ciller. Devait-elle tenter de s’approcher encore un peu plus ou bien lancer dès à présent son attaque ? Le doute la rongeait. Elle n’était pas encore assez poche pour s’assurer la victoire, mais à chaque pas supplémentaire, la lionne prenait le risque de révéler sa présence.

La chasse aux lièvres n’était pas son point fort, loin de là. Entant que lionne des montagnes, Cerys était plus habile sur des terrains escarpés. Plus agile que rapide, elle préférait pourchasser ses proies au milieu d'un dédale de rochers plutôt que sur une vaste étendue telle que la plaine qui se dressait devant elle. La brume qui stagnait au dessus des hautes herbes, diminuant la visibilité et facilitant ainsi la fuite des proies, n’arrangeait rien à la situation.

Soudain, les oreilles du lièvre frémirent et le petit animal releva vivement la tête en direction de Cerys, plongeant ses yeux noisette dans ceux ambrés de la prédatrice. Le vent, … le vent venait de tourner. Le cœur de la lionne manqua un battement, alors que ses muscles se bandaient pour la propulser en avant à la suite du lièvre. Elle avait hésité un instant de trop, et cella allait certainement lui couter son repas.

Alors que la jeune adulte s’enfonçait dans la brume, courant à toute vitesse, elle ne distingua pas immédiatement la forme sombre qui lui barrait la route. Lorsqu'elle réalisa qu'il ne s'agissait pas d'une volute de brume plus épaisse que les autres, mais bien d'une silhouette féline, Cerys tenta de stopper sa course, mais il était déjà trop tard. Elle heurta de plein fouet l'étranger et roula à terre. L'adolescente allongée au sol de tout son long secoua vivement la tête pour se remettre les idées en place avant de lever les yeux vers l'étranger. Elle n'arrivait pas à distinguer ses traits. Était-ce un lion des brumes ? Terrifiée par cette soudain apparition, Cerys se releva d'un bond et commença à reculer à pas prudents. La tête rentrée dans les épaules et les oreilles couchées le long de sa nuque, elle ne lâchait ses yeux de l'étranger toujours dissimulé par la brume.

Cerys continuait de reculer à pas mesurés, tandis qu'un grondement sourd et menaçant s'élevait de la brume. Elle n'osait pas prendre la fuite, de peur d'exposer son dos à son adversaire et ainsi faire d'elle une proie facile. Non, rassemblant tout son courage, Cerys dévoila à son tour ses crocs et laissa échapper un rugissement qui, à son dans désespoir, ne fut pas aussi menaçant que celui de son adversaire. C'est alors qu'une brise d'air dissipa légèrement la brume, dévoilant les traits de l'étranger. Il s'agissait de Nguvu. Soulagée, Cerys laissa échapper un profond soupire. Les pattes légèrement vacillantes, elle s'assit maladroitement.

- Nguvu, c'est toi ! L'espace d'un instant, j'ai pensé que tu étais l'un de ces lions des brumes. Tu es perdu vraiment ?

La jeune lionne leva un sourcil en signe d'interrogation et de perplexité. Puis, un petit frisson lui parcouru l'échine. Si l'adulte était perdu, peut-être qu'elle l'était également. Elle tourna la tête dans la direction par laquelle elle était arrivée et levant une patte encore légèrement tremblante elle déclara d'une voix moins assurée qu'elle ne le voulait :

- Kupumzika est par là. Du moins, je crois ...

Elle reposa sa patte au sol et après s'être relevée, fit quelques bonds dans la direction indiquée. Les oreilles fièrement dressées et son museau humant l'air de la plaine, elle tentait de se repérer. Oui, elle était certaine d'avoir empruntée ce chemin. Tournant la tête vers Nguvu, elle posa ses pupilles ambrées sur le mâle :

- Que fais-tu ici ? J'étais venue chasser un peu, mais la chance ne me sourit pas vraiment. Peut-être serait-il plus sage de rentrer ...

Nguvu, un lion des brumes infiltré ? Les oreilles de la petite lionne frémirent et s'affaissèrent légèrement. De quoi parlait-il ? Heureusement, l'éclat de rire tonitruant qui retentit aussitôt dans la plaine la rassura immédiatement. Cerys joignit son rire à celui de Nguvu avant de porter l'une de ses pattes avant jusqu'à son museau et de murmurer sur le ton de la confidence :

- Attention, pas si fort, tu vas révéler notre couverture ! Des oreilles indiscrètes se cachent peut-être dans la brume !

Puis, riant de plus belle, l'adolescente bondit en avant et d'un petit signe de tête invita son acolyte à la suivre au delà de la brume. La traversée de volutes ne fût pas très longue, et bien que Cerys était convaincue de pouvoir retrouver son chemin, elle poussa un petit soupire de soulagement presque imperceptible quand les volutes se dissipèrent autour d'eux.

- Nous voilà tirés d'affaire ! Claironna-t-elle en ponctuant sa démarche de deux nouveaux bonds joyeux.

Ayant vécu durant toute son enfance dans les montagnes, Cerys était habituée à la brume. Elle connaissait les périls qu'elle pouvait dissimuler et ne jugeait donc pas avec trop de sévérité son congénère Msafara. Après tout, elle même avait douté l'espace d'un instant de pouvoir retrouver son chemin dans la brume.

- M'aider à chasser ? Et bien, ... bredouilla-t-elle soudain un peu embarrassée. Je ne suis pas certaine d'être un bon partenaire pour la traque aux lièvres. Je suis plus habituée aux terrains escarpés des montagnes. Je dois encore affiner ma technique de chasse en plaine.

L'idée était séduisante. Cerys avait justement là l'occasion de gagner un peu d'expérience et qui sait peut-être d'apprendre de nouvelles tactiques, mais elle ne voulait pas non plus courir le risque de se ridiculiser sous les yeux de Nguvu. Admettre sa faiblesse au détour d'une conversation et faire une démonstration en direct de son incompétence étaient deux choses bien différentes.

Les yeux de Cerys s'agrandirent en entendant la proposition de Nguvu. Allait-il vraiment l'aider à affiner ses techniques de chasse ? Le malaise qui s'était emparé d'elle quelques instants auparavant s'estompa aussitôt, remplacé par l'impatience d'apprendre de nouvelles choses. Ses oreilles se redressèrent vivement et s'orientèrent vers l'adulte en signe d'attention. Elle était toute ouïe et bien que son attitude parlait d'elle-même, elle répondit gaiement :

- Je veux bien que tu me montres oui ! Et moi je te donnerai quelques conseils pour t'orienter dans le brouillard. Entant que montagnarde, j'ai l'habitude de ce genre de climat.

Hochant vivement la tête, comme pour sceller un pacte, Cerys gratifiât Nguvu d'un large sourire, puis elle se leva et le suivit au pied d'un immense arbre. Confortablement installée, l'adolescente buvait les paroles de son ainé et essayait d'en mémoriser le maximum. Enfin, quand vient le moment de la démonstration technique, elle se hâta d'imiter les moindres faits et gestes de Nguvu, jusqu'à enfin bondir sur le lièvre imaginaire qu'elle convoitait.

Rayonnante, elle adressa à con professeur une œillade impatiente :

- Oui, oui, je crois que j'ai bien tout compris, mais rien ne vaut la pratique. Allons débusquer notre déjeuner !

Cerys leva le museau pour scruter les hautes herbes qui les entouraient. Par où commencer ? Tentant sa chance, elle s'élança en trottinant droit devant elle. Après quelques minutes de recherches, elle débusqua enfin un terrier et pencha son museau vers son entrée. L'odeur de lièvre était forte, il ne faisait nul doute que l'abri était habité. Levant les yeux vers Nguvu, Cerys hésita avant de poser la question qui lui brulait les lèvres :

- Comment, ... comment être sûrs que les lièvres sont hors de leur terrier ? Ils vivent sans doute à plusieurs là dedans donc ... comment savoir si la famille est au complet là-dessous ou bien si l'un de ces succulent lièvres se promène dans la plaine ?