Le lendemain de l'arrivée de Theluji au sein des Msafara, les esprits échauffés par toute cette agitation se mettent déjà à l'action. Deux groupes d'exploration se forment : celui de Ienzo, Jiwa et Thulrur, ainsi que celui de Mu'Awiya, Nihahsah et Cerys. Ils partent chacun de leur côté, prêts à se sortir de ce mauvais pas.

Alors que le premier groupe est toujours dans la forêt, le second revient au Repos avec, semble-t-il, d'intéressantes nouvelles...

Comme promis, grâce à votre jeu, l'intrigue se poursuit !

Ce Rp se déroule le lendemain de "Une de perdue, un de retrouvé", directement après "Du mauve dans la brume" et en même temps que "En quête d'eau". Le groupe vient tout juste de revenir au Repos après son exploration.

Mu'Awiya a l'air d'aller bien, même si sa langue reste enflée. A part ce symptôme persistant, rien d'autre n'est survenu après sa morsure de serpent.

Mu'Awiya répondra le premier. Ensuite, même système que pour les premiers minévents : c'est un Rp groupé sans ordre de passage défini. Comme pour avant, ce Rp sera susceptible d'avoir un grand impact sur la suite des événements, selon ce que vos personnages décideront~

Nous invitons donc très fortement tout le monde à y participer ! A savoir que Ienzo, Jiwa et Thulrur ne sont pas présents au retour du groupe et ne peuvent donc pas participer. Mu'Awiya, Nihahsah, Cerys, Naifu et Theluji sont par contre bien là, comme tout le reste des PNJ Msafara, et c'est le moment pour eux de faire entendre leur voix ! Si vous vous sentez bloqués, le Destin interviendra pour vous éviter de tourner en rond - mais comme vous vous êtes très bien débrouillés seuls pour le précédent Rp, nous vous laisserons en roue libre si tout va bien !

Mu'Awiya n'était pas peu fier de leur trouvaille, quand bien même cela soit du fait de Cerys et non de ses capacités. Si sa langue restait toujours enflée dans sa gueule, le mâle tâchait de ne pas y penser alors qu'il s'approchait, accompagné par Nihahsah et Cerys, du Repos.

Arrivant enfin proche du repère des lions Msafaras - et ceux qui s'étaient greffer en route -, il les appela à une assemblée dans un rugissement rauque et profond, court, arrondi. Se tenant droit sur une bute qui lui servirait de promontoire, il répéta ce même son deux, trois fois, de sorte que tous les lions aux alentours puissent comprendre qu'ils étaient conviés.
Il attendit en suite de voir un rassemblement se faire, observant chacun des visages et s'il ne voyait pas Jiwa, il se réjouit de ne point trouver Ienzo et Thulrur non plus. Ces deux plaies n'allaient, pour une fois, pas pouvoir lui mettre des bâtons dans les pattes.

« Mes amis, Msafara ! » Commença-t-il. Perché sur sa bute - qui en réalité n'était pas très élevée -, droit sur ses quatre pattes, son regard parcouru la quinzaine de lions présents. « C'est le cœur empli de joie que j'annonce notre retour, Cerys et Nihahsah m'ont accompagnées dans une quête qui ne fut pas sans difficulté. » Il glissa un regard aux deux femelles, puis poursuivit : « Toutes deux ont trouvé l'impensable... De l'eau ! »

Il marqua une nouvelle pause, laissant, s'il y en avait, les murmures se taire. Après tout, cette eau n'était pas facile d'accès et il se devait de prévenir le clan, en plus d'instaurer de nouvelles règles qui trottaient dans son crâne depuis un moment déjà.

« Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Cette eau se trouve sur une Lande couverte de ronces et de serpents... Aussi, j'en interdit l'accès à tout lion seul. Pour y aller, il faudra que vous vous trouviez être au minimum deux, les adolescents et les lionceaux ne pourront pas y aller sans être accompagné de deux adultes. Un aigle géant dont les ailes ont recouverts le ciel a bien faillit nous attaquer et s'il ne l'a pas fait, nous ignorons toujours s'il compte faire de nous ses proies. » Il observa chacune des réactions, attendant de voir si ses mesures allaient contrariées ou non, se doutant bien évidemment que tous ne serait pas en accord avec. « De plus, à partir de maintenant, comme les environs ne sont pas sûrs, des tours de gardes vont être organisés. Je superviserais la création d'un groupe de Sentinelles chargées de cette tâche. Que tous ceux qui sont volontaires me rejoignent tout à l'heure à notre ancien point d'eau... De même, pour ce qui est de la chasse, je nommerais un Chef de chasse qui se chargera de la création et du contrôle de groupes de chasse. » Et il tut sa dernière innovation, préférant attendre avant de l'avouer publiquement. De même, il ne mentionna pas sa blessure à la langue, après tout, il ne préférait pas être vu comme le lion stupide qui avait mordu la tête d'un animal venimeux.

Cerys trottinait gaiement aux côtés de Mu'Awiya et Nihahsah. La petite lionne n'était pas peu fière que sa première exploration soit ainsi couronnée de succès, et plus encore d'avoir pris une part active dans la découverte du nouveau point d'eau. Ho certes, il ne s'agissait pas d'un lac, ni même d'une petite marre, juste un mince filet d'eau fraiche et limpide, mais c'était déjà un bon début. Au moins la troupe pourrait enfin se désaltérer sans craindre la maladie.

Lorsque l'assemblée des Msafaras fut enfin au complet - ou du moins presque, car les explorateurs de la forêt manquaient encore à l'appel au grand regret de l'adolescente - Mu'Awiya annonça la bonne nouvelle à la troupe, ainsi que les mesures de sécurité qui entouraient l'accès à l'eau. "Deux adultes ..." pensa sombrement la petite lionne. Voilà qui n'allait pas l'aider à faciliter ses déplacements, mais pour avoir elle-même vu l'ombre du rapace planer au-dessus de la lande, elle devait bien admettre que cette précaution n'était pas superflue.

Vient ensuite l'annonce de la formation d'un groupe de chasseurs et de sentinelles. Parfait ! Les choses commençaient enfin à bouger au sein de la troupe et surtout à s'organiser. Cerys éprouva tout de suite une préférence pour les sentinelles. La chasse n'était pas son fort, et faute de voir un groupe d'explorateurs se former pour le moment, les sentinelles seraient très bien pour elle. Une question trottait néanmoins dans la tête de la petite :

- Les adolescents sont-ils autorisés à intégrer le bataillon des sentinelles et le groupe de chasse ?

Il était hors de question d'être mise à l'écart alors que la vie du clan commençait à s'organiser. Cependant, suite à ce qui était arrivé à Nsiese et Theluji, il y avait fort à parier que les adolescents ne seraient pas laissés sans surveillance ...

La nuit avait été surprenament agréable. S'étant effondré de fatigue la veille suite à ses blessures et sa partie de chasse improvisée avec Ienzo, le jeune lion avait sombré rapidement dans un sommeil de plomb. Ça lui avait fait un bien fou et, à défaut de soigner sa patte cassée, ça avait eut le mérite de recharger ses batteries. Se réveillant comme une fleur alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, le jeune aventureux avait exploré rapidement les environs pour se familiariser avec l'endroit. Ce fut chose rapide car tout se ressemblait ici, à son grand damne.
Alors qu'il cherchait quelque chose à faire, un long rugissement rauque arriva à ses oreilles. Il se répéta plusieurs fois et Theluji vit que les lions se rassemblaient en un petit attroupement. Suivant la chose, il se fondit dans la masse des curieux.

Au centre de l'assemblée se tenait fièrement celui que Theluji avait apparenté au chef de ce groupe de malheureux nomades accompagné de la petite lionne qu'il avait vu la veille et d'une femelle inconnue. S'asseyant docilement sur le sol, le jeune se mit à écouter ce qu'avait à dire le colosse.
Sa première impression fut, outre la joie à l'idée d'avoir trouvé de l'eau, un étonnement simple et total. S'il comprenait -sans l'accepter pour autant- pourquoi il refusait l'accès à tout lion seul, il ne comprenait en revanche pas pourquoi il n'annonçait pas un départ imminant vers le lieu où se trouvait l'eau potable. Était-ce du au fait que des lions manquaient à l'appel et qu'il voulait les attendre ? Ou bien voulait-il garder l'emplacement de l'eau pour lui seul ?
Quoiqu'il en fut, le jeune garda pour lui ses impressions, se disant qu'un étranger tel que lui n'avait en soit pas son mot à dire dans les affaires de ce clan.

Malgré tout, il ne pu s'empêcher de froncer le museau sous l'annonce de la créations des sentinelles et d'un groupe de chasse. Il n'aimait pas ça. Ou plutôt, il n'aimait pas se sentir contraint de faire quelque chose par une force extérieure. S'il n'avait aucun problème à suivre les ordres à la lettre venant d'êtres qu'il respectait et estimait, c'était en revanche une autre histoire en ce qui concernait les inconnus. Et pour le moment, Mu'awiya était pour lui un inconnu. Pire : un inconnu qui lui avait fait miroiter des soins qui n'existaient pas. Il n'était donc clairement pas enclin à suivre ses préceptes mais, encore une fois, il se tut, préférant ne pas faire de vagues.

La petite lionne prit la parole à la suite du colosse, visiblement très intéressée par le groupe milicien que venait d'annoncer le grand lion. Theluji ne put alors plus se retenir et, avec milles précautions dans sa tournure de phrase, il demanda finalement, à la suite de la petite au pelage d'or.

- Si vous avez trouvé de l'eau, amener le clan à cet endroit le plus rapidement possible ne serait-il pas la chose la plus sûre à faire ?

« Les adolescents sont-ils autorisés à intégrer le bataillon des sentinelles et le groupe de chasse ? » Et comme l'avait pressenti Mu'Awiya, les questions ne tardèrent pas. Celle-ci venait de la jeune Cerys, la lionne dorée qui avait aidé à trouver cette eau si précieuse dont il vantait les mérites, plus tôt. Il posa son regard sur elle, l'air songeur un instant alors qu'une brève réflexion s'entama en son esprit.
Il n'eut pas vraiment le temps de lui répondre qu'un autre adolescent se permit de prendre la parole. Posant une nouvelle fois les yeux sur le lion blanc, nouvellement venu, il l'écouta jusqu'au bout.

« Si vous avez trouvé de l'eau, amener le clan à cet endroit le plus rapidement possible ne serait-il pas la chose la plus sûre à faire ? » Il retint un sourire amusé face à ses interrogations, se contentant d'une expression impassible, le regard impénétrable. Il s'avança d'un pas vers lui, plus dans l'objectif de s'adresser directement à Theluji plutôt que de l'intimidé.

« Cela serait certainement sûr, oui, si l'endroit n'était pas recouvert de ronces, difficilement praticable, peuplé de serpents dont ont ignore tout et d'aigle géant qui ont bien tenté de prendre en chasse une jeune adolescente. Comme je l'ai dit précédemment, de nombreux danger nous guette à cet endroit, c'est pour cela que j'établis ces règles de sécurité et que nous restons ici tant que nous ne trouvons pas de territoire plus sûr... Ne t'en fais pas, Nihahsah, Cerys et moi-même vous montrerons le chemin de l'eau. » Dit-il sur un ton calme et doux, bien différents des gammes agressives, autoritaires et froides qu'il pouvait user. Il ne voyait pas le petit comme une menace, seulement comme un enfant.

enfin, il se tourna vers Cerys qui, la pauvre, attendait réponse à sa question.

« Quant à toi... C'est une question délicate, Cerys. Je m’entretiendrais avec les volontaires pour voir ce qu'il est possible de mettre en place. Mais, je ne veux pas te faire de faux espoirs, il y a peu de chance que les adolescents puissent avoir le même rôle qu'une Sentinelles adultes, vous être trop précieux pour que l'on puisse mettre votre vie en danger. » Il s'agissait de l'avenir du clan après tout. Avenir qu'il avait manquer de compromettre, précédemment mais eh... Mu'Awiya avait la mémoire courte. Ou plutôt, pensait-il que le clan l'avait. « Mais ton enthousiasme est appréciable. »

Dans son élan de leadership, Mu'Awiya semble s'éparpiller et vouloir se sédentariser un peu trop vite. Deux décisions sont donc prises en même temps :

1) Celle de rester au Repos et de ne pas s'établir sur la Lande.
C'était sans doute la décision la plus sensible de la journée, et la plus difficile à prendre. Mais Mu'Awiya a fait son choix : il donne donc l'ordre aux Msafara de rester à Kupumzika et de renoncer à la nouvelle étape qui leur était présentée. Vos personnages ont le droit de contester cet ordre, et même de ne pas s'y soumettre. Après tout, avec toutes les restrictions mises en place par Mu'Awiya concernant la Lande, il vous sera impossible d'aller y boire régulièrement et la ressource d'eau principale du clan restera la mare boueuse du Repos, avec tout ce que cela implique... Et c'est sans parler de la proximité du brouillard et de ce qui s'y cache.

2) Celle d'établir des Sentinelles et des Groupes de Chasse.
Encore une fois, vos personnages ont le droit de ne pas s'intéresser à cette requête. Avoir un rôle défini dans un clan si peu soudé et non sédentaire risque de les épuiser plus que nécessaire et de grandement impacter leurs chances de survie. Attention : cela concerne aussi les PNJ Msafara. Vous êtes très peu nombreux et en refusant l'aide des adolescents pour les ménager, Mu'Awiya devra se contenter de la dizaine d'adultes qui lui reste. En supposant que tous ces adultes acceptent ces rôles.
Le surmenage est une valeur à prendre en compte, ainsi que la répercussion d'un groupe de chasse sur vos ressources en gibier très limitées.

Voici les conséquences qu'ont, pour l'instant, les décisions de Mu'Awiya ! Mu'Awiya n'étant pas ouvertement contesté dans ce Rp, nous supposons que les PNJ ne le contestent pas non plus et c'est bien dans cette optique que les Msafara se dirigent. Vos personnages peuvent néanmoins toujours donner leur avis - un retournement de situation est encore possible; et vous avez également le droit de vous considérer en électrons libres. Auquel cas, le Destin reviendra vers vous pour vous faire part individuellement de l'impact de vos décisions personnelles.

Elle soupire, Nihahsah. Ils se rapprochent du Repos, de la « maison » — une baraque qui n'a de refuge que le nom. Ses sens sont usés. Ses lèvres ont de minuscules marques de crocs ; c'est parce qu'elle les a mordillé, mâché, bouffé. Elle a eu peur que les choses déraillent en chemin. Ouais. Elle a flippé, Nihahsah. Elle a balisé à l'idée de ne pas pouvoir leur dire, les prévenir. Les autres. Ceux en qui elle a un semblant de confiance.

Confiance, vraiment ? Non, probablement pas ; pas déjà, ce n'est pas elle. Ce n'est pas Nihahsah, de se fier à quelqu'un aveuglément. Plus maintenant. Pendant sa jeunesse, sûrement, mais il y a eu la honte entre-temps. Celle d'avoir été salement abusée par des sourires, par une fausse désinvolture qui cachait une espèce de monstre égocentrique. Un cas auquel la lionne lance un regard morne. Elle va pouvoir le fuir à nouveau. Ouais. Elle a envie de presser le pas, là. Maintenant. Sauf que ce n'est pas mature, que ce n'est pas un comportement de « grande fille ». Surtout qu'il va dire des conneries.

Il n'a que ça à la bouche, des conneries.

Il s'assied sur son piédestal, ô roi d'une Saba pauvre. Elle, Nihahsah, ne voit qu'une couronne d'épines sur son crâne. Pas d'or, pas de belles pierres. Seulement les ronces de la Lande. S'il faut, d'ailleurs, elle ira les chercher du bout des doigts pour lui tresser la plus vilaine des tiares. Elle pose son propre séant dans la poussière, là où commence déjà à s'agglutiner le peuple. Elle n'a d'yeux que pour lui, Nihahsah. Des yeux sombres où s'entassent de sales desseins. Un jour, quelqu'un lui fera bouffer son arrogance. Elle n'a qu'à prendre son mal en patience.

Il commence à parler. Elle hausse un sourcil narquois lorsqu'il décide soudain de les mettre en avant, elles. Un rire nasal menace de s'enfuir. Nihahsah le chasse. Elle essaie de préserver un air neutre. Il ne faudrait pas que le monde ait une idée de son mépris pour le leader — avoir Thulrur dans la confidence est suffisant pour le moment. Elle plisse les cils lorsqu'il évoque les nouvelles mesures. Il se fiche d'eux ? Deux adultes pour un môme ?! Il les prend pour des nourrices ? Comme s'ils n'avaient que ça à foutre de leurs journées ! Un grognement désapprobateur résonne dans sa gorge. Elle le foudroie de l'œil. Des rondes ?! Ouah ! Il a trouvé l'idée seul ou il a pompé sur des lions qui, eux, peuvent s'enorgueillir d'avoir réellement le sens des priorités.

Elle observe les échanges, n'intervient pas. Elle a envie de tourner le dos, de filer à l'anglaise avant que ce groupe-là ne s'effondre sur lui-même ; parce que ça va arriver. Surtout avec un leader pareil. Elle cherche Thulrur — ou même les camarades qui l'accompagnent souvent — d'un regard circulaire. Lui saurait quoi dire, quoi faire. Elle n'a pas eu besoin de plus qu'un soir pour comprendre qu'il serait une valeur sûre pour l'avenir. Finalement, à force d'absurdités lâchées sans savoir, Nihahsah explose. Enfin... Au-dedans. Au-dehors, il y a encore un relatif contrôle sur ses émotions.

- Alors quoi ? On va rester là ? Alors qu'on a apparemment des ennemis cachés dans la brume ? Tu l'as vu comme moi, non ? La brume s'est levée, dans la Lande ! Elle nous a donné une vue dégagée ! Oui, il y a des ronces. Oui, il y a des serpents. Mais sûrement pas partout ! Il y a forcément des zones dégagées, des zones qui seraient protégées (Elle lui crache presque le mot à la tronche.) par ces petites épines que tu sembles craindre si fort. Les lions de la brume seraient forcément ralentis par elles. Peut-être même découragés ! En plus, un rapace aussi imposant ne resterait pas dans un habitat où il n'a pas de proies à chasser. Tu vas me faire croire qu'il se fait du serpent à tous les repas ? Ça aussi, tu l'as vu ! Ils ne sont sûrement pas comestibles avec ce liquide affreux qui sort de leurs plaies. Il y a forcément quelque chose après. Et il n'y a rien ici. Rien. La famine va finir par nous guetter, si l'épuisement ne nous a pas terrassé avant.

Elle reprend son souffle, hors d'haleine. Sa voix résonne un peu, comme un écho dans la brume, puis meurt. Elle a la hargne chevillée au corps mais la journée n'a pas forcément été facile. Elle embrasse l'assemblée des yeux. Elle espère y trouver du soutien, du courage. Ses prunelles s'arrêtent sur Cerys.

- Et je rejoins Kosa. On ne peut pas se permettre d'écarter les jeunes. Ils doivent être formés. Il n'est pas question que je me saigne aux quatre veines pendant qu'ils batifolent. En plus, c'est Cerys qui a trouvé l'eau. Pas moi, pas toi. Elle a des connaissances qui nous font défaut. On sait tous des choses que les autres ignorent. Tout le monde doit s'y mettre.

Elle a le dos bien droit, Nihahsah. Assise comme une reine, dressée comme un pilier de marbre. Elle prendra les coups s'il le faut pour ne pas mourir bêtement pour des choix imbéciles.

[HRP : Je me permets d'utiliser le prénom de Kosa puisque je pars du principe qu'elles sont nées dans le même clan et que, par conséquent, il y a de grandes chances pour que les deux lionnes se connaissent — au moins de nom, sinon de vue.]

Mu'Awiya connaissait cette émotion, il en était coutumier, mais jamais il ne l'avait ressenti à l'égard de sa seule et unique amie. Son regard, sombre, se posa sur elle alors qu'elle parla et chacun de ses mots fut l'effet d'herbe sèche que l'ont jette sur un incendie. il retint un grondement sourd dans sa gorge, ne souhaitant pas laisser paraître sa rage en dehors de ses yeux orangés.
Et puis, Nihasah se tut et les propos s’enchaînèrent avant qu'il ne puisse répondre à la lionne qui avait osé le défier... Et a bien y repenser, il l'avait peut-être déjà sentit, cette émotion qui lui brûlait la gorge, avec elle. Ouais, il s'en souvenait maintenant.

« Cette eau elle appartient peut-être déjà à quelqu'un d'autre, peut-être même qu'elle appartient aux lions de la brume... » Avança un petit rouquin qui se démarqua de la foule. Le mâle ne posa pas le regard sur lui mais il reconnu cette voix et ce ton si calme et, intérieurement, il félicita l'enfant pour sa clairvoyance. Tout le monde autours semblait avoir perdu la tête.

Dès qu'il eut finit, Mu'Awiya ne tint plus. Il poussa un grondement puissant et bondit en avant, frachissant la distance qui le séparait de la femelle qu'il n'avait pas lâcher des yeux. Que fallait-il pour qu'elle le respecte et le soutienne comme il était de son devoir de le faire ? Qu'il lui apprenne le respect ?!

« Cet enfant a plus de jugeote que toi, Nihahsah... » Souffla Mu'Awiya, bien plus proche du visage de la femelle qu'il ne l'aurait dû. « Je ne veux pas prendre de décision qui nous précipiterait au devant de la mort... Si l'on veut s'installer sur la Lande, il faudra d'abord que nous en connaissions toutes les subtilités. L'as-tu parcouru de long en large ? Sais-tu si d'autres lions y vivent ? » N'attendant pas de réponse, il poursuivit : « tu veux que l'on traite les adolescents comme des adultes ? Sais-tu ce qui est arriver à la dernière petite lionne que j'ai traiter de la sorte ? Je ne veux plus perdre personne ! » Sa voix vibrait d'émotion et l'on put presque croire qu'il s'agissait de peine... Mais Nihahsah devait le connaître, elle devait savoir qu'il ne faisait qu'interpréter sa frustration comme de la tristesse.
Il se pencha prêt de son oreille, sa voix grouillante de menace sous-jacentes. « Je te pensais mon amie. » Murmura-t-il de sorte que seule la lionne puisse l'entendre.
Puis, il se tourna vers l'assemblée, son regard n'avait plus rien de calme, si la rage s'était calmée, il se montra soudainement froid. Il ne souhaitait pas être remis en question, les membres de son clan auraient bientôt besoin d'un exemple probant... Mais pour l'heure, il fallait se contenter de paroles.

« Nous n'irons pas sur la Lande, se précipiter serait une erreur. » Commença-t-il, catégorique. Si qui que ce soit se permettait de le contredire encore une fois, sans aucun doute, il perdrait patience. « Quant à ton idée, Kosa, je me permets de te demander de venir m'en parler tout à l'heure, lorsque je discuterais avec les volontaires de ce qui est envisageable. »

Ce lion était complètement taré. Ou tout du moins, inapte au rôle de chef que ce clan de fortune lui avait donné. Si Theluji avait suivit tout ces échanges avec intérêt, c'était en revanche les réactions de Mu'Awiya qui le choquaient ; ou plutôt, sa réaction fureur furieuse lorsque la lionne avait osé le défier. Durant une fraction de seconde, l'aventurier avait pensé qu'il allait lui arracher la tête.
Quoiqu'il en fut, le jeune était tout à fait d'accord avec la dénommée Nihahsah. À ses oreilles, elle était la voix de la raison et, quelque part, elle avait l'étoffe des grandes reines de son clan originel. En elle il retrouvait des caractéristiques qu'il appréciait et qui lui étaient familière. Se levant finalement, il alla se ranger à la ses côtés pour lui montrer son soutient.
La réponse que lui avait fournie le grand lion ne l'avait absolument pas satisfait et il n'en croyait pas un mot. En revanche, le discours de la femelle était bien plus dans sa ligne de pensée.

Prenant une inspiration et ne sachant lui-même pas trop ce qu'il faisait, il laissa son instinct le guider. Il devait parler, il fallait qu'il parle : il en avait un besoin viscéral et puissant. Tampis s'il se mettait le grand patron à dos de toutes façons, il ne comptait pas rester ici, surtout si ce clan continuait à désirer rester sur ce lieu mort.
Il s'avença un peu pour se mettre à hauteur de Nihahsah puis il prit la parole d'un ton calme et posé.

Tout comme l'a dit madame, ce clan et tout ses membres vont mourir si l'on reste ici. Perso, je ne veux pas mourir et je suis pour aller vers ce point d'eau malgré les dangers. Alors pourquoi ne pas cinder en deux les effectifs ? Ceux qui désirent aller vers cette eau iront et ceux qui préfèrent rester ici, resteront. Ça serait un bon compromis pour tous, non ?

Il marqua une pose puis, emporté par son élan, il se leva pour mieux aranguer la foule, s'adressant alors bien plus à elle qu'au chef des M'safara. Le tout en faisant attention à sa patte blessée qu'il se força un peu à poser au sol, juste pour l'effet.

Et puis, vous parliez des dangers auxquels nous devont faire face. Vous nous dites que c'est mieux de les éviter et de les fuir ?
Sommes-nous des gazelles ?
De pauvres lièvres terrifiés préférant rester dans leurs terriers ?
Depuis quand avez-vous tronqués vos griffes et vos crocs contre des sabots ?
Nous sommes des lions que diable ! Agissons comme tels !

Sa queue s'était mise à battre l'air, son ton s'était fait plus galvanisant et sûr de lui au fils de ses paroles.
Et merde.
Il en avait trop fait.

« Et puis, vous parliez des dangers auxquels nous devont faire face. Vous nous dites que c'est mieux de les éviter et de les fuir ?
Sommes-nous des gazelles ?
De pauvres lièvres terrifiés préférant rester dans leurs terriers ?
Depuis quand avez-vous tronqués vos griffes et vos crocs contre des sabots ?
Nous sommes des lions que diable ! Agissons comme tels ! » La voix du jeune lion résonna dans la tête de Mu'Awiya comme une cloche. Il écarquilla un instant les yeux, surpris, mais surtout fou de rage. Il ne supportait pas qu'on ose le contredire, qu'on ne prenne pas le temps de comprendre. Il pensait être le seul garant de la raison et toutes les paroles du lion blanc, il les prit comme des attaques.
Doucement, avec une lenteur abominable, il posa les yeux sur lui, froid, sombre. Il se contenait, oui. Il faisait tous les efforts du monde pour ne pas céder à ses pulsions meurtrières. Lui qui était si lunatique n'avait qu'un envie.

« Ne pourrions-nous pas tout simplement vérifier la présence d'empreintes ou d'odeurs étrangères, lorsque Mu'Awiya et son groupe d'exploration nous montrerons le chemin de l'eau ? Pour évaluer le degré de dangerosité du lieu ? » La voix de Kosa eut le mérite de l'empêcher de bondir sur Theluji. Il redressa la tête, se tournant vers la lionne. Elle avait raison, il s'agissait là de la solution la plus sage. Mais ce n'était pas comme s'il avait dors et déjà expliquer ce qu'il comptait faire. Par deux fois il avait annoncer au clan qu'ils ne resteraient pas ici à jamais, par deux fois il avait clamer haut et fort qu'il quitterait le Repos dès qu'ils trouveraient meilleurs endroit. Il comptait l'explorer, cette Lande, il comptait chercher un endroit calme à l'intérieur.
Mais si personne ne me laisse ma chance, alors...

Il poussa un rugissement de rage. Nihahsah l'avait peut-être perçu, le feu qui brûlait en lui derrière son attitude lente et calme. A présent, il explosait.
Mu'Awiya bondit, descendant de son promontoire de fortune pour atterrir lourdement devant la foule. Il se redressa, bomba le poitrail et s'avança entre les lions. Celui qu'il fixait, c'était Theluji.

« Kosa, tu as parfaitement raison, voilà un idée qui me plaît. » Avait-il annoncé, un léger sourire aux lèvres. Mon idée, oui... Sa démarche était assez évocatrice sans qu'il eut besoin d'en plus froncé le museau : il se déplaçait comme un chasseur en dépit de son attitude fière. Lentement, il s'approcha de l'adolescent.
Sa patience arrivait à son terme.

« Tu veux t'en aller, petit ? » Avait-il commencé, n'écoutant plus le peu de raison qui l'habitait. « Tu pense avoir le courage, la force d'être un chef ? Cela ne suffit pas, tu n'es qu'un enfant, une mauviette. Tu ne sais rien de la prudence, de la vaillance, de l'amour... Rien ! » Ce dernier mot avait été rugit alors qu'un petit bond lui permit d'arriver juste devant l'adolescent. La promiscuité voulue n'était pas suffisante et il s'approcha encore, plongeant son regard dans le sien.
Puis, il se mit à tourner autours de lui, sans le lâcher des yeux.

« Mais viens, alors. Tu pense pouvoir affronter les aigles, les brumeux ? Alors viens ! Je t'attends... » Gronda-t-il. « Bats toi ! Prouve leurs à tous, ici, que tu seras capable de les défendre... Prouve leurs qu'aucun lion, qu'aucun serpent ne pourra leurs faire du mal ! Sacrifie toi pour tes idées, bats toi pour ce que tu juges le mieux. Ou alors ! Ou alors meurs, meurs les griffes sorties. Peut-être apprendras-tu que mes décisions sont sans appel, alors... »

Alors que le grand lion posait son regard furibond sur le jeune, alors qu'il s'approchait de lui lentement, Theluji ne bougea pas. Il resta stoïque et droit, soutenant le regard sombre de ses yeux clair. Il n'avait pas à se poser, il n'avait pas à courber l'échine : ce mâle n'était pas son chef et il ne le serait jamais. Ainsi, partant de là, il refusait de baisser le museau même si ce genre de comportement le mènerait assurément droit dans des emmerdes monstrueuses. L'avantage, c'était qu'il en avait conscience. Il savait qu'il avait provoquer le leader et il fallait assumer.
Alors il assumerait.

Ignorant la voix de Kosa et ses paroles douces, toute son attention était rivée sur Mu'Awiya. Chaque fibre de son corps venait de se tendre comme la corde d'un arc et, à tout instant, il était pret à bondir. Non pas pour l'attaquer, il savait qu'il n'avait pas une chance surtout avec sa patte mal en point, mais plus pour esquiver. Des combats, il en avait fait, ça avait fait partie de son entraînement spartiate et il avait bien vite compris que l'esquive et l'art de la fuite au bon moment étaient parfois bien plus puissants et payants que la force brute.
Par réflexe, en voyant l'attitude du lion se muer en position de chasse, le jeune sortit ses griffes, campant sa position fermement tout en herissant quelque peu le poils de son dos, ses muscles tendu. Il en fut à un point qu'il posa sa patte blessée au sol, prenant légèrement appuit sur elle pour bien signifier qu'il ne se laisserait pas faire.
Il ne baisserait pas les yeux.
Il ne se rendrait pas.
Jamais.
Il laissa le mâle lui vomir sa colère avant de lui répondre du tac-au-tac, sans même sourciller :

Je me fiche bien d'être chef et je ne veux pas d'un tel fardeau. Je veux juste survivre.

Observant le guerrier, le jeune se mit alors à bouger. Lentement, ses gestes trahissant une certaine expérience malgré son jeune âge, il se mit à décrire des cercles avec l'alpha, entrant dans sa danse. Il ne le laisserait pas prendre l'avantage car, si ça arrivait, il ne donnait pas cher de sa peau. Sa patte lui faisait mal dès qu'il la posait au sol mais il n'en montra rien. Pourtant, la douleur l'irradiait bien mais il refusait de flancher.
Sa bouille encore juvénile avait revêtue un masque sérieux presque dérangeant. Et puis, alors que le mâle reprenait la parole, son masque se modifia pour aborder un air léger de sincère surprise.

Tu n'es ni un aigle, ni un brumeux et en cela, je ne peux pas me battre contre toi. Qui plus est, que penseront tes gens en voyant que tu t'en prends à "un enfant, une mauviette"? Sans parler du fait que je suis en plus blessé ?

Theluji avait délibérément reprit les paroles du chef, les accentuant un peu en les répétant pour bien mettre l'accent dessus. Cependant, malgré son insolence, il n'avait vraiment pas envie de se battre contre le grand tigré. Malgré tout, s'il n'engagerait pas le combat, il n'aurait aucun scrupule à se défendre. Ainsi, il continurait à décrire ses cercles lents jusqu'à ce qu'il soit sur que le mâle ne l'attaquerait pas. Ou, à contrario, jusqu'à ce que ce soit le cas...

Theluji était resté sur ses gardes jusqu'à ce que Mu'Awiya se détourne enfin de lui suite aux paroles apaisantes d'un lion brun. L'adolescent se détendit un peu plus et il ramena sa patte contre son torse en grimaçant un peu ; la douleur lui offrait un vilain retour de bâton.
Il écouta d'un oreille les paroles du lion brun mais il n'y avait rien à faire car sa décision était déjà prise : il irait à la recherche de cette eau. Même s'il était seul, même s'il était blessé, il le ferait. Après tout, ce clan qui n'avait de clan que le nom, ne pourrait pas l'aider plus que ça. Et puis, il ne comptait pas rester plus que de raison sur cette terre morte. Après tout, il avait déjà survécu 3 mois seul, il pouvait continuer.

Se détournant à son tour de Mu'Awiya, il ignora simplement ses propos à son encontre. Ce mâle venait de perdre le peu de crédibilité que le jeune lui avait donné la veille, il n'avait pas envie de gâcher sa salive pour lui. De plus, une chose était claire : il n'était qu'un lion brutal inapte au commandement. Il l'avait parfaitement prouvé tout seul un peu plus tôt. Le jeune crème ne l'écouterait donc pas ; il ferait ce qu'il pensera être bon pour lui et tampis pour cet hystérique colérique.
Ainsi, ce fut l'air digne mais la démarche saccadée qu'il quitta l'attroupement. Après tout, il ne regrettait aucun de ses propos et il était hors de question qu'il fuit la queue entre les jambes. Il n'y avait plus rien à faire ici de toutes façons.
Maintenant, il fallait qu'il mette en marche son plan d'action pour partir d'ici.