Jacayl observa l’horizon en essayant de chasser l’irritation. Les mouvements désordonnés de Nahama lui filaient la nausée ; comme si le monde vacillait, bougeait, puis se reformait sous ses yeux. Sheh, voilà que cela recommençait. Nahama fit un demi-tour sec, revenant vers la princesse, repartant après quelques secondes. Le camp était devenu trop petit, trop étouffant pour les accueillir elles deux. Pourtant, Jacayl serra simplement les dents en silence. S’il s’était agi d’une autre recrue, elle l’aurait sûrement enjoint d’aller mourir sous le soleil de midi… Mais Nahama n’était pas une autre recrue. Elle était son amie. Et, pour ses amies, Jacayl était apparemment capable d’oublier son propre confort.

Une sale appréhension l’avait hantée toute la journée. Dès qu’ils avaient perçu le rugissement au loin, la princesse avait su qu’une mauvaise nouvelle viendrait briser la monotonie qui s’était installée ces derniers mois. Elle avait hésité à proposer qu’elles arrêtent de s’entraîner pour aller voir de quoi il en retournait… Puis s’était ravisée, sans réellement comprendre pourquoi. Elle avait regardé Nahama, avait senti quelque chose se serrer douloureusement dans son ventre, avant de voir s’évanouir le désir de courir au-devant du danger. En y repensant, là, dans l’instant, Jacayl se jura de réfléchir à ce que cela pouvait bien dire.
Elle qui était si téméraire… Pourquoi, soudain, son courage la fuyait ? Était-il seulement question de son courage, d’ailleurs ? Elle n’en savait rien. Elle n’avait pas eu peur des implications de ce cri. Elle avait seulement éprouvé une inquiétude sourde, mais pas pour elle. C’était à n’y rien comprendre. Elle secoua doucement la tête en soupirant. Elle aussi commençait à en avoir marre. Elles avaient constaté le retour d’une Patrouille amochée — bien fait pour Been, si vous vouliez son point de vue —, mais le manque d’informations la laissait frustrée. Ses neurones ne pouvaient pas anticiper une situation avec si peu de données !

Quand Nahama avait balancé tout haut ce que Jacayl pensait tout bas, la lionne sable écarquilla les yeux de surprise. Elle commençait à croire qu’elles passaient trop de temps ensemble, ce qui les faisait déteindre l’une sur l’autre. Elle pinça les lèvres d’une moue anxieuse en glissant dans un murmure qu’elle craignât que leurs amis ne soient tombés sur les choses de la Forêt. Si aucun Cidanka ne savait vraiment de quoi il retournait, ils en avaient tous une peur raisonnable. Il y avait même quelques rumeurs sur des lions qui s’étaient paumés dans le bois sans jamais en revenir. Peut-être que ces murmures destinés aux enfants imprudents étaient fondés ? Elle n’en avait aucune idée.

Nahama s’élança enfin. Jacayl bondit, accrochée à ses chevilles. Elles étaient plus ou moins indécollables depuis le début de la journée ; un rapprochement qui faisait plus ou moins jasé dans le camp. Beaucoup voyaient d’un bon œil la cohésion créée entre les jeunes qui avaient combattu lors de la soirée, d’autres disaient que l’esprit de camaraderie risquait de les pousser à faire des erreurs pendant la Guerre.
Quoi qu’il en fût-ce, Jacayl n’était pas décidée à laisser ses amis nouvellement acquis dans la mouise. Elle pressa l’allure en allongeant ses foulées. Les entraînements successifs avaient suffisamment durci Nahama pour que leurs mouvements soient coordonnés. Elles avaient une endurance similaire, mais des pointes un peu différentes. Jacayl était moins rapide — son corps étant plus massif — mais ses pattes larges la poussaient plus loin.

Elle ralentit à proximité du duo envoyé par le consul dans la Forêt, et… à la seconde où ses prunelles se posèrent sur le membre abîmé de Nsiese, Jacayl sentit une digue se rompre en son sein. La fureur explosa, lâchant un poison amer dans ses veines. Elle se mit à trembler, les mâchoires si serrées qu’un craquement emplit le calme relatif de la scène. Nahama proposa de soutenir la blessée, ce qui laissa à Jacayl un moment pour jauger soigneusement les deux revenants. Togo ne semblait pas blessé, ce qui lui vola un soupir de soulagement à peine audible. Elle plissa les yeux en insistant sur l’antérieur retourné de Nsiese. La blessure n’était pas belle. Elle devait la faire souffrir. Surtout, Jacayl voyait mal comment la lionne pourrait se battre contre Khomba dans un état pareil. Tu n’iras pas à la guerre. Elle énonçait seulement un fait. Elle n’accepterait jamais que son amie serve de sacrifice au nom d’un combat débile. Plus que les autres jours, les paroles de Sipho remontèrent le courant de sa mémoire pour résonner — pernicieuses — dans sa tête. Faire cesser la guerre, hein. Elle se rapprocha doucement de la femelle plus âgée pour frôler son épaule valide du bout de la patte. J’irai parler au consul pour qu’il t’accorde une dispense. Les braises qui dansaient dans ses prunelles déterminées en faisaient la promesse à sa place. Elle arracherait ce droit-là à son père, quoi qu’il arrive.
Elle se recula ensuite pour redonner la liberté de mouvement à Nsiese, adressa un signe cordial à Togo, avant de réfléchir à quoi dire. Elle venait un peu de leur sauter à la gorge, non ? Elle fronça les sourcils en se concentrant. Elle hésita, ouvrit la bouche pour lâcher quelques mots d’une voix plus douce, plus gênée : Bon retour chez vous. Venez, nous allons vous chercher de quoi manger pendant que les Toubibs vous auscultent.

Elle marcha lentement aux côtés de Togo pour ne pas envahir l’espace vital déjà restreint de sa congénère aux yeux améthystes ; ce qui, au passage, lui fit penser à une question essentielle. Elle posa ses gros yeux olivâtres sur le mâle. Tu n’as rien, toi ?

J'appréhendais notre arrivée. Bien que j'avais hâte de rentrer pour pouvoir reposer ma patte endolorie, je n'avais pas l'envie de devoir expliquer aux autres ce qui nous était arrivé. Les lions de la forêt n'était certes pas commodes, mais ils nous avaient épargnés, et je n'avais vraiment pas envie de les faire passer pour les méchants de l'histoire. Après tout, c'est nous qui nous étions introduits sur leur territoire, et ils n'avaient fait que le défendre. Ils auraient pu nous tuer de mille et une façons lorsque nous avions perdu connaissance avec Togo, mais au lieu de cela, ils avaient traînés nos corps hors de la forêt. Comment penser une seule seconde qu'ils pourraient être des ennemis potentiels ?

Nahama, suivi de Jacayl, arriva près de moi, affolée de voir mon poignée retourné. Ça va aller ta patte ? Tien appuie toi sur moi ! Elle ne perdit pas une seconde, et bien que je m'apprêtais à protester, la rouquine ne me laissa pas le choix, et vint s'appuyer contre moi pour m'aider à avancer. Courage, la caserne n’est plus très loin.

J'étais extrêmement gênée de me retrouver au centre de l'attention comme ça, surtout lorsque je remarquais que Jacayl, elle aussi semblait inquiète. Ça va aller Nahama, t'inquiètes pas. Avais-je dis, presque agacée.

- Tu n’iras pas à la guerre. S'exclama alors Jacayl qui n'avait pas dit un mot pour le moment. Mes oreilles se dressèrent. Comment pouvait-elle décider de cela ? J'étais une Toubib, je devais m'occuper des blessés, et même si je ne pouvais pas me battre, je devais participer, ou le Grand Consul me tuerait lui même. Après tout, il avait bien ordonné à Togotan de me tuer si j'essayais de m'enfuir... Il pourrait penser que je cherche à ne pas participer !

- J’irai parler au consul pour qu’il t’accorde une dispense. Enchaîna la fille du Consul. Non ça ira, je vais m'occuper de soigner ma patte, et je participerais comme tous les autres. Avais-je répondu du tac-o-tac.

Toujours appuyée contre Nahama, j'avançais sur mes trois pattes valides, observant Togotan de temps en temps. Allait-il expliquer notre mésaventure en détail ? Allait-il faire passer les lions de la forêt pour des monstres, des ennemis à abattre ? Plusieurs questions se mêlèrent dans ma tête, tandis que j'avançais clopin-clopant vers Cidanka en compagnie de mes amis. Où est la nouvelle recrue que Been et Kuxun ont ramenés ? Demandais-je, inquiète pour Ienzo.

Le gros mâle laissa ses deux camarades s'enquérir de Nsiese sans dire un mot, un simple sourire esquissé sur son visage. Il était heureux d'être enfin de retour à la maison.
Cependant, la culpabilité refit bien vite surface dans son esprit lorsqu'il balaya des yeux le camp au loin, cherchant Xukun ; ils n'avaient pas mené à bien leur mission. Togotan s'en voulait énormément. Quel Cidanka faisait-il ? Un nigaud qui n'était même pas foutu de ramener des nouvelles recrues pour son clan. "Quel idiot…" pensa-t-il si fort que cela s'afficha même sur son visage.

C'est seulement au moment où Jacayl lui demanda s'il allait bien que notre gros balourd finit par arrêter de se morfondre :
- Oh, oui, oui ! C'est de Nsiese que tu devrais t'inquiéter. Elle a fait une très mauvaise chute juste avant que l'on s'endorme. Il faut vite l'emmener voir les toubibs.

Il s'était forcé à afficher un faciès bienveillant et aussi égayé qu'à son habitude. Pourtant, sa sincérité naturelle n'empêcha pas son expression d'être déchirée entre sa bonne volonté et sa culpabilité. Il n'était rien d'autre qu'un gros tas de muscles et de graisse incapable d'accomplir correctement une simple mission de recrutement, incapable de réfléchir avant d'agir, incapable de considérer une femelle Khombas qu'il a à peine rencontré comme son ennemie...

"Quel idiot mais quel IDIOT."

La rebuffade de Nsiese lui pesait. Elle aurait préféré que la Toubib dise à sa fierté de la fermer, pour une fois. Elle aurait sûrement apprécié son courage, à une autre époque ; avant, avant que la peur de les perdre ne la prenne en grippe. Jacayl avait changé. Elle ne voulait plus la guerre aussi fort.
Cependant, la lionne sable choisit de ne rien dire de plus. Elle avait exprimé son avis, avait même ”proposé” de s’employer à arracher une dispense à son père — lui qui n’avait jamais rien fait pour elle lui devait au moins ça — mais Nsiese avait refusé. Jacayl n’avait aucune envie d’être ce type d’ami pour lequel les mots libre-arbitre ne voulaient rien dire. Elle se jura néanmoins de reparler à l’ancienne Étrangère afin de convenir d’un plan plus ou moins sûr. Elle consentirait peut-être à rester en arrière, à ne pas participer aux échanges de coups. Elle était Toubib, après tout. Pas Piétaille.

Ses yeux migrèrent vers Togo. Il avait l’air miné par quelque chose. Jacayl n’était pas un maître dans le domaine mais son expression presque affligée criait ce qu’il n’osait pas dire. Elle réfléchit en fronçant les sourcils. Que pouvait-il bien se reprocher ? Les blessures de Nsiese ? Il n’était quand même pas responsable de sa ”mauvaise chute” ? Pourquoi s’étaient-ils endormis ? Tous les deux en même temps ? Le sentiment d’incompréhension grandit. Elle laissa Nahama parler le première. La rouge avait plus de capacités dès que ça concernait les sentiments. Malheureusement pour Jacayl, son amie ne devait pas avoir aperçu le trouble de Togo ; ou alors s’en foutait suffisamment pour faire l’impasse dessus ? Nah. Pas le genre de Nahama. Ça aurait pu être le sien, fût-une époque. Mais plus maintenant. Elle se rapprocha de Togo en alignant son pas sur celui du mâle, puis s’exprima à voix basse. Tant pis s’il s’apprêtait à éclairer la lanterne de Nahama, il devrait faire avec ses propres mots d’abord. Tu n’as rien à te reprocher.

Elle plissa le nez en songeant. Elle essayait vraiment de le comprendre. Soudain, une drôle d’idée la prit à la gorge. Elle se souvenait du pourquoi Togo, affublé de Nsiese, avait été envoyé dans le bois. Le rugissement de Godka. Godka qui était rentré inconscient. Been avait eu un œil crevé, Xukun ne semblait pas avoir écopé de blessures graves. Quelqu’un avait mis deux Cidanka en pièce… Et son père avait envoyé à la ”rescousse” deux jeunes qui venaient à peine de finir leurs formations ? Elle exulta brutalement de rage. Le consul était devenu inconscient. Il les menait à leur mort, pour sûr. Veiller à la survie d’un Cidanka prime sur la réussite de toute autre mission. Nsiese est Cidanka. Assurer sa sécurité sur le chemin du retour était plus essentiel que le reste. Xukun en était conscient aussi, sinon il n’aurait pas ramené Godka, ni Been. Je ne comprends même pas que le lion à crinière l’ait suivi alors que les Patrouilleurs étaient en position de faiblesse. À moins que… Elle se tut. Elle comprit une chose qui n’avait pas été dévoilée jusque-là ; ou, du moins, que Jacayl n’avait pas entendu : il y avait d’autres Étrangers avec celui ramené à Cidanka.
C’était logique, en réalité. Le mâle était à peine amoché — sinon pas du tout — à son arrivée.

Elle se souvint finalement de la question de Nsiese. Elle se sentit mal à l’idée de lui expliquer le sort qui était réservé à l’autre lion de l’Ailleurs. Peut-être venait-il de la famille de Nsiese ? Elle espérait que non. Ou que oui. Oh, merde. Elle n’en savait rien, voilà. Elle se racla la gorge. Ils arrivaient à proximité du camp. Elle força le cortège à s’arrêter pour préparer la lionne à ce qui allait l’attendre, passant devant les trois autres lions pour leur barrer le chemin. Elle planta ses billes dans celles, couleur lavande, de la femelle. C’est déjà un adulte. Probablement ? En tout cas, il s’est débattu. Ils ont décidé de le placer à l’isolement pour le moment. Jacayl sembla sincèrement peinée par l’idée. En fait, plus les semaines passaient, moins leurs méthodes lui apparaissaient justifiées. Elle baissa suffisamment la voix pour qu’ils soient les seuls à l’entendre. Tu ne seras pas autorisée à le voir, Nsiese. J’ignore si c’est quelqu’un qui vient du même clan que toi ou pas, mais quoi qu’il arrive, n’y vas pas. Ils pourraient se servir de toi pour le réduire au silence. Elle déglutit péniblement. Elle ne voulait pas que son amie serve à des desseins aussi vils.

Jacayl n'ajouta rien au fait que je refuse sa proposition de parler à son père de ma blessure. Je fus d'ailleurs soulagée que la dorée n'insiste pas. Togotan lui, semblait pensif, et sa tête laissait apparaître le doute, la tristesse. Était-ce à cause de notre discussion sur le chemin du retour ?

Jacayl partit dans un petit monologue, pour essayer de réconforter le pauvre Togotan abattu. Moi, je n'écoutais qu'à moitié, trop inquiète pour Ienzo. Vu qu'il s'était battu face à Godka, Been et Xukun, je me demandais comme il serait traité. Allait-il être enrôlé, ou allaient-ils le tuer car il s'était défendu ?

- Vous vous êtes endormis ? Vous ?

La question de Nahama me fit sortir de mes pensées. Je n'avais pas réellement envie de parler de cette histoire, mais de toutes manières Togotan le ferait. Alors, après un hochement de tête, je commençais à expliquer ce que nous avions vécu.

- Nous avons reçu l'ordre d'aller chercher des lions dans la forêt. Nous sommes tombés dans une embuscade et les lions nous ont jeté des trucs étranges, blanc, qui nous ont endormi. Je suis monté dans un arbre et je suis tombé à cause de ces machins soporifiques.

Je me tut un instant avant de rapidement préciser que les lions de la forêt ne nous avaient rien fait de mal. Ils ne semblent pas méchants, ils voulaient simplement protéger leur territoire, ils nous ont traînés jusqu'à l'entrée de la forêt.

J'espérais vraiment que les Cidanka n'iraient pas s'en prendre aux lions de la forêt. Si ils souhaitaient rester dans leur environnement, tel était leur droit, et je n'avais aucune envie que l'un d'eux soit enrôlé de force par notre faute...

Jacayl répondu ensuite à ma question concernant Ienzo. Elle semblait ne pas approuver son isolement, ce qui me surprit. Elle me demanda si le lion en question faisait parti de mon ancien clan, et je ne pu qu'approuver. Il s'appelle Ienzo. J'ai voyagé avec lui jusqu'ici. Expliquais-je. Pourquoi l'ont-ils mit en isolement ?

Connaissant Ienzo, le fait d'être traité de la sorte n'allait pas arranger les choses... Le pire, c'est que je n'avais même pas le droit d'aller le voir, et cela m'exaspérait au plus haut point... Been et Xukun ont laissé deux de mes amis inconscients... J'espère qu'ils vont bien... Avais-je dis, inquiète pour Nihah et Thulrur.

Voyant que Nsiese se chargeait de répondre à la question de Nahama, notre gros bêta pu se concentrer sur le discours que Jacayl lui tint. Ce dernier rassura beaucoup le blond. Ou du moins, lui permit de voir la situation sous un nouveau jour, ce qui l'aida à un peu relativiser.

- Hm, oui, tu as probablement raison. Mais je n'ai tout de même pas réussi à mener la mission de rapatriement à bien… Je ne suis pas digne de mon rang de canonnier.

Il serra les crocs. Malgré tout, il s'en voulait. Mais ils avaient d'autres problèmes à régler : Nsiese était blessée et il fallait impérativement l'accompagner voir les toubibs. Togotan secoua son imposante crinière comme un plumeau que l'on époussette et afficha un air plus sérieux.

- Mais nous avons d'autres chats à fouetter ! dit-il en fronçant les sourcils, tentant de chasser les mauvaises pensées de son esprit.

Grâce à Jacayl qui, comme toujours, avait gardé la tête sur les épaules, les quatre amis s'étaient alors stoppés devant la tanière des toubibs. Togotan n'avait pas vraiment écouté la suite de la discussion, ne se sentant pas tant concerné par le sort de ce fameux nouvel arrivant. Le molosse avait observé l'antre des soigneurs avec un air curieux. Il ne s'y était que très rarement rendu et au dernier souvenir qu'il en avait en tête, cette dernière lui avait semblé bien plus impressionnante. Désormais, elle s'apparentait à un simple creux dans la roche, recouvert de mousse et de petits arbrisseaux feuillus.

Le gros balourd ne put s'empêcher de se regarder de haut en bas puis de regarder à nouveau la grotte. Il pencha la tête sur le côté, perplexe. "J'ai tant grandi que ça ?" Puis, apercevant Nahama du coin de l'oeil, son esprit vagabond se refocalisa sur la situation. Il secoua à nouveau la tête et retourna vers ses trois camarades, se mettant dos à la caverne :

- Nsiese, allons-y. Vous aurez le temps de bavarder pendant que les toubibs s'occuperont de toi.

Et au même moment, l'un des concernés s'avança vers le petit groupe. C'était un assez petit mâle à la crinière ondulée et au pelage caramel.

- Besoin de quelque chose, les jeunes ? Si ce n'est pas le cas, éloignez-vous. Nos patients ont besoin de calme. lança-t-il d'un air sévère, visiblement dérangé par la présence de nos quatre amis.

Il balaya le petit groupe du regard et s'attarda un instant sur le pelage flamboyant de Nahama. Étant donné que les deux autres femelles étaient plongées dans leur discussion -et que ces dernières avaient probablement remarqué sa présence autant que Togo, c'est à dire pas du tout vu qu'il avait sa grosse masse corporelle devant lui-, il fixa la rouge avec insistance, attendant une réponse dont il s'impatientait déjà.

HRP :